Qu’est ce que la concentration ?
La concentration est l’art de piloter son attention ou on veut qu’elle soit. Par exemple je suis dans une réunion et j’écoute chacun des intervenants, j’ai envie de penser à mon week-end mais je force mon oreille à saisir la conversation et mon mental à saisir ce qui se dit. Dans ce cas, mon corps m’obéit ainsi que mon mental. Mais je peux aussi être assis dans une salle d’attente et décider de penser à mes prochaines vacances. Mon corps dans ce cas n’est pas sollicité, mon mental se fixe sur un sujet précis celui que je souhaite. Je suis concentré.
Y-a-t-il différents types de concentration ?
Dans mon ouvrage j’explique que la concentration fonctionne selon deux dynamiques. On peut parler de deux types de concentration : une émettrice et une réceptrice. La concentration réceptrice permet de capter grâce aux sens. Capter ce qu'il se passe en nous: « Je sens des tiraillements dans ma jambe droite" et autour de nous : « j’ai entendu un avion passer ». Nous mettons cette concentration clairement en marche lorsque nous mettons nos sens en jeu, lorsque nous mangeons, lorsque nous écoutons de la musique, lorsque nous sommes dans la nature et que nous sentons le vent sur notre peau, le parfum de l’herbe...
La concentration émettrice est celle qui nous permet de penser, d’élaborer, elle se met en marche lorsqu’on conçoit une idée, c’est aussi elle qui, face à un interlocuteur, permet de répondre. Elle est synonyme de création, d’élaboration.
Chacun en permanence combine ces deux types de concentration. Je goute une pommes donc je reçois les sensations dans mon corps : sensations réceptrices. Ensuite je réfléchis à son goût : « elle est bien sucrée et légèrement acide, cette pomme. » Cette analyse relève de la concentration émettrice. Ces deux concentrations se doivent globalement d’être équilibrées : je dois émettre autant que je reçois. On constate parfois chez certaines personnes un déséquilibre : elles n’ont de cesse de parler, sans jamais prendre en compte ce que l’autre dit.
Pourquoi peut-on être déconcentré lorsqu’on s’implique vraiment dans une tâche ? Par exemple la lecture d’un bon livre peut malgré tout être polluée par des pensées extérieurs ou gênée par des bruits…
En effet on peut parfaitement avoir envie de lire un livre et dans le même temps être préoccupé par des problèmes personnels, alors ces derniers ressurgissent malgré nous… il faut dans un premier temps se poser cette question : « suis-je, en toute sincérité, motivé par ce livre ? ». Le fait que le livre m’intéresse ne suffit pas. Est-ce que ce livre m’intéresse autant que ces problèmes personnels qui me m’envahissent? Ensuite il faut aussi prendre en compte le facteur de la fatigue, cette dernière peut parfaitement se présenter comme un obstacle à notre concentration si nous avons stimulé notre esprit à l’excès. Peut être vaut-il mieux alors laisser son esprit vagabonder un instant, se reposer.
Que pensez-vous de la technique Pomodoro? (S’imposer de travailler sur un sujet 25 minutes non-stop)
C’est une technique judicieuse. Plutôt que de s’acharner en vain sur une tâche qui épuise notre temps et notre esprit, il vaut mieux lui consacrer 25 minutes durant lesquelles on sera efficace, concentré, puis s’accorder un moment de détente, avant de recommencer une nouvelle fois à travailler. On peut poursuivre sur la même tâche, ou changer de domaine. Ce qui compte est de mener un travail efficace et de s’aménager un temps de pause pour « recharger les batteries ». Finalement cela peut même nous permettre de rester à notre tâche plus longtemps, tout en gagnant en efficacité…
Faut-il se forcer lorsqu’on n’arrive pas à se concentrer sur un sujet ?
Il n’y a que celui qui vit la situation qui peut répondre à cette question. Il faut rebondir sur une question plus profonde : ai-je vraiment envie de me concentrer ? L’objectif que je vise me tient-il vraiment à cœur ? Pourquoi ?
