On s'en doutait, les chiffres le confirment désormais. D'après la grande enquête de l'ObSoCo, dont les résultats ont été révélés en ce début février, 93% des Français ont pratiqué au moins une activité créative au cours de l'année 2016. Bricoler, jardiner et cuisiner sont le trio gagnant des activités manuelles préférées des Français, avec respectivement 61 %, 57% et 56% de pratique.
Ces chiffres élevés reflètent le nouveau rapport des Français à la consommation : le toujours plus ne fait plus recette, on lui préfère l'authentique et le fait-maison. Mettre la main à la pâte rend heureux, affirment les chercheurs en psychologie. Ainsi l'explique Philippe Moati, Professeur agrégé d’économie à l’Université Paris-Diderot et Directeur scientifique de l’ObSoCo : « Les travaux de recherche récents mettent de plus en plus l’accent sur la distinction entre deux approches du bonheur. Il y aurait d’une part le bonheur « hédonique » qui réside dans la maximisation des plaisirs et la minimisation des peines. C’est celui-ci qui semble condamné à la saturation (qui pousse à la fuite en avant) dès lors qu’un certain niveau de vie a déjà été atteint. Le bonheur « eudaimonique », lui, passerait par la découverte et le développement par chacun de son « daimon », c’est-à-dire de sa nature profonde, de ses dispositions, de ses talents, de ses goûts. Autrement dit, un bonheur qui passe par la réalisation personnelle. ».
Prendre le temps de vivre
Au-delà de la tendance profonde pour les activités de DIY, de la cuisine (56%) au tricot (23%) en passant par la photographie (41%) ou la sculpture (17%), les Français sont aussi friands d'activités ludiques et de groupes : ils sont ainsi 63% à assurer avoir joué à des jeux de sociétés l'an dernier, 19% à pratiquer un sport collectif (50% à pratiquer un sport individuel) et 17% à s'engager pour une cause, qu'elle soit politique ou associative.
En moyenne, un Français pratique plus de cinq activités créatives par an. Et seul le temps (pour 66% d'entre eux), encore et toujours, les empêche de s'investir plus dans leurs pratiques extra-professionnelles. La question financière arrive en seconde position, mais loin derrière : 23% des interrogés déclarent qu'une contrainte financière les freine.
A ce sujet, quand bien même une partie des Français se tournent vers le « faire » pour se détourner de la surconsommation, ce marché est loin d'être anondin dans l'économie : il pèse 95 milliards d'euros, soit deux fois plus que celui de l'habillement ! Le budget des familles a évolué en conséquence, assure Philippe Moati au Figaro : il faut prévoir « l'achat ou la location de l'équipement nécessaire à la pratique, le matériel ou les outils, les cours ou stages... ». Mais ces dépenses sont un investissement qui valent la peine : 8 Français sur 10 se disent passionnés par les activités qu'ils pratiquent. Et c'est bien connu, quand on aime, on ne compte pas.