La méditation n'a pas fini de nous surprendre. Une étude inédite, lancée par des chercheurs de l'Inserm de Caen et Lyon, révèle que sa pratique régulière pourrait faire partie des outils utilisés pour retarder la maladie d'Alzeimer. Avec l'âge, le volume cérébral diminue et entraîne entre autres un déclin des fonctions cognitives. Mais cette modification physiologique peut aussi être accélérée avec le stress et les troubles du sommeil, facteurs de risques de la maladie d'Alzeimer. Or, ils sont présents chez beaucoup de personnes âgées. "10 à 15% des plus de 65 ans sont affectés par la dépression et jusqu'à 50% des plus de 65 ans ont des problèmes de sommeil", rappelle Gael Chételat, chercheuse à l'Inserm.
Pour explorer la possibilité que la méditation - selon différents courants traditionnels bouddhistes - puisse agir sur le vieillissement cérébral, les chercheurs de l'Inserm ont étudié le fonctionnement du cerveau de 6 individus âgés en moyenne de 65 ans et dits "experts méditants", à savoir qui ont médité au minimum 10 ans et qui ont pour certains effectué des retraites bouddhistes. Les scientifiques ont ensuite comparé ces résultats avec le fonctionnement du cerveau de 67 témoins non-méditants et de la même tranche d'âge.
A lire sur Femininbio : Pourquoi effectuer une retraite de méditation ?
Les examens neurologiques - une Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) pour évaluer la taille des structures cérébrales et une tomographie par émission de positonsréalisés (TEP) pour étudier le fonctionnement du cerveau - effectués sur l'ensemble des participants a montré que le cortex frontal et cingulaire et l'insula des méditants étaient plus volumineux que chez les témoins. Or, ces zones sont impliquées dans le contrôle des émotions et dans l'attention. Les régions détectées avec un plus grand volume cérébral sont aussi celles qui déclinent le plus avec l'âge et qui sont touchées par la maladie d'Alzeimer. La méditation semble ainsi être une piste intéressante pour les chercheurs de l'Inserm, qui aimeraient maintenant soumettre leur étude à un plus grand nombre de personnes.
A lire sur Femininbio : Méditer pour booster votre cerveau
Pour compléter leurs résultats, la Commission européenne a attribué un financement de 6 millions d'euros aux auteurs de l'étude. Ces derniers pourront mener une enquête à plus grande échelle, nommée "Silver Santé Study", afin de déterminer les facteurs de vie du bien-vieillir.