Le fonds mondial pour la nature WWF a révélé que le MSC, Marine Stewardship Council, accorde son label à des entreprises qui contribuent à la surpêche, notamment dans l'Océan Indien. Dans la ligne de mire : la Maldives Pole and Line, une compagnie spécialisée dans la pêche à la ligne d'albacore (ou thon jaune) et de thon listao.
Au terme d'une enquête réalisée en interne, sur cinq ans, synthétisée dans un document interne que LeMonde.fr a pu consulter, le WWF attise le débat autour de la mention "pêche durable". Seules 10% des captures annuelles sont certifiées "pêche durable" par le MSC mais ce label est parfois attribué à des entreprises a priori peu scrupuleuses du respect de l'écosystème aquatique.
Le WWF tire donc la sonnette d'alarme en pointant du doigt l'augmentation de la pêche intensive et affirme que les deux tiers des ressources de poisson sont surexploitées: "les captures mondiales de la pêche en mer stagnent autour de 80 millions de tonnes par an depuis 30 ans...En bonne logique, le total des stocks surexploités a bondi pour atteindre 30% au niveau mondial, 47% dans les eaux européennes, 80% en Méditerranée" selon des informations relayées sur son site WWF France.
Mais la pêche durable, c'est quoi au juste ?
Selon les critères évoqués par Greenpeace, la pêche durable ne doit pas cibler des espèces menacées et la pêche ne doit pas s'opérer dans des zones fragiles. Elle doit prendre en compte l'environnement et l'écosystème dans son ensemble mais elle peut être poursuivie tout au long de l'année. Les avis des experts et des scientifiques doivent être pris en compte en terme de quantités de poissons à pêcher, en respectant la durée de la saison de pêche et en assurant à posteriori la traçabilité complète de la zone de pêche au point de vente.
Enfin, une pêche durable signifie réduire la production de déchets et de produits chimiques. Qui dit pêche durable dit méthodes de pêche sélectives pour permettre "de répondre à nos besoins d'aujourd'hui et de préserver les océans pour demain". Pour le MSC, la pêche durable se résume en trois points: "pérenniser les stocks de poissons durables, minimiser l'impact environnemental et le système de gestion efficace".
La pêche durable en France
La dernière étude de Globescan pour le MSC parue en octobre dernier montre que les Français sont de gros consommateurs de poissons. Avec 35 kg par an et par personne, la France se trouve à la 5ème place des pays européens consommant le plus de poisson par habitant. Les Français sont d'autant plus soucieux des enjeux liés à la préservation des océans selon 78% d'entre eux. 69% se disent prêts à changer leurs habitudes d'achat pour privilégier une alternative durable.
En pratique, c'est une autre affaire car la pêche durable ne figure pas encore dans les critères d'achat même si la durabilité est un critère plus important que le prix et la marque. 6 consommateurs sur 10 se fient aux labels indépendants sur les produits de la mer et 73% sont sensibles à la traçabilité des produits de la mer.
La traçabilité d'un produit et la durabilité sont des notions très importantes étant donné que 89% des Français achètent leurs poissons au supermarché. En France, MSC figure sur plus de 1300 produits vendus aux rayons surgelés, conserve, épicerie et au rayon frais. La mention MSC est un gage de qualité pour la plupart des Français: 87% d'entre eux ont confiance en ce label et plus de 6 personnes sur 10 le recommanderaient à leurs proches.
La mention "pêche durable" est très critiquée, l'association Bloom monte au créneau avec une nouvelle enquête sur les labels de "pêche durable".