A Turin, du 22 au 26 septembre 2016, quelque 900 exposants s'installent dans Turin, dans le nord-ouest de l'Italie, vantant les mérites de leurs productions alimentaires. Ainsi que plus de 300 producteurs labellisés "sentinelles" Slow Food (l'association est désormais forte de 100.000 membres dans 160 pays)- du fait de leur excellence, mais aussi du fait qu'ils soient menacés, liés à un terroir, produits à petite échelle et issus d’une ressource biologique autochtone. Cela vous donne une idée du doux vertige qui envahit le visiteur de Terra Madre, le Salone del Gusto, manifestation organisée tous les deux ans par l'association Slow Food. Et cette année, ô joie, on compte 57 nouvelles "sentinelles", dont celles du piment serrrano Tlaola du Mexique, du sel baleni d'Afrique du Sud, du miel de méliponides d'Arusha, en Tanzanie, du saumon rouge du fleuve Okanagan, du Canada, ou bien encore des variétés anciennes de banane de Yogyakarta, en Indonésie.
"Aujourd'hui notre réseau s'est consolidé et diffusé (...) et la philosophie de Slow Food touche 160 pays", explique Carlo Petrini, le fondateur de Slow Food, dans un entretien à l'AFP. "Ce qui au contraire n'a pas été complètement résolu, c'est la prise de conscience vis-à-vis d'un système alimentaire qui est criminel.(...) En Italie, l'an passé, plus de 500 petites fermes ont fermé. Il faut changer de paradigme. (...) Nous devons arrêter cette spéculation, la politique doit intervenir pour défendre des centaines d'entreprises agricoles."
Bienfaits du jardinage
Un message soutenu par tous les porte-parole Slow Food, à commencer par Alice Waters, chef californienne leader aux Etats-Unis du mouvement anti-malbouffe, et locavore de première heure. La femme de 72 ans martèle sur la scène du Teatro Carignano combien son investissement dans le Edible Schoolyard Project à Berkeley (cours scolaires autour du potager), lancée depuis 2005 - et qui a depuis inspiré bien d'autres projets du même type partout dans le monde- l'a convaincue du bien-fondé de sa démarche, fondé sur la sensibilisation des enfants aux bienfaits du jardinage, de la nourriture cultivée "maison", et plus largement du bien-manger.
« Le jardinage, c'est l'acte le plus thérapeutique et le plus beau défi que vous pouvez relever. Il faut en faire l'une des choses les plus sexy sur Terre ! », commente de son côté Ron Finley, green "guérillero" (ou "jardinier gangster", c'est selon) de Los Angeles et présent aux côtés d'Alice Waters lors de la même conférence. Il ne rougit aucunement de ses potagers conçus dans des bassins désaffectés, au bord des trottoirs, ou sur des terrains vagues, accessibles à tous les habitants.
Idem en Afrique: "Il n'y a pas plus belle opportunité de changement qu'une école pourvue d'un jardin", approuve Edward Mukiibi, avant d'expliquer son ambitieux projet. Ingénieur agronome, il vit et travaille en Ouganda, où il a ainsi créé 75 jardins potagers accessibles aux scolaires. Et l'initiative se reproduit dans tout le continent. "Souvent, le jardinage est considéré comme une punition par les enfants de mon pays (et leurs parents). Il s'agit d'inverser les choses et de rendre cette activité passionnante, ludique." Et si planter des petites graines forgeait le grand futur de l'humanité? Rien n'est plus sûr.
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