Les petits ruisseaux font les grandes rivières, c’est bien connu. Il en va de même avec le crowdfunding : si 100 internautes donnent 10 euros, ça fait 1000 euros. Il n’en faut pas plus pour financer le lancement d’une collection de vêtements bio pour enfants (800 euros demandés), parrainer un animal en lui offrant le foin de cet hiver (500 euros demandés) ou aider deux écolo globe-trotteurs à partir protéger l’aigle des Carpates (1000 euros demandés).
Le crowdfunding, ou financement communautaire, est né au Etats-Unis et a pris son envol à la fin de la décennie des années 2000. Le principe est simple : une personne qui a un projet mais pas suffisamment de moyens le présente sur une page d’un site de crowdfunding et propose aux internautes de participer à son financement. Pour chaque montant de don proposé par le porteur de projet, celui-ci prévoit des contreparties. Cela peut aller d’un pot de confiture à des photos, en passant par un diner avec le porteur de projet et tout autre type de souvenir du projet réalisé.
Le phénomène n’a rien à voir avec la production communautaire, du type MyMajorCompagny, qui a pourtant émergé à la même époque. Dans le système de la production communautaire, les internautes attendent un retour sur investissement. Dans le crowdfunding, l’argent versé pour le projet ne sera pas retourné. Par contre, dans la plus part des cas, le financeur a un filet de sécurité : la somme sur laquelle il s’est engagé ne sera versée que si le montant total demandé par le porteur de projet est obtenu ou dépassé.
Pour les porteurs de projet, le crowdfunding est une belle opportunité pour obtenir des financements qu’une institution financière leur refuserait, et qui se révèle de plus sans coûts. Mais le crowdfunding est gagnant-gagnant : les financeurs ont du pouvoir ! Ils se retrouvent en situation d’influencer le marché en permettant à des projets alternatifs de se développer ou de favoriser l’émergence d’un artiste (de très nombreux projets concernent la culture). Et outre les contreparties en nature qu’ils peuvent obtenir, l’intérêt du crowdfunding réside dans le plaisir de participer à la fois à un projet humain et une expérience collective.
Le crowdfunding serait-il donc le meilleur moyen de rendre le marché démocratique ? Il faut rester raisonnable : pour l’instant, le phénomène reste encore assez confidentiel. Parmi les sites français, le pionnier Babeldoor, lancé en janvier 2010 a déjà financé 90 projets, Kiss Kiss Bank Bank, lancé en 2010, affiche 120 projets en cours. Quant à Ulule, petit dernier déjà très connu, créé en octobre 2010, est en cours de financement de 356 projets. Des débuts prometteurs !