Pourquoi avoir ressenti le besoin, la nécessité d'écrire "Impliquez-vous" ?
L'envie d'écrire ce livre est née d'une démarche personnelle de changement de vision du monde et de style de vie. Pas à pas, je me suis mis à questionner l'ensemble de mes valeurs, de mes actes, de mes relations, la manière dont j'utilisais mon temps, ma consommation et mon rapport aux objets, mon épargne, mes pensées et discours, ma manière de vivre en comparaison avec les pays en développement... Puis je me suis rendu compte qu'autour de moi les gens étaient bien conscients que la planète ne se portait pas bien, mais ils se retrouvaient souvent face au tourbillon de leur vie quotidienne avec la fameuse question "qu'est-ce je peux faire ?". Une question souvent prononcée d'ailleurs comme une bouteille que l'on jette à la mer... Il m'est alors apparu important que quelqu'un repêche cette bouteille et réponde à la question de manière concrète. Car les solutions existent, et elles sont infinies... contrairement aux ressources !
Mais derrière ces 101 actions (mais aussi 600 organismes et services, et 350 événements engagés) se cache l'idée que chacun peut faire la différence, que nous pouvons tous devenir des héros du quotidien ! Et que si beaucoup s'y mettent, notre société pourra, enfin, devenir plus écologique et plus humaniste. C'est le concept de la chambre noire, où il ne sert à rien de retirer l'obscurité d'une pièce mais simplement d'ouvrir un volet, et l'obscurité est envahie par la lumière et disparaît. Car finalement chacun de nous participe aux maux de la planète. Comme on récolte ce que l'on sème, à nous de changer de semences...
Trouvez-vous qu'en France ou en Europe la société civile soit importante ?
La France compte aujourd'hui 1 million d'associations tous secteurs confondus pour 14 millions de bénévoles (94 millions en Europe). Pour bien appréhender le secteur qui permet, à mon sens, de transformer la société, j'y rajouterais les entreprises de l'économie sociale et solidaire (10% des salariés nationaux) et celles de l'économie dite verte, ainsi que certains organismes d'Etat. Ces secteurs ne sont clairement pas négligeables, mais ils manquent souvent à la fois de visibilité et de moyens alors que ce sont des secteurs d'avenir !
Quelles sont les causes fortement plébiscitées ?
Ce qui est intéressant à travers ce livre, c'est d'expliquer qu'il n'y a pas nécessité de grandes actions pour changer les choses, et de montrer la diversité des causes qui peuvent être abordées, allant des abeilles au micro-crédit, du vélo aux arbres, du bio à la pensée positive, ou encore des voisins aux plus démunis. Ainsi de manière synthétique, on apprend l'essentiel de l'enjeu d'un sujet avant d'être orienté vers de réelles solutions pour agir maintenant.
Et en effet certains usages deviennent de véritables phénomènes de société. Comme le covoiturage qu'utilisent 3 millions de français chaque année, les échanges de maisons où la France représente le second pays en terme d'annonces derrière les Etats-Unis, ou encore les Amap (groupement de consommateurs de fruits et légumes) qui nourrissent déjà 50.000 familles, soit 200.000 personnes, sur notre territoire.
Quelles sont les "causes tendances" qui vous ont étonnées, qui sortent du lot par leur originalité ?
Lorsque j'ai démarré ce livre, j'ai tout d'abord intégré toutes les actions que je connaissais ou que je pratiquais, puis j'en ai découvert bien d'autres au cours de mes recherches. Ainsi le principe de donner ses chèques-déjeuner non utilisés, qui venait de faire l'objet d'une évolution règlementaire permettant à ce type de dons de se mettre en place. Ou encore la possibilité - même si de mon côté je suis encore un peu jeune pour cette action ! - de devenir "grand-parent de coeur", permettant à des enfants n'ayant pas ou plus la chance d'avoir des grand-parents de créer un nouveau lien.
Et je citerais aussi le CouchSurfing : ils viennent de l'étranger vous rendre visite et vous leur offrez gracieusement votre canapé pour dormir une ou deux nuits. Ou les Carrotmob, ces "buycotts" qui permettent à un groupe d'individus de transformer un acte d'achat en action organisée pour écologiser un magasin.
S'impliquer fait-il du bien au moral ?
De manière intuitive nous sentons bien que "faire du bien permet de se sentir bien", et d'ailleurs de nombreuses études scientifiques l'ont démontré. Ainsi par exemple une étude psychologique américaine sur les donneurs de sang a mis en évidence que le don du sang procurait un sentiment d'autosatisfaction important. Et c'est un cercle vertueux, car aider ou donner aux autres contribue à son propre bonheur personnel, et être plus heureux nous pousse à rendre service aux autres ! D'où la question : qu'est-ce qu'on attend pour faire encore plus dans notre vie de tous les jours par ce biais afin d'être plus heureux ?
Tout le monde (riche, moins riche,...) peut-il s'investir dans une cause ?
