Lilou Macé est reporter, auteur et initiatrice de mouvement, à travers ses vidéos reportages, vidéos blogs,livres, sites internet et témoignages. C'est après avoir rencontré Oprah Winfrey, en novembre 2006, à Chicago, que Lilou passe de vidéo blogueuse à intervieweuse. Après ses deux premiers best-sellers "J'ai perdu mon job et ça me plait" et "Je n'ai pas d'argent et ça me plait", elle sort son troisième livre "Je n'ai pas de religion et ça me plait" et répond aux questions d'Anne Ghesquière et Audrey Etner.
FemininBio : Après vos deux premiers livres, celui-ci est une suite logique ?
Lilou Macé : En réalité, Bernard Werber est à l’origine de ce titre. Suite à une interview au Québec, nous avons ri sur le titre de mon prochain livre, il m’a d’abord proposé "Je me suis fait larguée et ça me plait", puis plus sérieusement "Je n’ai pas de religion et ça me plait". Sans comprendre pourquoi, ce titre m'a conquise. Tout de suite, j'ai commencé à écrire, me laissant embarquée par le contexte.
Vous avez été élevée dans la religion catholique. En quelques mots quel a été votre parcours avec la religion ?
L.M. : Ce fut une déception. Je ne me retrouvais pas dans les textes anciens. Les notions de culpabilité et de pardon me semblaient trop présentes. J’avais le sentiment de ne pas être saine, d’être une enfant qui faisait trop de bêtises. Cependant, quelque chose m’attirait dans la religion, vers la notion de dieu. Qui est-il ? Comment a été créé l’univers ?
Avez-vous exploré d’autres religions intensément pour pouvoir affirmer qu'aucune ne vous plait, ou ce jugement se base sur votre éducation catholique ?
L.M. : Le thème de ce livre s'axe sur le sens à donner à sa vie. Co-créer avec sa vie, co-créer avec le sacré pour trouver une vie qui nous corresponde. Au mois de mai dernier, j'étais au Japon, au pied du mont Fuji, à l’occasion d’un évènement inter-religieux. J'y ai côtoyé de nombreuses religions différentes. Ce fut une expérience extraordinaire. Mon rêve s’était enfin réalisé, celui où les religions s’aiment, se rassemblent, prient toutes ensembles pour la paix dans le monde. Que les croyants utilisent cette puissance non pas pour se diviser mais pour s’unir.
L'idée de votre livre serait plutôt de créer sa propre religion ?
L.M. : Cela reviendrait plutôt à dire que nous avons les réponses en nous. Nous pouvons vivre notre sacré comme nous souhaitons. Au-delà des dogmes, des textes, des rituels spirituels ou religieux, il existe la beauté, une grâce que l'on ne peut nommer. Cet émerveillement continu, indéfinissable et mystérieux a besoin d'être partagé. Il y a beaucoup de joie à ne pas avoir de réponses à tout et à vivre les choses de manière ouverte.
Ne peut-on pas atteindre cet état d'émerveillement par la religion ?
L.M. : Religion ou pas peu importe, sentez vous libre et donnez du sens à votre vie. Peu importe qu’une personne soit juive, catholique ou musulmane. Il faut trouver l’équilibre entre soi et la vie, entre le vivant et soi-même.
Faudrait-il une religion pour tous, sans dogme ni cadre précis ?
L.M. : Au lieu de se tourner vers l’extérieur, il est temps de se tourner vers l’intérieur. Reprendre confiance en soi, s’aimer, suivre son intuition, retrouver cette connexion et devenir plus autonome en harmonie avec la vie. Nous avons besoin de retrouver un esprit de liberté afin de faire de vrais choix pour suivre notre propre destin. En écrivant ce livre, ma volonté première est de convaincre mes lecteurs qu'ils sont des êtres humains libres.
Au-delà de la religion, retrouvez votre ouverture d’esprit et le goût des choses. Il n’y a pas forcément de cohérence dans notre société actuelle. Nous pouvons faire une prière ou être dans un lieu religieux, en sortir, et deux minutes plus tard, insulter une personne. C'est comme si à l’origine, nous étions des êtres malsains. Cependant, je pense qu’originellement l’humain est bon.
Pensez-vous que la religion amène à ces dérives ?
L.M. : La religion n'est sans doute pas exclusivement à l’origine de ces dérives mais plus globalement tout ce qui est dogmatique est limitant.
N’y a-t-il pas des religions plus tournées vers l'être intérieur, comme le Bouddhisme ?
L.M. : N'étant pas spécialiste des religions, il faudrait demander à Frédéric Lenoir, LE spécialiste en la matière. Pour ma part, j’ai suivi un cheminement personnel afin de montrer un type de parcours. Même en discutant avec un bouddhiste quand j’étais au Sri Lanka, nous parlions beaucoup de souffrances. Il avait beaucoup de rituels à faire. Nous n’avons pas forcément besoin d’un texte préparé. En réalisant une belle prière, nous sommes connectés au sacré. Pourtant, cela n’est pas écrit dans un texte.
La "co-création" est le fil rouge de tous vos livres, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
L.M. : Selon moi, nous co-créons en permanence, que ce soit activement, passivement ou négativement. Auparavant, je co-créais de façon négative, mes actes étant influencés par la peur. J’extériorisais par le biais de sorties ou d’achats excessifs. C’était une façon de relâcher un certain stress, mais il en restait néanmoins un véritable mal-être. Or cette co-création négative amène à des dérives. Elle nous entraîne dans un cercle vicieux rythmé par les somnifères et les tranquillisants.
À l’inverse, la co-création active ou passive correspond à co-créer avec les gens autour de soi. C’est quelque chose qui devient grand, ouvert et illimité.
Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue et historien des religions, a préfacé votre livre. Parlez-nous de votre rencontre avec lui.
L.M. : Je l’ai interviewé au Monde des religions lorsqu'il en était directeur en 2009. Par la suite, nous nous sommes de nouveau rencontrés en Octobre dernier au Salon zen de Paris.
Il se trouve que j’ai été émerveillé par sa vision des choses. Tout ce dont il parlait correspondait à l’état d’esprit auquel j’identifiais mon livre. Par conséquent, ma préface devait être rédigé par lui. Après avoir lu mon manuscrit, il a accepté mon offre et a écrit un magnifique texte dans laquelle il valide son expérience et son savoir. C’est un témoignage d’une nouvelle façon de voir la vie ou, pour reprendre ses termes, une façon de vivre une "religiosité cosmique". Il met en avant, et le reconnaît, ce point commun que j’ai avec pleins d’autres personnes : celui de désirer une vie qui a du sens sans forcément passer par un intermédiaire pour s’adresser à Dieu.
Partage-t-il votre point de vue sur la religion ?
L.M. : Je ne peux pas répondre à sa place. Mais notons cette phrase, extraite de sa préface : "La sortie de la religion ouvre la porte à de nouvelles manières de vivre le sacré : c’est ce que montre fort bien ce livre".
Je n'ai pas de religion et ça me plait, de Lilou Macé, à découvrir aux éditions Guy Trédaniel et son dernier livre L'oeuf de Yoni, le féminin révélé et libéré