Les conclusions du rapport de l’ONG Oxfam sont sans appel, le pourcent le plus riche du monde détient 48 % des richesses de la planète. Mais ce n’est pas tout : 20% des moins riches se partagent 46% de la richesse restante. Les plus pauvres n’ont accès qu’à 5,5% de la richesse globale.
Graphique : OXFAM
Loin de diminuer avec la crise, le patrimoine des plus riches est en constante augmentation depuis 2008. L’ONG estime que le pourcent le plus riche détiendra plus de 50% de la richesse mondiale d’ici 2016.
La richesse des plus riches ne bénéficie pas aux plus pauvres
Ces chiffres hallucinants questionnent la théorie libérale du ruissellement selon laquelle la richesse des plus aisés bénéficie aux plus démunis par son réinvestissement dans l’économie. A partir d’un certain niveau de ressources, le patrimoine ne se traduit plus en investissements matériels mais en puissance et en influence selon le sociologue allemand Jean Ziegler dans son livre "L'empire de la honte". Oxfam dénonce une emprise du pourcentage le plus riche de la population sur les politiques via le lobbying. Les intérêts des plus riches pèsent plus lourd que ceux des plus pauvres dans le débat public, ce qui ne fait qu’accroître l’inégalité initiale.
Les chiffres d’Oxfam sous le feu de la critique
Les statistiques d’Oxfam sont loins d’être au goût de tous. Economistes et statisticiens dénoncent l’imprécision des chiffres voire même leur absurdité. L’étude est en effet basée sur l’actif net, c'est-à-dire le patrimoine des individus duquel on retire leurs dettes. « Selon ce mode de calcul, un étudiant américain à Harvard, qui a pris un crédit pour faire ses études, est plus pauvre qu'un réfugié syrien qui cherche à survivre dans les montagnes libanaises», remarque M. Delalgue, professeur d’économie à Saint Cyr interrogé par France TV info. Il souligne également que « pour entrer dans les 50% les plus riches au niveau mondial, il suffit d'un patrimoine net d'environ 3 000 euros. Cette somme se trouve sur le livret A de nombreux Français qui n'ont probablement pas l'impression d'être parmi les plus riches »
Une imprécision inévitable mais une injustice réelle
Si les statistiques demeurent imparfaites, l’étude d’Oxfam n’en est pas moins révélatrice d’une injustice réelle pour Jean Gadrey, professseur d’économie à l’université de Lille 1. Dans un billet pour le magazine Alternatives Economiques, il établit un parallèle entre l’imprécision de cette analyse et les approximations inévitables des scientifiques concernant notre empreinte écologique sur la planète : « S’il avait fallu attendre de bonnes données mondiales sur les patrimoines privés des ménages, produites par des institutions statistiques telles que celles des Nations Unies ou de la Banque mondiale, c’est peut-être dans vingt ans que nous aurions pu juger du niveau actuel et de l’évolution récente de ces inégalités !»
Les conclusions d’Oxfam sont largement confirmées par le World Wealth Report et bien d’autres études qui indiquent toutes une progression préoccupante des inégalités économiques dans le monde. Jean Gardey en vient donc à s'interroger sur les motivations des critiques, n'hésitant pas à pointer du doigt leur mauvaise conscience d’Occidentaux fortunés.
Engageons-nous pour une meilleure répartition des richesses
Il y a assez d'argent pour tout le monde clame l'organisation, encore faut-il savoir le répartir. En prévision du sommet de Davos, Oxfam a publié une série de neuf recommandations aux chefs d'Etats pour améliorer la répartition des richesses sur la planète.