La concentration peut-elle se travailler ? Si oui comment ?
Bien sûr, il y a les techniques de musculation pure du mental. Il existe différentes méthodes que j’explique dans mon ouvrage Les Secrets d’une bonne concentration. L’une d’elle est la technique du Trakata : placez vous en équilibre sur un pied et fixez des yeux un point devant vous que vous aurez dessiné sur un mur. Pendant une minute appliquez vous à fixer des yeux ce point précis et à maintenir votre équilibre, vous vous entrainez alors à canaliser votre esprit dans une direction précise.
Muscler sa concentration, c’est parfait. Mais le réel problème dans les déficits de concentration, c’est le manque de motivation. Pas de motivation, pas de concentration. Il me semble essentiel de questionner sa motivation, afin d’acquérir une conscience de cette motivation. A chaque fois que je m’installe à mon bureau, je dois me demander : pour quelle raison dois-je travailler ? Pour quelle raison dois-je être concentré ? Lorsqu’on acquiert une conscience de ses agissements, du travail que l’on effectue et qu’on donne un sens et un but à ce dernier, alors la concentration s’impose. J’ai alors la pleine conscience de l’utilité du travail que je fourni.
Y-a-t-il des aliments « miracle » qui peuvent booster notre concentration ?
Il est fondamental d’avoir une alimentation saine, équilibrée. Ne pas manger trop lourd ou trop gras avant un examen par exemple, mais surtout il faut éviter de sauter des repas, et en particulier le petit déjeuner. Il faut prendre soin de son corps, le nourrir, et ce premier repas est important pour lui donner toute la vigueur possible. De la même manière il est nécessaire d’hydrater son corps, son cerveau, donc de boire beaucoup d’eau, au moins 1 litre d’eau par jour. Contrairement à ce que l’on pense il faut limiter les excitants : un café ou deux par jour permet de stimuler notre esprit, mais au-delà cela abouti à une agitation mentale vaine.
En quoi travailler nos cinq sens peut-il aider à la concentration ?
Avoir une emprise sur ses cinq sens permet d’avoir une emprise sur son corps. C’est bien notre corps qui part le biais de nos sens captent ce qui nous entoure et qui le ramène à notre mental. Si le corps ne fonctionne pas, ne capte pas, il manque un maillon à la chaine. C’est ce maillon qui manque le plus souvent dans les problèmes de concentration. Le mental fonctionne si il est porté par un corps bien vivant.
Concentration et méditation font-elles bon ménage ?
Parfaitement, la méditation et la concentration ont un même but : développer la conscience, cette capacité à percevoir. Conscience de soi, de ce que l’on fait, des autres, du monde qui nous entoure. On ne peut pas méditer sans être concentré, il faut tenir son mental, contrôler ses pensées. La concentration est le premier outil, indispensable, à toute méditation.
Avez-vous quelques astuces à partager avec nos lectrices ?
Tout d’abord il faut se dire que notre tête a besoin de repos. Donc sachez régulièrement lâcher les rênes de votre esprit.
Mais lorsque vous sentez que votre concentration vous échappe et que vous décidez d’être dans un profond état de concentration
1 – Posez une main sur votre ventre
2 - Prenez deux respirations abdominales.
3- Relâchez les tensions inutiles que vous sentez dans votre corps
4 –Verbalisez. Enoncez clairement les raisons pour lesquelles vous désirez être concentré puis dites les vous à voix haute. « Je dois maintenant me concentrer sur cette tâche car… ». Vous retrouvez ainsi votre motivation. Recommencez ainsi autant de fois que nécessaire.
Florence Vertanessian de Boissoudy est sophrologue, auteur et conférencière. Son dernier livre, Les secrets d'une bonne concentration est paru aux éditions Jouvence. Retrouvez-la sur son site internet et sur Facebook.