Apparue au tout début des années 1960 aux États-Unis, la pilule contraceptive, alors appelée "anticonceptionnelle", arrive dans les pharmacies françaises en 1963 et devient très vite l’un des emblèmes de la révolution sexuelle de 1968. Étouffées par un engouement sans précédent, les craintes scientifiques émanant notamment du docteur Ellen Grant, qui fait pourtant partie de l’équipe l'ayant mise au point, ne trouveront aucun écho.
Cinq décennies plus tard, les Françaises en âge de procréer sont encore 41% en 2013 à plébisciter la pilule contraceptive, contre 50% en 2010, les affaires médiatisées des pilules de troisième et quatrième générations ayant suffi à semer le doute.
La pilule, liberté de l'organisme ?
Pour Bérengère Arnal, gynécologue-obstétricienne et auteure de nombreuses publications sur le sujet, l’arrivée de la pilule dans la vie des femmes, en partie motivée par des intérêts financiers, fut en réalité plus un asservissement qu’une libération. En collaboration avec le journaliste Dominique Vialard, le professeur Henri Joyeux,chirurgien cancérologue, s’interrogeait, dans La pilule contraceptive (2013), sur cetteproblématique:
"On impose à une femme trois semaines de prise quotidienne d’hormones pour neutraliser seulement cinq à six jours de fécondité".Les quantités d’œstrogènes et de progestérone synthétiques apportées à l’organisme dans le but d’empêcher la grossesse seraient en effetde 20 à 50fois plus élevées que la quantité fabriquée naturellement par les ovaires.
Le docteur Arnal confirme quedes complications sont encourues non seulement par les femmes à terrain à risque, comme les consommatrices de tabac, les femmes ayant des antécédents proches de cancers du sein ou celles souffrant d'obésité, mais également par toutes les utilisatrices.
Marion Thelliez, naturopathe spécialisée en santé intestinale, nous explique qu’ingérer des hormones de synthèse quotidiennement n’a rien d’anodin et est par essence anti-physiologique. Leur assimilation demanderait au corps un tel effort de métabolisation que le foie aurait plus de difficultés à assurer correctement ses fonctions premières d’épurateur de l’organisme.
Prendre conscience des effets secondaires
La Haute Autorité de la santé(HAS) est d’ailleurs formelle quant à l’importance de fournir une information claire sur les précautions d’emploi des contraceptions hormonales combinées.
En 2014, dans leur publication Pilule : on vous cache la vérité depuis 50 ans!,le professeur Joyeux et Dominique Vialard ont dressé l’inventaire des effets secondaires fréquents que chaque femme peut connaître: perturbation de la libido naturelle, dépression immunitaire chronique, phénomènes allergiques, candidose, anxiété, insomnies, difficultés de concentration, troubles cutanés, risques de virilisation, tensions mammaires, maux de tête ou céphalées, hypercholestérolémie, hypertension artérielle, rétention d’eau, prise de poids, tumeurs bénignes du sein, du foie, kystes des ovaires, dépression, troubles du comportement, aggravation du stress oxydant, accroissement corrélatif des risques de maladies dites de civilisation y compris les maladies auto-immunes, etc.
Quant aux risques, ils sont nombreux: thrombo-artériels et veineux, cancers du sein, etc. En août 2005, le Centre international de recherche sur le cancerclassait les contraceptifs œstroprogestatifs dansle groupe des cancérogènes avérés, au même titre que l’amiante.
Pilule et découverte de la sexualité
La sexologue Catherine Solano met également en garde, dansLes trois cerveaux sexuels,contrel’impact qu'a une contraception hormonale précoce sur la découverte de la sexualité chez les jeunes filles. La pilule réduit en effet la testostérone dans le sang et les fluctuations naturelles de la libido et "personne ne réalise l'ampleur de cette difficulté qui se révèle généralement après des années, quand le manque de désir féminin pose problème dans le couple".
Pour Bérengère Arnal, l’utilisation de préservatifs suivie de la pose d’un dispositifintra-utérin en cuivre (disponible en format "short"), dès maturation de la vie sexuelle, est la meilleure solutionpour que les jeunes filles puissent s’épanouir pleinement. Pour ce qui est de l’adolescente en proie à une acné sévère et invalidante, il est possible de la soulager par traitement hormonal, en complément de soins plus naturels.
Selon la HAS, "la contraception hormonale combinée augmente de 2 à 6fois le risque de maladie thromboembolique veineuse". C’est pourquoi il est impératif pour le docteur Arnal d’effectuer un bilan de thrombophilie afin de détecter les éventuelles anomalies génétiques de la coagulation. Elle préfère par ailleurs les pilules récentes de deuxième génération aux plus anciennes qu’elle qualifie de "préhistoriques".
