Qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser à l'entrepreunariat engagé ?
Dans les dernières années de mes études, sur le campus de la Sorbonne, j’ai commencé à organiser avec deux copains des conférences destinés aux étudiants, pour leur permettre de rencontrer des dirigeants d’entreprise, des politiques, chercheurs, artistes et aux autres acteurs inspirants pour leur futures vie professionnelles et personnelles. Cette démarche aboutit au lancement de la Cité de la Réussite en 1989. Ce fut notre start up, d’une certaine manière. Nous ne savions pas encore que cet événement, qui mobilisa dès sa première édition plus de 5000 jeunes, allait être au centre de notre activité professionnelle pendant plus de 20 ans. La 20 ème édition se tiendra à la Sorbonne en novembre 2017.
En 1992, à l’occasion de la conférence de Rio pour le climat, je réalise brutalement l’état des conséquences climatiques de nos activités humaines. je prends vraiment conscience de la nécessité d’entrée dans une nouvelle ère économique et sociétale réconciliant l’écologie et l’économie. Nous décidons de consacrer un événement, l’Université de la Terre à ces enjeux. La première édition ne se fera finalement qu’en 2005 à l’Unesco. La dernière édition s’est tenue lors de la COP 21 en 2015, en présence de 8000 participants.
La mission de notre agence est d’inventer des événements qui permettent aux citoyens de comprendre, d’apprendre, et de s’inspirer pour ensuite s’engager personnellement ou professionnellement à agir pour un monde meilleur.
Pourquoi avoir lancé le Parlement des Entrepreneurs d’avenir ?
En 2008, en pleine crise financière, je réalise vraiment que l’économie, telle qu’elle se développe, c’est-à-dire, financiarisée à outrance, hors sol, et totalement ignorante et sourde aux urgences sociales et climatiques, nous mène à la catastrophe et à l’effondrement. Seuls une prise de conscience mondiale des acteurs économiques et un nouvel art d’entreprendre pourraient permettre de réparer progressivement les choses.
En juin 2009, je prends l’initiative, grâce au soutien de Generali, du premier Parlement des Entrepreneurs d’avenir, avec la volonté de réunir les dirigeants et entrepreneurs qui agissent autrement et qui intègrent pleinement, avec bienveillance et efficience, l’Homme, la Nature et la Société au cœur de leur projet économique, dans leurs modes de production et de management. Une nouvelle conscience économique existe. Il faut la révéler et la faire grandir. Ce premier parlement mobilisa à l’Assemblée Nationale plus d’un millier d’acteurs économiques, d’associations, d’Ong et de décideurs politiques.
Quels sont les retours que vous avez depuis la création de cet événement ?
Je ne pensais pas que ce Parlement aurait autant d’échos à l’époque et qu’il nous conduirait à lancer l’idée d’un réseau d’entrepreneurs : Les Entrepreneurs d’avenir. A la demande de certains dirigeants, après les deux premiers Parlement, nous décidâmes d’offrir à tous ces entrepreneurs d’avenir, la possibilité de garder le contact, d’échanger sur leurs activités et leurs bonnes pratiques et dans certains cas de se réunir en comités plus restreints pour réfléchir et co-construire des outils, chartes et autres livrables destinés à faire progresser les entreprises sur une conduite plus responsable et durable. Nous avons aussi lancer des Happy Business, pour permettre à une quarantaine de dirigeants de se connaitre de se présenter les uns aux autres et si possible travailler ensemble.
Nous en organiserons 5 en 2017 sur Paris, Strasbourg, Marseille, Bordeaux et Lyon.
Le parlement est la caisse de résonnances des engagements de chacun. De ces 6 Parlements depuis 2009, émergent des nouveaux projets et des nouvelles formes d’actions. Nous lançons aussi la Fabrique d’avenir, qui réunira la partie Think tank du réseau. La dynamique évolue bien. Au rythme nécessaire à l’ajustement. On aimerai faire plus et mieux mais je suis partisan de réintroduire du Slow, là ou tout le monde pense que seule la vitesse et l’urgence doivent régner. Les vraies urgences sont les catastrophes qui se développement et qui s’annoncent dramatiques si l’on ne fait rien. Entrepreneurs d’avenir grandit à un rythme qui me convient.
Quel sera le thème de l'édition 2016 ?
