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La maladie d'Alzheimer

Mis à jour le 25 février 2021

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La maladie d’Alzheimer
Décrite pour la première fois par le neuropathologiste allemand Aloïs Alzheimer en 1906, elle est lentement évolutive, induit progressivement une diminution des capacités intellectuelles, des activités de la vie quotidienne, de l’autonomie, des capacités physiques, de la vie relationnelle, des troubles du comportement puis entraîne la perte progressive et irréversibles des fonctions mentales. C’est la principale cause de démence chez les personnes âgées. La maladie affecte les régions du cerveau les unes après les autres en commençant par celles impliquées dans la mémoire puis, progressivement, par celles du langage, les capacités gestuelles… engendrant des difficultés croissantes dans la vie du malade.

On retrouve deux types de lésions cérébrales chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer :

•Les dégénérescences neurofibrillaires constituées de filaments qui étouffent puis détruisent les neurones peu à peu.
• Les plaques amyloïdes et « plaques séniles » (dépôt en dehors des neurones de protéines bêta-amyloïdes) qui sont des plaques denses de forme irrégulière qui remplacent les neurones.

On note que ces lésions sont associées à une perte importante de neurones surtout dans l’hippocampe et dans le cortex temporal.

Quelques chiffres
25 % des personnes de plus de 80 ans sont touchées.
1 à 6 % des plus de 60 ans.
72 % des résidents en maison de retraite sont atteints.
Trois quarts des personnes atteintes sont dépendantes.
En France, en 2004, 800 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer et troubles apparentés d’après le ministère de la Santé. Chaque année, 160 000 nouveaux cas sont répertoriés en France.


Des causes incertaines
La maladie d’Alzheimer est associée à un manque d’acétylcholine dans certaines régions du cerveau et à un excès de glutamate. Pourtant, on ne sait pas encore de façon sûre la raison pour laquelle certaines personnes développent cette maladie. Des hypothèses sont avancées :
• Des facteurs environnementaux (certainement toxique, car de l’aluminium a été trouvé dans les plaques séniles).
• Des facteurs génétiques dans seulement 10 % des cas. Dans 90 à 95 % des cas, il s’agit d’une forme sporadique.
• Des facteurs immunologiques (anticorps dirigés contre le tissu cérébral).
• Des facteurs viraux.
• Des facteurs métaboliques (dommages causés aux neurones par les radicaux libres ).
• Ou encore une causalité multifactorielle.


Le saviez-vous ?
Dans les années 1990, un chercheur du nom de Thierry Pilot avançait même l’hypothèse qu’un agent toxique (peptide amyéloïde) produit par le cerveau sous forme soluble provoquerait un stress oxydatif et serait alors responsable des altérations présymptomatiques de la maladie.


Les symptômes cliniques

• Amnésie (diminution de la mémoire) qui est le signe le plus souvent révélateur et qui conduit le plus fréquemment
à consulter le médecin. À noter que la mémoire des faits anciens est souvent préservée ; c’est la mémoire des faits récents qui est d’abord touchée.
• Agnosie (troubles de la reconnaissance et de l’interprétation des objets familiers).
• Aphasie (troubles du langage ou difficulté à exprimer oralement sa pensée).
• Apraxie (troubles des gestes ou incapacité d’exécuter des mouvements coordonnés).
• Apathie ou manque d’énergie .
On parle ainsi de la maladie des 5 A.
À ces signes vont se rajouter les troubles de l’orientation et des fonctions exécutives (attention, raisonnement, planification).

Les différentes phases

  • La phase préclinique

C’est une étape asymptomatique : les lésions (plaques séniles) sont présentes mais ne s’expriment pas.

  • La phase de début

C’est la phase de prémaladie : la mémoire à court terme se détériore ; le retentissement sur la vie quotidienne est peu important puisque les modifications comportementales sont peu perceptibles ou inexistantes.
Les premiers signes s’installent graduellement.

  • La phase modérée

La maladie est avérée ; elle se caractérise par la sévérité des symptômes d’où retentissement sur le quotidien, aggravation des problèmes de mémoire, baisse de l’autonomie, problèmes d’orientation et d’expression, difficulté à effectuer des gestes quotidiens (comme préparer à manger, faire les courses, choisir ses aliments, les conserver correctement, cuisiner, utiliser des couverts…). Le comportement du malade change : il déambule en faisant les cent pas, d’où un risque de perte de poids, de dénutrition, une fluctuation de l’appétit ou l’apparition de troubles dysphagiques.
Tous ces symptômes ont un impact sur la qualité de vie et la longévité du malade. Bien informer l’entourage est alors essentiel.