Pour Milène Clichy, formatrice en Planning familial naturel et auteure du livre Vivre sa fertilité naturellement, l’enjeu est surtout d’aider les jeunes filles à comprendre età "habiter" leur corps en transformation, à se familiariser avec les responsabilités qui en découlent defaçon à ce qu’elles puissent prendre conscience, entre autres, des conséquences qu’une grossesse pourrait avoir dans leur vie.
Pilule vs environnement
Enfin, la pilule contraceptive soulève également de réelles questions au niveau environnemental. En effet, les résidus d’œstrogènes sont amenés à se retrouver dans la nature, celle-là même d’où provient notre eau potable.
Selon l'Agence nationale de sécurité sanitairede l’alimentation, de l’environnement et du travail,un perturbateur endocrinien est "une substance ou un mélange exogène possédant des propriétés susceptibles d’induire une perturbation endocrinienne dans un organisme intact", interférant ainsi avec le fonctionnement des organes responsables de la sécrétion des hormones. Il s’avère justement que les résidus d’œstrogènes agissent comme le plus puissant de ces perturbateurs et sont suspectés de favoriser la puberté précoce, le cancer de la prostate, le cancer du sein et l'infertilité masculine.
Dans le documentaire Mâles en péril, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade démontrent que les eaux usées des grandes villes sont tellement chargées en œstrogènes qu’elles pourraient non seulement causer la féminisation des poissons mâles, mais également conduire à la disparition d'une espèce sur deux, et perturberla reproduction humaine.
Quelles alternatives à la pilule ?
Quant aux alternatives envisageables, prudence! De nombreux moyens de contraception vous libéreront, il est vrai, de la prise quotidienne du comprimé, mais pas des hormones. Fabienne Beguerie, naturopathe et auteure de l’ouvrage Quelle contraception choisir, nous rappelle que le principe reliant l’implant sous-cutané et le DIU hormonal ou encore l’anneau vaginal et le patch œstroprogestatif est, à peu de choses près, le même; seule la voie d’administration diffère.
Il semble utile d'ajouter que les"bio-pilules",qui n’ont de bio que le nom car créées par synthèse, ou bien encore celles qui offrent aux femmes le "luxe"de n’avoir leurs règles que quatre fois par an voire pas du tout, sont tout simplement un non-sens d'après le docteur Arnal.
Heureusement,de nombreuses solutionsmécaniques et naturelles existent. C’est le cas du préservatif masculin, du DIU en cuivre, du diaphragme et de la cape cervicale. La symptothermie est aussi une option! Milène Clichy insiste sur le fait que la fertilité ne doit pas être vue comme un problème mais comme faisant simplement partie du quotidien du corps de la femme.
Dans les années 1980, la gynécologue Anna Flynn mettait au point une méthode d'observation des indices combinés permettant aux femmes de gérer leur fertilité de façon saine, autonome et responsable.Basée sur l’observation de la température, de la glaire cervicale et du col de l'utérus, cette alternativeaccessible à toutes après une courte formation permettrait de distinguer les jours infertiles des jours fertiles avec une efficacité selon elle supérieure à celle de la pilule, sans aucun effet secondaire.
Et quel bonheur de ressentir à nouveau son corps exempt de toute influence extérieure!Le Lady-Comp®, véritable moniteur de fertilité, saurait quantà lui indiquer avec précision à quelle période du cycle se situe l'utilisatrice grâce à l’étude de sa températureau moyen d’un algorithme.
Prendre la pilule... avec discernement
Chaque femme devrait pouvoir choisir la contraception qui lui convient, en connaissance de cause et en adéquation avec ses convictions et son mode de vie. Il n’est pas question de fustiger la pilulemais d’apporter aux femmes matière à réflexion. Les utilisatrices convaincues doivent garder en tête qu’elles devront prendre particulièrement soin de leur hygiène de vie: ne pas fumer, drainer leur foie régulièrement, avoir une alimentation adaptée et pratiquer une activité sportive régulière.
Bérengère Arnal souligne également l’intérêt de faire des cures de vitamine B6 et de minéraux compensatoires, comme le magnésium, afin de pallier les déficiences induites par la prise de lapilule, à laquelle la femme devrait avoir recours le moins de temps possible dans sa vie.
Comprendre etappréhender sa fertilité avec conscience, de façon à préserver santé et épanouissement personnel, n’est-ce pas là la véritable liberté?Par ailleurs, ne serait-il pas temps de donner aux hommes la possibilité de se responsabiliser davantage en matière de contraception?
Merci à notre experte,le docteur Bérengère Arnal.
Notre dossier complet sur la contraception au naturel.