Lectrice (lecteur) de FemininBio, vous faites déjà le lien entre les modes de vie et le vivant. Le climat fait partie du vivant et le façonne aussi. Stabiliser le réchauffement en deçà de 2°C, c'est préserver des conditions vivables pour la faune, la flore, les milieux, les êtres humains… où que ce soit sur la planète. Certes, il y aura des changements mais il sera possible de s'adapter selon les échelles. La vie sur Terre s'est toujours adaptée. Le problème est la vitesse. Au-delà de deux degrés, ça s'emballe.
Nos modes de vie du côté du climat
Notre rapport au travail, à la consommation, au temps, à l’espace, à la nature, à la santé… sont autant d'éléments sur lesquels il est possible d'agir. Si l’on ne considère que notre alimentation ou le confort de notre logement représentent à eux seuls 40% des émissions de gaz à effet de serre des Français, il y a de quoi s'interroger. Et là, la palette d’actions est large : des ampoules basse consommation aux équipements domestiques, jusqu'à des aménagements plus conséquents, mais bons à terme pour le portefeuille et l'environnement.
Si ni l'isolation de votre logement, ni la rénovation, ne sont d'actualité, gardez l’idée en tête pour une prochaine occasion : déménagement, changement au sein de la famille ou prochaine réunion de copropriété. Tout le monde ne vivra pas dans des bâtiments à énergie positive, mais du pavillon à l’immeuble haussmannien, les solutions et marges de progression s’échangent.
Autre atout que vous avez en main : réfléchir aux ressources utilisées par l'énergie que vous consommez. Les énergies renouvelables sont l’un des grands enjeux de la COP 21 : quels moyens pour les développer, quels verrous à faire sauter pour leur développement, comment réorienter les investissements toujours plus conséquents dans l’exploration du pétrole vers ces sources propres et durables....
S'abonner à un fournisseur d'électricité qui ne se fournit que sur du renouvelable est un acte fort, à portée de clic et pour autant un signal puissant pour dire qu'il est temps de passer à un système de production d’énergie en phase avec notre temps1. Chiffres et simulation sont déjà sur la table. Un petit effet de masse pour stimuler la bonne décision de ceux qui dessinent le système énergétique, peut aider !
Quid de notre assiette ?
Agir peut aussi commencer avec ce que l’on met dans les assiettes : bio, local, plus léger et moindre gaspillage. On a là le quarté gagnant pour réduire les consommations d’énergie de l’industrie agro-alimentaire, de l’agriculture, du fret… Les jardins partagés sont les premières graines d’une agriculture urbaine, qui ne répondra pas à tous les besoins alimentaires mais peut contribuer à raccourcir les flux logistiques. Plus généralement les circuits courts ont cette vertu.
Cuisiner à la maison une partie de la préparation des repas permet de réduire les consommations d’énergie en amont, car contribue à simplifier la chaîne du froid. Les contenus des assiettes conditionnent l’énergie requise de chaque poste de la "fourche à la fourchette". En novembre dernier, lors de la Conférence environnementale, le Dr Maria P. Neira, directrice du Département Santé publique et environnement à l’Organisation Mondiale de la Santé prônait un lien évident en parlant de l’accord climat comme d’un accord de santé publique !
Côté transports…
Quand il s’agit de se déplacer, la question n’est pas simple. Nos besoins ont incroyablement crû, pour autant on ne se déplace pas pour se déplacer, c’est un moyen et non une fin. Prendre la question dans ce sens permet de voir les différentes options qui s’offrent selon l’endroit où l’on vit, travaille, étudie, passe son temps libre… et de ne pas se braquer sur un débat "pour ou contre" tel ou tel mode de déplacement. Les Français passent une semaine par an dans les transports pour le trajet domicile – travail. Le retour au vélo, à la marche sont des tendances lourdes pour des trajets courts.
De nouveaux usages de la voiture (dont la majorité du temps de vie se passe quand même sur un parking) comme l’autopartage, le co-voiturage, la location entre particuliers renforcent une approche collaborative plus économe en ressources (de la production à la place de garage). Trajet long, court, transports publics, modes doux, avions… les réponses ne sont pas seulement technologiques, il est bien question de modes de vie. Quand avec l’association 4D, nous organisons des ateliers2, nous voyons bien que cela demande des arbitrages difficiles, surtout pour les envies d’horizons lointains. Mais même un voyage en Chine tous les quatre ans vous maintient dans votre budget carbone.
Différents modes de vie, un même objectif
Stabiliser le climat est un enjeu du "bien vivre", où chacun peut trouver sa place, ses équilibres dès lors que le chemin est progressif, selon ses priorités, ses capacités, mais avec honnêteté et persévérance. Il n’y a pas d’opposition entre l'écologie et la qualité de vie, mais il y a des possibilités de recourir à d'autres modes de productions et de consommations. La COP offre l’occasion de parler d’un mode de développement planétaire qui puiserait dans la sagesse du vivant, un nouveau modèle de démocratie et de vie. Le chemin commence dès aujourd’hui.
1 Actuellement Enercoop est le seul fournisseur en France à acheter entièrement et directement son électricité auprès des producteurs d'énergies renouvelables.
2 Ateliers prospectifs, pour imaginer des futurs durables et désirables – les chiffres dans cet article sont extraits du kit des ateliers Our Life 21
L'experte : Vaia Tuuhia est la déléguée générale de l'association 4D. Au quotidien, elle participe au défi des Familles à énergie positive. Elle est curieuse des nouveaux modes de faire (et d’être) collaboratifs.
>> Pour une lecture optimisée, retrouvez cet article dans votre magazine iPad d'avril 2015