Surveillance de l’état nutritionnel des malades
Il est indispensable de surveiller régulièrement l’état nutritionnel des malades (courbe de poids, surveillance de la consommation liquide et solide). En effet, mangent-ils et boivent-ils suffisamment et de façon équilibrée pour prévenir carences et perte de poids ? Si la perte de poids (qui traduit une insuffisance d’apport alimentaires par rapport aux besoins) n’est pas prise en charge assez tôt, elle risque d’entraîner un état de dénutrition. La prévention en est la pierre angulaire.
Il faut savoir que la dénutrition s’explique aussi en partie par l’augmentation des dépenses caloriques en raison d’une déambulation fréquente.
L’association prévention et lutte contre la dénutrition – en un mot, un suivi efficace – permet de ralentir l’évolution de la maladie et le déclin cognitif qui lui est lié. Ainsi, les activités de la vie quotidienne, l’activité physique et relationnelle sont maintenues et les troubles du comportement sont limités.
À noter qu’un faible poids, une cachexie, des taux sanguins bas en calcium , en vitamines B1, B6, B12, folates, C, fer , A ou E sont les signes de troubles nutritionnels.

  • La phase avancée

Le sujet n’est plus capable de manger, ne reconnaît plus les aliments, oublie de déglutir, fait de la dysphagie, est sujet aux fausses routes avec pour conséquences le refus de la prise des repas, l’étouffement, la perte de poids… Le handicap est inexorable et invalidant d’où la nécessité d’envisager une intégration en centre spécialisé.

  • La phase terminale

La perte de motricité conduit à un alitement permanent. L’entrée dans cette phase est caractérisée par des troubles du comportement alimentaire et de la déglutition conduisant à un état de malnutrition mais aussi par une apraxie bucco-pharyngée et un comportement agressif. L’alimentation parentérale ou entérale par sonde naso-gastrique ou gastrostomie est abordée avec la famille même si la mise en place de celle-ci n’empêche pas l’évolution terminale de la maladie. Le malade maigrit beaucoup, ses défenses immunitaires s’amoindrissent, favorisant alors des complications infectieuses, puis le décès. À ce stade, le suivi, même s’il ralentit l’évolution de la maladie, devient délétère.

Zoom sur la déglutition
Quand celle-ci est impossible, les apports nutritionnels sont insuffsants et les risques de dénutrition sont alors importants. Mais ce phénomène n’est pas irréversible : il faut stimuler, rééduquer. C’est le travail de l’orthophoniste et/ou du kinésithérapeute. Du côté de la diététicienne, elle s’affairera aux textures présentées.
Des plats mixés ou hachés seront présentés au malade même s’ils sont peu engageants sur le plan esthétique (en cas de dépendance, un service de livraison de ce type de produits peut être mis en place). On peut également avoir recours à des poudres épaississantes comme « Nutilis » de Nutricia.


Une dégradation progressive
La dégradation de la santé du cerveau ne se fait pas du jour au lendemain. C’est plus insidieux puisqu’elle s’étale sur 10, 20, 30 ou 40 ans. Le cerveau ne fonctionne plus comme avant, de plus en plus de difficultés à analyser les informations venant du monde extérieur se posent, les personnes sont entravées progressivement et modifient leur relation au monde et à l’autre. Le patient ne reconnaît pas sa maladie ; la plainte amnésique est récurrente, ce qui créé anxiété, tristesse et passages dépressifs fréquents. À chaque stade, la prise alimentaire est de plus en plus délicate, d’où la nécessité d’une prise en charge diététique.


Facteurs de risque 

• L’héritage génétique pour certains : le risque est légèrement accru s’il y a plus d’un ascendant ou d’un collatéral atteint.
• Le facteur âge : les personnes âgées sont les plus touchées.
• Le facteur sexe : on observe une prédominance de femmes chez les malades atteints ; le risque d’apparition de la maladie est encore plus élevé chez les femmes de plus de 80 ans.

