Soirée spéciale "Les grands singes et la forêt" sur Ushuaïa TV, le 23 juin prochain à 20h40. ZAMBA, le royaume des bonobos : Christine Oberdorff s’est, cette fois, rendue en République Démocratique du Congo. Au cours de son voyage, elle rencontre Sabrina Krief, vétérinaire, maître de conférence au Muséum National d'Histoire Naturelle qui lui transmet sa passion pour les grands singes. Rencontre.
Partenaire
Christine Oberdoff : Pourquoi vous passionnez-vous pour les grands singes en général ? Qu’avons-nous à apprendre de nos plus proches cousins ? Sabrina Krief : Découvrir la vie et le comportement des grands singes dans leur habitat naturel est tout simplement étonnant. Mon travail de recherche au Muséum national d'Histoire naturelle porte sur l'automédication des grands singes : je les observe afin de comprendre s'ils sélectionnent des plantes pour se soigner. Cette perspective permettra peut-être de mieux comprendre comment est née la médecine chez nos ancêtres. Depuis 12 ans, je travaille en Ouganda avec mon mari photographe, sur les chimpanzés sauvages et nous avons beaucoup appris sur leur santé, les plantes qu'ils consomment et la façon dont ils les utilisent. Nous avons mis à jour des molécules actives sur les cellules cancéreuses ou l'agent du paludisme par exemple. Avec ma collègue Shelly Masi, nous travaillons depuis 3 ans afin de savoir si ces usages sont partagés par d'autres grands singes, les gorilles de plaines de l'Est. Ce travail est passionnant car il permet de mieux comprendre les relations étroites qui unissent les grands singes à la forêt tropicale et de ressentir la fragilité de ces liens. Les chimpanzés que j'étudie consomment plus de 350 parties de plantes ... Qu'adviendra-t-il des chimpanzés, bonobos, gorilles et orangs-outans si nous ne sommes pas capables de freiner la disparition des forêts tropicales qui sont leur unique habitat ?
C.O.Quels souvenirs gardez-vous de votre 1ère rencontre avec les bonobos ? S. K. Une rencontre furtive mais magique qui me remplit d'espoir. Il existe encore des endroits qui sont en dehors des parcs nationaux et des aires protégées officielles où vivent des grands singes en toute liberté. Mais surtout, il existe des hommes qui se battent pour que leur environnement garde ses ressources, ses richesses. Ces hommes rassemblés autour de Jean-Christophe Bokika font un travail incroyable. Je suis heureuse de pouvoir partager ces rencontres !
C.O. Votre projet de malle pédagogique requiert une adhésion des populations locales à commencer par les enfants, pourquoi la « recette » marche ? S.K. Lorsque nous avons fondé notre association Projet pour la Conservation des Grands Singes avec Jean-Michel, mon mari, nous avons voulu restituer un peu des choses incroyables que nous vivons en forêt avec les grands singes. Il fallait des outils empreints de joie et de plaisir qui puissent être utilisés dans toutes les circonstances par les enfants qui vivent près des grands singes mais n'ont souvent pas l'occasion de les voir. Ces jeux sont présentés et utilisés par des animateurs qui connaissent leur région, leur pays, leur système éducatif. Notre objectif est de faire en sorte que les enfants aussi trouvent les grands singes passionnants, qui soient alertés par leur risque imminent de disparition et qu'avec nous, ils se mobilisent pour les défendre. Nous avons déjà une vingtaine de Jeunes Ambassadeurs des Grands Singes, Ougandais et Gabonais qui ont monté des spectacles, écrit des chansons et des poèmes pour sensibiliser leurs camarades.