Maurice Daubard est un maître de Yoga Toumo, le yoga qui vient du froid. À 84 ans, il a réalisé de nombreux exploits et est le premier homme à s’être immergé dans un cube de glace. Il nous explique comment le froid exalte l’esprit et guérit le corps.
Les premières années de votre vie ont été marquées par la souffrance et la maladie. Qu'est ce qui vous a donné la force de vous relever ?
Maurice Daubard : Après la Seconde guerre, j’ai eu la tuberculose. Cinq ans de galère. Je devais mourir, le médecin disait que je ne passerai pas la nuit. Alors, j’ai commencé à vouloir vivre. Je me suis reprogrammé, regonflé à l’espoir. J’ai foncé, foncé, même si j’ai une grande fragilité au poumon. J’ai attendu et me suis créé des objectifs. "Nous devenons ce dont nous rêvons", dit une parabole. Travailler un rêve éveillé, Sankalpa en sanskrit, voilà ce qui m’a sauvé.
Qu'est ce que le Toumo ?
MD : Le Yoga Toumo est le yoga du froid. Il vient du Tibet. Les nonnes et moines font abstraction de la vie terrestre, tout est pour le divin. Ils récitent des prières, assis nus dans la neige ou sur la glace et sont émerveillés. Là-bas, le Toumo doit être enseigné par des personnes ayant une grande expérience personnelle et pédagogique. En occident, je travaille plutôt sur la recherche d’harmonie entre le corps et l’esprit.
En quoi consiste sa pratique et que vous apporte-elle?
MD : Inspirer le vent frais. Se mettre sur la neige… C’est fort la neige, c’est beau la neige ! C’est de l’énergie. Le froid rend euphorique, comme le vin ou la drogue. Méditer dans la neige, dans ce grand silence qu’offre la montagne, tout ensemble, permet de se réconcilier avec soi-même. C’est une expérience extraordinaire !
Comment le corps humain peut-il s'adapter au froid ?
MD : Le corps s’adapte grâce à la patience et la persévérance. Au cours de mes stages, les élèves sont des volontaires qui viennent avec humilité et ne sont pas rassurés. C’est à moi de communiquer, de les rassembler. "L’autorité est une vertu sécurisante", alors je les guide avec fermeté et expérience et ils me font confiance.
Être rassurant, c’est également faire de la prévention et encourager.
Quels sont, selon vous, les bienfaits du froid ?
MD : Prenez une douche froide le matin, et laissez-vous sécher à l’air libre. Vous verrez votre peau se velouter et les petites anomalies de santé disparaître peu à peu.
Le froid renforce les défenses immunitaires lorsqu’on est aidé par des personnes compétentes. D’ailleurs, beaucoup de séropositifs participent aux stages Toumo que je propose. Le froid demande de l'attention, car si on fait n’importe quoi, on est en danger.
Il donne de l’énergie, fortifie l’organisme et retarde le vieillissement prématuré. En hiver 1956, contre l’avis des médecins, j’ai "barboté" dans de l’eau glacée… Et je fus surpris de ne pas mourir ! J’ai décidé que je n’étais plus malade.
Depuis, j’ai un lac gelé chez moi, dans lequel je me baigne chaque matin pendant vingt minutes.
Quels sont les risques du froid?
MD : C’est le choc thermique ! Passer du chaud au froid est risqué. Après l’immersion dans l’eau glacée ou dans la neige, le corps doit se réchauffer.
Vous avez réalisé de nombreux exploits quelles que soient les conditions climatiques. Qu'est ce que le TAPAS ? Comment l'incarnez-vous dans votre vie ?
MD : Tap, en sanskrit, veut dire le feu, à la fois purificateur et destructeur de l’être humain. C’est un état d’esprit qui se fabrique avec le temps. Une énergie brûlante qu’il faut apprivoiser. Il faut être patient et persévérant, deux vertus dans le yoga.
J’ai travaillé le corps, l’esprit et le mental afin d’être responsable de moi-même, de passer du conscient au subconscient afin d’obtenir l’impossible. C’est cette force qui m’a permis de faire Lhassa-Katmandou en VTT et de me mettre dans un cube de glace.
Le TAPAS procure l’exaltation intérieure. Selon les textes chrétiens, c’est une forme de sagesse. On a la lumière dans les yeux, on est heureux et on a envie d’embrasser tout le monde.
Quels sont les stages que vous proposez ?
MD : J’enseigne depuis 1980 le Yoga Toumo. Des volontaires viennent du monde entier dans mon centre de Yoga et en Italie, en hiver. Au petit matin, on sort, on casse la glace du lac et on va nager. Certains font demi-tour.
L’eau froide est terrible car elle crée le saisissement, la crispation. Il faut se détendre, c’est toute une préparation psychologique. Le plus dur est d’entrer dans l’eau glacée. Quand on en sort, on a chaud et on veut y retourner !
Puis, on court pieds nus dans la neige pour se sécher et on rentre se réchauffer. La pratique du yoga est également importante et représente 50% de l’enseignement.
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