En matière d’OGM, la recherche peine à garder son indépendance. C’est le résultat d’une étude menée par des chercheurs de l’INRA et publiée en ce mois de décembre. Ils ont analysé la littérature scientifique portant sur l'efficacité ou la durabilité des plantes OGM Bt, qui produisent des protéines d'une bactérie, Bacillus thuringiensis, toxiques contre des insectes qui les infestent. Les chercheurs ont plongé dans une vaste littérature, de 1991 à 2015. Ce sont ainsi pas moins de 5+672 qu’ils ont passés au crible.
Résultat ? « 40% des publications sur ce sujet présentent un conflit d'intérêt financier, assure l’INRA, car les études présentées dans ces publications ont été menées ou financées, entièrement ou en partie, par les industries de biotechnologies qui développent et vendent ces plantes ». Plus grave, les conclusions des études soumises à un conflit d’intérêt sont plus favorables aux entreprises produisant des OGM que les études sans conflit d’intérêt. Le biais se retrouve dès le premier maillon : sur un même sujet, un chercheur aura plus souvent des conclusions favorables aux intérêts des industries de biotechnologies si l’étude sur laquelle il travaille présente un conflit d'intérêt.
Quelles solutions ?
Les auteurs de l’étude « encouragent les revues scientifiques à explicitement faire état des conflits d'intérêt financiers présents dans les études ». Une autre piste serait la création d’un « fond de recherche qui, tout en étant financièrement abondé par les industries concernées, en serait indépendant lors du choix des études à financer ».