La psychothérapie distingue les processus d’élaboration primaire et les processus d’élaboration secondaire. Les processus d’élaboration primaire se tissent dans une pensée non liée, qui fonctionne en image et en silence, et s’incarnent dans le corps au travers du cerveau émotionnel. Tandis que les processus d’élaboration secondaires ont lieu au travers du langage dans le cerveau cognitif: un langage qui juge, classifie, accepte ou n’accepte pas selon un phénomène de dualité. Dans les processus secondaires, la conscience est locale, alors que dans les processus primaires, la conscience est globale.
Pour rejoindre cette conscience globale, la marche peut devenir une méditation active. Nous qui courrons sans cesse, absorbés pour ne pas dire noyés dans nos pensées, nous pouvons retrouver le sens perdu de nos déambulations en apprenant à les rendre conscientes au travers du corps. Parce que nous sommes des êtres incarnés, la méditation, le silence et l’action sont intimement liés.
Depuis la plus haute Antiquité il existe une vraie réflexion sur la marche comme exercice de ressourcement ; de nos jours il existe d’autres chemins vers le silence. Au travers de la relaxation, de la méditation, de la danse ou de tout autre activité artistique le mental peut suspendre son vol pour retrouver le cœur. Et que voit le cœur ? La source de toutes choses. J’aime cette image, nous sommes sur une rivière, le cœur voit la source; la où le mental ne voit que le prochain tournant ! Grâce au silence la conscience devient globale…
Et puis il ne faut pas oublier le silence de l’amour, si magnifiquement dépeint par le dramaturge Maurice Maeterlinck qui écrivait : « Ce que vous vous rappellerez avant tout d’un être aimé profondément, ce ne sont pas les paroles qu’il a dites ou les gestes qu’il a faits, mais les silences que vous avez vécus ensemble ; car c’est la qualité de ces silences qui seule a révélé la qualité de votre amour et de vos âmes. » Le silence peut faire des miracles. J’aime aussi beaucoup les miracles parce qu’ils résident uniquement dans un changement de perception. Et l’amour soutenu par le silence provoque de genre de miracle.
A bien y réfléchir… Le silence est amour, le silence est intention, le silence est observation. En un mot, le silence est révolutionnaire.
Caroline Escartefigues est psychologue clinicienne. Son site internet, psychologieenpleineconscience.fr