Avec La puissance de la joie, Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue qui s’interroge sur la sagesse humaine, nous livre un texte écrit à cœur ouvert. Il décortique au fil des pages cette émotion positive qui nous prend par surprise et nous donne le sourire et des ailes. « La joie ne se commande pas, elle s’invite », écrit-il. Mais une chose est sûre, on peut cultiver son esprit de joie, cette faculté mentale qui nous rend plus ouvert et prédisposé à laisser la joie nous tomber dessus.
Après avoir différencié la joie du plaisir (déclenché par le sentiment de satisfaction) et du bonheur (plaisir réfléchi), Frédéric Lenoir présente le travail de trois grands « philosophes de la joie » : Spinoza, Nietzsche et Bergson. Chacun à sa manière, ils ont pensé la joie et permis à l’Homme de mieux se comprendre. Pour Spinoza, la joie est liée à la volonté qu’a l’homme de chercher sans cesse à s’améliorer ; en ce sens, elle est le « fondement et but ultime de toute éthique ». Pour Nietzsche, être dans la joie, c’est dire oui inconditionnellement à la vie, telle qu’elle est, avec ses hauts et ses bas. Pour Bergson enfin, la joie est l’expression de notre puissance vitale, la preuve que nous suivons avec succès notre destinée.
Avec tout ça, qui n’aurait pas envie d’être en joie ? Frédéric Lenoir nous y invite prestement puisqu’il continue à développer sa réflexion sur la joie en s’intéressant à l’état d’esprit, aux manières d’être et aux attitudes qui favorisent l’émergence de la joie. Attention, présence, méditation, confiance et ouverture du cœur, bienveillance, gratuité, gratitude, persévérance dans l’effort, lâcher-prise et consentement, jouissance du corps sont autant de pistes qu’il explore pour nous et sur lesquelles il partage son expérience.
A travers sa réflexion, Frédéric Lenoir nous invite à « devenir soi », car c’est dans un lâcher-prise profond et conscient que l’on peut s’épanouir. C’est un travail long et difficile, dont il nous explique l’analyse par Spinoza et qu’il illustre par la vie de Jésus (F. Lenoir a été rédacteur en chef du Monde des Religions). Il s’appuie aussi sur notre capacité et notre manière d’aimer l’autre, d’amour ou d’amitié, la nature et les animaux. « S’accorder au monde », c’est avoir sa place dans la société, dans sa famille, dans son groupe d’amis et s’y sentir bien.
Et finalement, quand tout est aligné, nous ne pouvons que ressentir une joie, profonde et sincère, qui nous fait aimer la vie. Car si l’on peut espérer ressentir une joie parfaite quand notre ego se tait, c’est bien en ressentant de manière éclatante la joie de vivre que l’on est le plus heureux.
La puissance de la joie
Frédéric Lenoir
Fayard