Certaines actions nécessitent du temps, d'autres de l'argent, d'autres encore une attitude particulière. L'idée de ce livre est de pouvoir effectuer son programme à la carte parmi ces 101 actions qui montrent la voie, mais qui peuvent être complétées par d'autres actions entièrement personnelles. Et suivant ses moyens. Ainsi aucun moyen n'est nécessaire pour devenir bénévole dans une association, organiser une Fête des voisins, nettoyer des rivières, pratiquer la pensée positive, donner ses objets inutilisés, signer des pétitions, donner son sang, diminuer sa consommation de viande, économiser l'eau, rejoindre une Flashmob solidaire, échanger son savoir... Et chacune de ces actions peuvent en plus être contagieuses et polliniser autour de soi !
S’impliquer prend-il du temps ?
Parfois oui lorsque l'on dédie des jours entiers pour aider bénévolement les Restos du coeur par exemple, mais là aussi chacun peut agir suivant ses contraintes ou envies personnelles. Grâce à internet, beaucoup de services sont maintenant accessibles 24h24. Ainsi vous pouvez vous retrouver en pleine nuit à vouloir planter des arbres, parrainer des ruches, prêter un petit pécule à un micro-entrepreneur du bout du monde, acheter des parcelles de terre à sauvegarder, signer des pétitions, insérer des annonces pour donner vos objets inutilisés...etc
Et comme l'a précisé Pierre Rabhi le préfacier de ce livre "il n'est jamais trop tard pour agir !".
A l'aube des élections présidentielles, on peut envisager votre livre comme un message à nos responsables politiques, non ?
A travers ce livre se dessine en effet par ses actions une société différente, de coopération plutôt que de compétition, de sobriété dans sa consommation plutôt que de production et de croissance à l'infini, de rééquilibrage par rapport aux pays du Sud, de lien social plutôt que d'anonymat, de préservation plutôt que de destruction du vivant, d'être plutôt que d'avoir...
Georges Bernard Shaw nous disait "Dans la vie, il y a deux sortes d’individus : ceux qui regardent le monde tel qu'il est et se demandent pourquoi ? Et ceux qui imaginent le monde tel qu'il devrait être et se disent pourquoi pas ?". Je me situe de mon côté bien entendu dans la seconde catégorie.
Une fois sortis du clientélisme, de la tyrannie des sondages et des étiquettes des partis, du statu-quo du conservatisme, et de la pesanteur des marchés, peut-être que nos responsables politiques nationaux pourront nous dire "yes, we can !" et qu'on les croira...
Vous, Christophe, êtes-vous "impliqué" ? Si oui dans quelles causes ?
De mon côté je soutiens des causes très différentes, et surtout j'essaie quand je le peux d'y associer mon fils, car informer et former les nouvelles générations est essentiel de mon point de vue pour faire évoluer une société dans ses valeurs, puis dans ses actes. Ainsi par exemple je suis propriétaire d'un zébu pour aider l'élevage d'une famille à Madagascar, j'ai marché pour le Pandathlon du WWF l'année dernière, je sponsorise une ruche d'abeilles, je mange bio, j'ai organisé ma première Fête des voisins cette année, je nettoie régulièrement les bords de Marne, je donne mon sang... Et, comme tout le monde, je peux encore faire beaucoup mieux !
Finalement, à travers ce livre, j'aimerais que chacun fasse le point sur ses actions solidaires et écologiques, et soit incité à faire chaque mois un peu plus que le mois précédent. J'ouvre par ailleurs le site www.impliquez-vous.com afin de prolonger les actions du livre par de l'actu, un agenda, des services...
La préface de Pierre Rabhi est, j'imagine, un honneur, quelles sont les autres grandes figures qui vous marquent ou qui vous ont marqué ?
J'ai en effet de l'admiration pour le parcours exemplaire de Pierre Rabhi, venu d'Algérie et devenu en 50 ans d'actions un des porte-paroles de l'écologie et de l'humanisme les plus respectés en France. Et je le remercie encore pour avoir accepté d'être le préfacier de ce livre.
J'ai voulu créer au sein du livre un chapitre "Acteurs de changement" où je rends hommage à ceux qui, ayant déjà une renommée, ont eu la volonté de s'impliquer. On y retrouve entre autres Coluche, Yann-Arthus Bertrand, Al Gore, Stéphane Hessel, Alexandre Jardin, Nicolas Hulot, Corinne Lepage, Wangari Maathai, Jacques Attali, Muhammad Yunus ou encore l'Abbé Pierre. Les engagements de chacun sont importants à la fois pour les actions réelles effectuées et pour l'image de modèle qu'ils créent dans la société.
Parce que le monde ne changera pas sans nous tous...
En achetant le livre de Christophe Chenebault, vous êtes déjà impliqué...et vous avez en fait aidé à financer l'association Le rire Médecin
Sur chaque vente réalisée, ce sont 4 % du prix de l'ouvrage qui seront reversés à l'association.