Facteurs aggravants
Plusieurs facteurs aggravent l’évolution de la maladie :
• Les facteurs cardio-vasculaires (troubles lipidiques, hypertension ), le diabète : des études ont montré que la surcharge pondérale et l’obésité auraient possiblement un rôle à jouer dans la maladie d’Alzheimer.
• La prise d’alcool , de drogues , de tabac détruisant le cerveau : une étude néerlandaise menée sur six mille personnes pendant sept ans a montré que les fumeurs augmentaient leurs chances de développer la maladie d’Alzheimer et d’autres démences.
• Un déficit en vitamines (en particulier en vitamines du groupe B, notamment en acide folique et vitamine B12 ) se traduisant par une accumulation sanguine d’homocystéine (hyperhomocystéinémie) qui serait impliquée dans le déclin des fonctions cognitives de la maladie ; également, un déficit en vitamine E impliquerait un risque plus élevé de développer une démence.
• Un déficit en antioxydants comme les flavonoïdes.
• Enfin, les métaux lourds comme l’aluminium seraient sur le banc des accusés ; en effet, il serait incriminé dans l’apparition de la maladie. Mais aucune étude scientifique sérieuse ne l’a clairement établi.

Facteurs favorables ou protecteurs
Il faut savoir que le contenu de votre assiette aide à maintenir les fonctions cérébrales et ralentit le déclin des fonctions cognitives liées au vieillissement. Il ne faut pas croire que les processus dégénératifs sont inéluctables. Pour faire face, tous les nutriments sont indispensables ! Des recherches mettraient en évidence qu’une alimentation bien choisie peut aider à réduire votre risque d’être atteint de la maladie d’Alzheimer .
Pour combattre le processus de vieillissement du cerveau qui contribue à la maladie d’Alzheimer , voici de bonnes pistes de stratégie nutritionnelle préventive qui méritent d’être considérées :
• Des antioxydants comme les vitamines C et E, le sélénium, le zinc, les flavonoïdes seraient porteurs d’espoir.
• Des oméga-3.
Peu de graisses saturées, trans, hydrogénées – apanage des pays industrialisés – car ces dernières exacerberaient la maladie. De même, peu d’oméga-6 : ils seraient soupçonnés de provoquer Alzheimer.
• Surveillez votre taux de cholestérol : le taux de HDL serait protecteur. Sans oublier la pratique d’une activité physique régulière qui ne peut être que favorable.


Les produits phares

• Le curcuma (propriétés antioxydantes).
Le thé vert.
• Le lait en consommation soutenue (apport important de vitamine B12 ).
• Le vin rouge pour sa richesse en flavonoïdes, polyphénols et tanins protecteurs.
• Le ginkgo biloba dont les pouvoirs amélioreraient les symptômes au début de la maladie. Des travaux sont actuellement en cours pour montrer un éventuel bienfait sur Alzheimer.
À quand l’allégation nutritionnelle sur les produits : « Aide à prévenir la maladie d’Alzheimer » ?



Quels conseils nutritionnels pratiques proposer ?
Comme nous l’avons vu précédemment, l’objectif nutritionnel est de prévenir la survenue de la dénutrition en incitant les sujets à conserver une alimentation variée et équilibrée. Il va sans dire que la prise en charge nutritionnelle sera personnalisée en fonction des goûts et habitudes des personnes et ce, dès que la maladie est installée. On veillera en particulier à :

• Une consommation suffisante de protéines car souvent les personnes âgées se contentent d’un potage et d’un laitage. La viande ou le poisson n’ont pas leur préférence. Si, en effet, le sujet n’affectionne pas particulièrement la viande, on lui proposera du lait ou un produit laitier comme le fromage, le yaourt, un fromage blanc…

• En cas de perte de poids, de dénutrition, de troubles de la déglutition, la prise en charge nutritionnelle sera bien évidemment adaptée. Prenons le cas de la déglutition, une alimentation orale ou entérale sera envisagée. De même qu’en cas de dénutrition, une alimentation en produits hypercaloriques et/ou hyperprotidiques sera privilégiée et couplée à une hydratation suffisante.

• En cas de perte de poids ou d’appétit, il faut enrichir les préparations et fractionner l’alimentation. Pour enrichir les préparations, pensez aux oeufs, jambon, beurre, lait en poudre, lait concentré, fromage râpé, ou encore poudres de protéines en pharmacie… à intégrer dans les préparations culinaires comme les flans, la béchamel, les quiches, les soufflés, les gratins, les légumes farcis, les lasagnes, la crème pâtissière ou anglaise, le riz au lait, la semoule, le pudding, les milk-shakes… Pensez également aux produits homogénéisés pour les enfants, aux mélanges nutritifs du commerce (crèmes, potages, jus de fruits) ou encore aux préparations mixées. Plus la déambulation est fréquente, plus l’augmentation des dépenses énergétiques est importante.

