« La société est très en avance sur les non-propositions des candidats, annonce en guise d’introduction Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement. 90% d’entre eux sont favorables à la transition alimentaire et agricole. La campagne devrait être une session de rattrapage pour les candidats. »
Accélérer le passage au bio
En effet, du côté de la société civile, ça bouge : 82% des personnes interrogées par l’IFOP souhaitent une réorientation massive des aides agricoles afin d’atteindre 20% de la surface agricole cultivée en bio d’ici à 2022. La dynamique actuelle est positive, comme le rappelait l’Agence bio en février dernier : on a ainsi dépassé l’an dernier les 5% de surface agricole utile cultivés en bio (soit plus de 1,5 millions d'hectares cultivés en bio). Mais il serait possible d’aller beaucoup plus loin en mettant les moyens financiers adéquats.
Julien Adda, délégué général de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB), tire ainsi la sonnette d’alarme : actuellement, les aides européennes de la Politique Agricole Commune (PAC) pour l’agriculture bio ne sont pas sécurisées. « Il faut se mobiliser pour la période 2017 à 2020, assure-t-il. I’enveloppe des aides à la conversion, prévue sur 6 ans, est déjà dépassée. Or les agriculteurs ont besoin de ces aides pour se convertir et se maintenir en bio. Si on ne sécurise pas l’enveloppe allouée à la bio, on risque de casser la dynamique ». Au-delà, le délégué général de la FNAB appelle à une mobilisation des acteurs de la bio dès à présent pour discuter de l’orientation de la PAC après 2020.
Protéger les sols
68% des Français se déclarent favorables à l’adoption d’un moratoire sur l’artificialisation des terres agricoles dès 2018, c’est-à-dire la transformation de terres agricoles en routes, bâtiments ou parkings par exemple. « L’artificialisation des terres touche tout le spectre agricole, explique Jean-Christophe Robert, directeur de l’association Filière paysanne. Si on ne fait pas attention, il y aura de moins en moins de terre alors qu’il y a de plus en plus de bouches à nourrir ! »
Chaque année, ce sont 50 à 60 000 hectares qui sont artificialisés en France. Un chiffre très important contre lequel il est difficile d’agir, mais pas impossible. Ainsi, dans les collectivités d’Outre-mer, des mesures ont été prises pour créer des commissions de préservations des terres qui ont un avis décisionnel sur les Plans Locaux d’Urbanisme. « Les communes jouent donc le jeu de la préservation des sols, s’enthousiasme Jean-Christophe Robert. Constitionnellement, il est donc possible d’agir, il faut importer le principe en Métropole ! ». Freddy Le Saux, président de Terre de Liens va plus loin en parlant de « spéculation sur les terres ». Son association vise ainsi à utiliser l'épargne solidaire pour sortir les terres du risque d'artificialisation.
La protection des sols passent aussi par la lutte contre l’utilisation des pesticides. 86% des personnes interrogées se déclarent favorables à une interdiction progressive des persiticides dans l'agriculture française d'ici 2025. Pour Freddy Le Saux, cela montre « la fin de l'agriculture de papa. La révolution verte a été une fausse bonne idée puisque la hausse des rendements agricoles a été permise par l'utilisation des énergies fossiles ». Mais au-delà, c'est bien « notre mode de vie qu'il faut faire évoluer : il n'est plus adapté. Nous devons changer notre façon de consommer ». Une décision que l'on peut prendre sans attendre de savoir qui sera le prochain locataire de l'Elysée.
Pour aller plus loin : signez la pétition « Moi Président-e #TransitionAgricole » sur le site www.23avril2017.vote. Retrouvez les dix mesures promues par les 7 associations de la campagne « Moi Président-e #TransitionAgricole » pour une transition agricole et alimentaire en PDF.