Journaliste, réalisatrice et passionnée par l’environnement, j’ai d’abord tout mis en œuvre pour créer « Les héros de la nature », une collection de documentaires de 52 minutes diffusée en France et à l’étranger. De Bornéo à la Namibie en passant par la mer du Nord et l’Australie, j’ai parcouru le monde pour mettre en valeur ces femmes et ces hommes qui consacrent leur vie à sauver les espèces animales en voie de disparition. Orang-outan, baleine, crocodile, lémurien, guépard, chauve-souris, hippopotame… chacune des rencontres avec ces espèces m’a transformée. Profondément. Lors des tournages, pour laisser les animaux montrer le meilleur de leur comportement, je disparais. Je ne suis plus qu’une infime molécule de graminée parmi la savane. Je les laisse agir, je n’interfère pas avec eux, je ne les brusque pas, je ne m’impose pas. Et lorsque les kangourous broutent paisiblement pendant presque douze heures d’affilée sans faire les bonds que j’espère pour mon film, j’attends, sans bouger, sans manger et je les laisse décider. Leur heure sera la mienne. Il y a bien longtemps que j’ai compris que nous ne sommes que des invités sur Terre et qu’oublier les bonnes manières et n’en faire qu’à sa tête, c’est prendre le risque de couper le lien invisible qui nous relie à la mère nourricière.
Un singe sur mes genoux
Je n’oublierai jamais le jour où un orang-outan monte sur mes genoux pour caresser mes longs cheveux avant de disparaître ou l’instant sublime lorsqu’une baleine de Mink et ses deux petits jouent autour du brise-glace de Paul Watson devinant, j’ignore comment, que nous ne sommes pas des pêcheurs. Parmi ces rencontres étonnantes, celle avec un troupeau d’éléphants en Ouganda demeure pour toujours dans ma mémoire comme l’un des plus forts instants de ma vie. Nous sommes dans un 4 X 4 positionnés de manière à laisser aux pachydermes le choix de venir à notre rencontre ou de nous contourner. Les minutes d’attentes sont interminables. Vont-ils venir vers nous ? Deux matriarches s’approchent et se positionnent de part et d’autre de la voiture. Mon caméraman et moi-même sommes sur le capot, prêt à filmer. Et soudain, celle de gauche dont je sens le regard pénétrant, se met à bouger la tête de haut en bas. Lentement. Prenant ce geste pour un salut, je fais de même et oscille du menton. Sous le regard incrédule de mon collègue, l’autre éléphante bouge à son tour la tête, tranquillement. J’ai le sentiment que nous sommes de la même famille. Mes oreilles sont immenses, je pèse cinq tonnes, j’appartiens au troupeau. « Bienvenue en Afrique » semblent-elles me dire. Mes larmes coulent sans que j’arrive à les retenir. La joie d’appartenir aux grands témoins de ce monde est indicible. Mon caméraman touché par leur attitude si étrange, laisse échapper son émotion. Une vibration se déplace dans l’air et le troupeau se met en marche. Comme si n’étions plus là, ils avancent vers nous. Eléphanteaux indisciplinés et adolescents s’amusent à quelques centimètres de notre voiture pendant plus de trente minutes, sous l’œil placide des adultes et d’une vieille femelle qui s’empiffre de feuilles d’acacias.
De ces moments, j’ai appris à me ressourcer, à me centrer et à me connecter. Car les végétaux et les animaux, pour peu qu’on les laisse s’exprimer en nous et qu’on leur demande de l’aide, deviennent de solides alliés. C’est grâce à cet encrage et à une manière différente de considérer notre environnement, que j’ai appris à développer mon intuition.
Une nouvelle voie
Et c’est ainsi que je me suis laissée guider vers de nouveaux horizons. J’ai été portée par des sujets comme l’autisme, le danger des pesticides, le réchauffement climatique, la santé et j’ai réalisé plusieurs films sur ces sujets. Lorsque j’ai l’opportunité de partager mon expérience avec des jeunes, j’aime particulièrement l’instant où je lis dans leurs yeux, cette étincelle, ce tout petit enfant qui est encore à l’intérieur d’eux et que nous ne devrions jamais museler sous nos déceptions et nos souffrances. Mais la vie s’impose souvent avec une série de défis majeurs et cherche à nous tester, parfois dramatiquement. Comme beaucoup, j’ai vu des yeux se fermer à jamais. La trahison, l’abandon, l’injustice se sont invités à ma table sans que je n’y puisse rien pour les éviter. Ma chance a été de dédier mes films et articles suivants à la spiritualité sous toutes ses formes. Petit fille de guérisseur, j’ai toujours accepté que la science ne puisse pas tout expliquer. Et même si j’ai une approche très cartésienne des manifestations de la vie, l’invisible et les sujets liés à l’après-vie me passionnent. En dirigeant et en réalisant la collection des documentaires Les Enquêtes extraordinaires, sur M6, j’ai interviewé de très nombreux médiums, guérisseurs et thérapeutes. Ce qu’ils m’ont dit m’a donné l’idée de créer et de présenter l’émission « sur les chemins de la santé » diffusée sur Inrees.TV depuis mars 2016.
Suspens, science et surnaturel
Qu’allais-je faire de toutes ces expériences, la nature sauvage, le journalisme, la santé, l’intuition et l’inexpliqué ? Il existait un domaine où je pouvais exprimer au cœur d’une intrigue, les messages qui me sont chers et en filigranes, les clés qui m’ont permis d’avancer : le roman. Dans « Les racines du sang », Yoann Clivel major à la police judiciaire apprend à couper les liens de souffrance avec son passé douloureux. Chaque nouvelle enquête lui permet de se pencher sur les circonvolutions de sa vie personnelle. Il est vrai que nous devons parfois mener de vraies investigations pour lever des secrets de famille afin de comprendre nos attitudes et celles de notre entourage. Auprès de lui, s’invite un enfant, Nathan, doué d’une sorte de médiumnité. Ces phrases bousculent la réalité du héros et l’obligent à se confronter à ses défis majeurs. Et si nous avions tous à nos côtés, cet enfant un peu spécial et qu’on l’appelait intuition ?
Publications :
Les racines du sang (Nouveauté - mai 2016 Ed. Albin Michel).
Le voile des apparences (juin 2015 Ed. Albin Michel).
Le testament des abeilles (novembre 2011 Ed. Albin Michel).
Les héros de la nature (Mai 2005 Ed. Robert Laffont).
Carnets Afghans (Octobre 2002, avec Stéphane Allix Ed. Robert Laffont).