1. 3 kifs par jour, c’est un état d’esprit ?
C’est une pratique. Comme un exercice physique. En repérant trois kifs dans sa journée, on muscle sa gratitude. Et en musclant sa gratitude, on allonge son espérance de vie et on éloigne les accrocs de santé. Au passage, surtout, on goûte au meilleur de sa journée, de ses relations et de sa vie.
2. Le bonheur est-il une question de confiance en soi ?
Paradoxalement, c’est la résilience à la suite de malheurs qui construit le plus notre confiance en nous. Et qui renforce notre système immunitaire psychologique pour nous permettre de nous sentir heureux. Le bonheur est la conjonction entre le plaisir, l’engagement et le sens que l’on trouve à ce qu’on fait. Le trop ou le trop peu de confiance en soi ne prive ni de plaisir, ni d’engagement, ni de sens. Chacun a ses chances.
3. Les kifs sont-ils communicatifs ? Si oui, est-ce une forme de « spirale du positif », sujet que vous abordez dans le livre ?
Lorsque nous sommes dans un état d’esprit positif, nous devenons plus intelligents, plus créatifs et plus aptes à nous relier aux autres. Les médecins font des diagnostics plus rapides et plus justes, les élèves réussissent mieux leurs contrôles, les projets d’équipe avancent plus vite et plus haut. Lorsque je vous fais part de ce qui me réjouit et que je m’enquiert de ce qui vous touche, s’installe entre nous une énergie positive qui nous entraîne ensemble. Les chercheurs ont observé les bénéfices secondaires des états positifs de notre cerveau, tous sont exponentiels. Un kif est donc une première marche vers plus de jeu, de curiosité, d’exploration et de capacité à savourer. C’est tout bon.
4. Parmi tous les kifs que l’on vous a racontés, lesquels vous ont le plus plu ?
Tous. Si ça vous touche, ça me plait. Point. Un kif n’a besoin d’être ni original, ni coloré, ni exotique ou fantastique. Tout juste éprouvé, ressenti, remarqué, apprécié et dans ce cas précis, partagé.
5. Dans le livre, il y a un chapitre entier sur les rituels. Pourquoi leur avoir accordé une telle place dans un livre sur le bonheur ?
La ritualisation est la grande découverte de la psychologie positive. Il nous est possible de changer ; de modeler de nouveaux circuits neuronaux dans notre cerveau pour aller vers ce qui nous fait du bien : le sport, l’écriture, la capacité à s’émerveiller, la méditation, l’attrait de la nouveauté ou les câlins, par exemple.
Mais, changer du simple fait de sa volonté est très difficile car c’est une denrée limitée et fragile. La ritualisation nous permet donc d’instaurer de nouvelles pratiques sans discussions interminables avec nous-même pour savoir si on y va ou non, à ce cours de gym. On y va le mardi, un point c’est tout. La régularité nous assiste, jusqu’à ce que cette nouvelle habitude soit naturelle.
6. Etre imparfait, c’est la recette du bonheur ?
C’est une des recettes du bonheur. Il faut préférer faire du mieux que l’on peut que bien à tout prix. Il y a beaucoup d’entre deux et de demi-échecs dont je suis fière. Je peux changer d’avis sans me sentir remise en cause, j’ai le droit de savourer mes victoires et je prends du plaisir à extraire des informations de mes erreurs. J’accepte que celles-ci fassent partie de la vie. Et je sollicite même les suggestions des autres, pour en profiter.
En résumé, en me préoccupant plus de ce qui me conviendra que de ce qui doit être, je ne suis plus condamnée à la victoire ou à l’échec, je ne m’autocritique plus de façon excessive et je cesse de me montrer défensive aux suggestions et remarques. Tout est plus réel, plus doux et plus plaisant et certainement plus parfait.
3 kifs par jour, de Florence Servan-Schreiber. Editions Marabout.