Le thème de ce 7ème Parlement, qui se tiendra les 8 et 9 décembre à Bordeaux s’est en fait révélé et du coup imposé à nous. Bordeaux est à ce jour la métropole régionale la plus attractive de France. C’est assez étonnant de voir le nombre de gens, salariés ou entrepreneurs qui aspirent à s’installer à Bordeaux ou en Nouvelles Aquitaine. En observant ce phénomène, on en comprend très vite les raisons. Les gens sont en quête d’une nouvelle qualité de vie. Ils sont en recherche d’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle. Nos nouveaux outils technologiques et les nouvelles formes de travail permettent une plus grande mobilité, permettant d’envisager de vivre éloigner de son territoire professionnel habituel. Vivre sa vie à Bordeaux, métropole de taille humaine, proche de la mer et de la nature et pas très éloignée de la montagne, tout en développant son activité professionnelle sur place ou ailleurs est maintenant possible. Réconcilier nos rythmes de vie est un besoin auquel les citadins aspirent de plus en plus.
Nous avons donc choisi comme thème pour ce nouveau Parlement en Nouvelle Aquitaine : Et si on vivait mieux autrement ?
Cette question nous interpelle individuellement sur nos choix, modes et équilibres de vie. Elle interpelle aussi les entreprises et organisations qui doivent répondre par leurs produits et services mais aussi par leur mode de management à des attentes montantes et profondes des citoyens et travailleurs que nous sommes. Ces attentes sont celle d’une consommation responsable, respectueuse de notre santé, de nos équilibres biologiques, de nos emplois. De nouveaux services et nouveaux usages peuvent aussi répondre mieux à nos aspirations à une vie meilleure. Partager, échanger, réemployer, recycler, collaborer, localiser, rêver caractérisent bien cette nouvelle économie et plus largement vie à laquelle nous aspirons.
De nouvelles formes de travail et de management se déploient nous encourageant à chercher épanouissement, réalisation personnelle, autonomie et esprit d’initiative. Des entreprises tentent de nouvelles formes de partage du pouvoir et des responsabilités, libérant les collaborateurs du poids des encadrements hiérarchiques classiques, tout en leur faisant confiance sur leur capacité à libérer leur potentiel et à prendre l’initiative pour relever les défis auxquels l’entreprise est confrontée. Cette Vie Meilleure, à laquelle nous aspirons nous engage tous à nous saisir de cette ambition (Citoyens, entrepreneurs, associations, politiques…) et nous contraint à co-construire cet avenir plus heureux.
Comment consommer mieux pour être heureux ?
La réponse dépend déjà de nos situations économiques et sociales personnelles. Pour certains la consommation passe par l’accès aux besoins et produits de base (une alimentation suffisante et saine, un logement décent, un emploi, un équilibre de vie…). C’est a chacun, de nous préoccuper de ce minimum vital pour tous qui permet ensuite de se poser la question d’un supplément de Vie Meilleure.
En ce qui me concerne, je suis convaincu que nous devons réinterpreter notre consommation à l’aune d’une réconciliation entre le souhaitable et le possible. Le souhaitable est de l’ordre de nos besoins essentiels et superflus. Quant au possible, il délimite nos actes d’achat en fonction de leurs impacts sociaux, environnementaux et sociétaux. Nous devons impérativement devenir des consommacteurs, conscients que de notre consommation dépend globalement la qualité de notre vie ensemble sur cette belle planète
Quelle est votre espérance pour l’avenir ?
Mon espérance est proactive, pour résumer mon état d’esprit. C’est parce que je suis inquiet que je m’engage. Un optimisme béat est sans fondement. Un pessimisme passif, non plus.
Je veux participer à un avenir éclairé qui s’appuie tout autant sur les progrès que la recherche et les technologies nous offrent et dont nous devons orienter les usages positifs, qu’un progrès en Humanité qui nous réconcilierait fraternellement avec nos semblables et avec la nature.
Et votre mantra ?
Connais toi toi-même ! célèbre phrase reprise par Socrate et qui était inscrite au frontispice du temple de Delphes. Cette injonction nous somme de nous soucier de nous même pour trouver en nous même les réponses aux défis individuels et collectifs qui se présentent.
Retrouvez le Parlement des Entrepreneurs d’avenir sur internet.