Rencontre avec Michaël Latz qui "a traduit le développement durable en actions" !
Correns est le 1er village bio, qu’est-ce que cela signifie ?
La quasi-totalité de ses agriculteurs cultivent selon les principes de l’Agriculture Biologique depuis 1997 soit environ : 80 agriculteurs dont une cave coopérative, trois domaines viticoles ou encore un spécialiste des plantes à parfum aromatique et médicinale qui va créer une distillerie pour les transformer en huiles essentielles.
De plus, depuis cinq ans, la Commune a mis en place une action forte pour le développement de l’éco-construction et de la Haute Qualité Environnementale (Mairie réhabilitée selon cette démarche, conseils gratuits lors des demandes de permis de construire). Elle propose également un repas bio par semaine à la cantine scolaire et souhaite installer un chauffage urbain à partir de plaquettes forestières («chaudière bois-énergie »).
Pourquoi avez-vous choisi de faire du vin bio ?
En 1997, la culture ancestrale de la vigne conduite sur des parcelles morcelées de petite taille et la production atypique de vin blanc en territoire Côtes de Provence, avaient tendance à s’essouffler.
Correns risquait d'abandonner son économie principale (le vin) et donc ses terres agricoles pour devenir un village-dortoir que les jeunes quitteraient. Il fallait donc trouver un moyen d’accroître la valeur de la production locale pour garder nos jeunes.
L’Agriculture Biologique, adaptée aux petites surfaces, est apparue comme la solution. En tant que maire mais aussi vigneron et ingénieur agronome, j'ai réussi à convaincre les autres vignerons de tout mettre en oeuvre pour que les terres de Correns soient cultivées selon cette saine pratique.
Les jeunes sont restés au village qui compte aujourd’hui près de 800 habitants (675 habitants en 1999), certains sont devenus vignerons comme leurs pères et grands-pères ce qui a permis de sauvegarder la « morphologie » de Correns sans devoir le céder aux promoteurs immobiliers.
Tous sont fiers de participer à la protection des sols et de l’eau, au maintien de la faune et de la flore dans un esprit éco-citoyen.
Environ 95% des surfaces agricoles sont biologiques soit près de 250 hectares.
A Correns il n’y a pas que le vin qui soit bio, quels sont les autres domaines concernés par cette démarche «éco-citoyenne» ?
Dès mon élection en 1995, mon équipe et moi avons apporté un soutien sans faille aux agriculteurs biologiques et avons décidé d’aller plus loin notamment en se tournant vers la démarche de la Haute Qualité Environnementale pour réhabiliter les locaux de la mairie. Les conseils d’un ingénieur spécialisé dans ce domaine et plus spécialement dans les énergies renouvelables sont proposés gratuitement aux personnes déposant un permis de construire.
La cantine scolaire municipale sert un repas bio par semaine, les enfants connaissent la spécificité de leur village, ils sont incollables sur les vertus d’une alimentation biologique et sont engagés avec la directrice de l’école dans un écoprojet (axé sur le compostage et le jardinage biologique).
En tant qu’élu local, quel avenir voyez-vous pour le bio ?
Je pense que la France a un retard très important en agriculture bio. Les politiques locales couplées à une vraie volonté nationale pourront vaincre les inerties et les réticences de la profession agricole et des lobbies des firmes de l’agrochimie.
Qu’est-ce cela fait d’être le maire du 1er village bio ?
Un homme heureux qui avec son équipe à l’impression d’apporter sa contribution pour faire en sorte que le monde soit plus raisonnable en termes d’environnement.
D'autres infos sur : www.correns.fr