• En cas de fausses routes, épaissir les préparations avec de la gélatine, de l’agar-agar, de la maïzena ou des poudres épaississantes à acheter en pharmacie.

• Si une alimentation sans sucre ou sans sel s’impose, un régime adapté sera également mis en place.

• Si le sujet mange lentement, envisagez l’utilisation d’une assiette chauffante.

• Proposer des collations et des compléments nutritionnels laissés en évidence.

• Toujours inciter à goûter mais ne pas forcer.

• Proposer des aliments faciles à manger que l’on peut saisir avec une cuillère ou avec les doigts ou proposer des couverts adaptés si la personne éprouve des difficultés pour utiliser ses couverts. Si elle mange avec les doigts, ce n’est pas grave, c’est toujours mieux que de ne rien manger du tout. La finger food est à la mode ! La présence d’une aide-ménagère ou d’un membre de la famille au repas pourra pourtant parfois s’avérer nécessaire. Et n’oublie pas : couleur, odeur, texture, goût des aliments sont autant de paramètres à prendre en compte.

• Essayer de faire participer activement le sujet au choix de ses aliments, à la confection des repas, à l’élaboration des menus ; mettre toujours la table dans un souci d’éviter l’isolement et de stimuler ses capacités cognitives si son état de santé le permet encore.

• La prise des repas se fera toujours dans un environnement agréable. Jouez sur les couleurs (verres, assiettes…). Hormis l’aspect nutritionnel, les repas constituent un repère, un non-isolement social. D’où leur importance quel
que soit le stade de la maladie. Sachez encourager le côté festif, convivial quand il y a lieu. N’oublions pas que le repas est et doit rester un moment de partage et de convivialité avec la famille, les amis.

• Si le besoin d’être guidé se fait sentir, proposer une assistance : aide-ménagère pour la confection des repas, courses ou plats livrés à domicile, service municipal ou privé pour portage des repas, apports ponctuels de repas par des amis ou la famille, possibilité de prendre les repas en collectivité ou de temps à autre dans la famille.

• Veiller toujours à une hydratation suffisante.

• Encourager l’activité physique régulière adaptée à l’autonomie car c’est un moyen simple pour stimuler l’appétit.

Le saviez-vous ?
Si la personne ne termine pas ses plats, manifeste un dégoût pour la viande, est attiré davantage par le sucre et/ou les produits sucrés , repousse ou crache ou joue avec la nourriture, mange des produits non comestibles… Ce sont autant de signes qui doivent vous alerter. Tout trouble du comportement alimentaire nécessite de la disponibilité, de la patience… Il faut savoir s’adapter.



Les compléments nutritionnels oraux
Ce sont des mélanges nutritifs complets administrables par voie orale, hyperénergétiques et/ou hyperprotidiques, de goûts et de textures variés qui vont garantir sous un faible volume l’apport en énergie et protéines nécessaires aux besoins du sujet. Une grande variété de textures et d’arômes s’offrent à vous.
On les recommandera lors de collations ou pendant les repas (en plus des repas) en insistant sur les conditions de conservation (une fois ouvert, à conserver au maximum deux heures à température ambiante et vingt-quatre heures au réfrigérateur).



Conclusion : peut-on empêcher ou retarder l’apparition de la maladie ?
Il n’existe pas de solution miracle… Seules des recommandations préventives qui ralentiraient l’apparition de la maladie peuvent être retenues : prévention des risques cardio-vasculaires, préconisation d’une alimentation variée et équilibrée, maintien d’une activité physique et intellectuelle ainsi que des relations sociales, des loisirs…
En un mot, une hygiène de vie valable pour tous !


Un mot sur la maladie à corps de Lewy
Tout comme la maladie d’Alzheimer , la maladie à corps de Lewy est une maladie neurodégénérative. Elle se caractérise par une atteinte du fonctionnement intellectuel se traduisant par des difficultés d’attention et de concentration fluctuantes d’un jour à l’autre et peut parfois provoquer des hallucinations
visuelles.

www.francealzheimer.com

Extrait de l'ouvrage de Catherine Chegrani-Conan, "La santé du cerveau est dans l'assiette", aux éditions Eyrolles

Catherine Chegrani-Conan

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