Féminin Bio : Claudie Ravel, d’où vient votre intérêt pour les ingrédients naturels ?
Claudie Ravel : notre enfance a été baignée dans un environnement lié à la nature et les plantes. Nous étions trois sœurs, soignées à l’homéopathie, utilisant des recettes traditionnelles pour l’hygiène du corps et une cosmétique simple. Notre mère nous répétait qu’il fallait « se responsabiliser sur sa propre santé… » et nous avions une bibliothèque remplie de livres sur les médecines du monde et les voyages. Nous aimions accompagner mon père dans notre jardin familial, où poussaient en biologique et biodynamie divers légumes, fruits, plantes aromatiques, pour les besoins familiaux, que nos parents avait complété avec un petit poulailler, afin d’avoir les bons produits.
Féminin Bio : Qu'est ce qui vous a amenée à la cosmétique BIO ?
Claudie Ravel : les recettes familiales puis l’observation des populations locales très attachées à la nature encore préservée dans divers pays du monde. Leurs traditions sont des bases essentielles pour une prise de conscience d’un « retour aux sources » avec l’idée toute simple que « tant que la nature sait faire , pourquoi ne pas choisir le naturel ». Ces produits ont été utilisés pendant des millénaires par de nombreuses populations de terres d’origines. Lorsqu’on fait le tour du monde, on se rend compte que les forêts tropicales tels que l’Amazonie, véritable laboratoire phytothérapique de la planète, et le Sri Lanka qui comportait 60% de forêts tropicales en 1850 et 6% actuellement, abritent des millions d’espèces végétales et animales merveilleusement complémentaires.
Féminin Bio : comment est venue l’idée de fonder la marque Guayapi Tropical ?
Claudie Ravel : de formation gestionnaire et juridique, j’ai occupé le poste de bras droit du P.D.G chez Daniel Hechter. J’avais en charge les licences internationales, le juridique, la surveillance mondiale des marques et contrefaçons, puis la communication. Je souhaitais devenir technicienne de tourisme et installer dans des lieux cachés du monde entier ce qui s’appelle maintenant l’écotourisme. Après 12 ans dans l’entreprise, enceinte et souhaitant équilibrer une bonne qualité de vie, j’ai décidé de partir afin de créer mon propre poste, en me consacrant à « mes amours premières » : les soins par la nature.
Féminin Bio : qu'est ce qui vous plaît le plus dans votre métier au jour le jour ?
Claudie Ravel : ce que j’aime c’est partir en amont au fin fond de l'Amazonie, rencontrer des personnes qui ont gardé ce lien profond avec la terre, ces hommes qui possèdent un immense savoir, transmis de génération en génération. Ils perpétuent leurs légendes et le respect infini de la nature. Ensuite, je souhaite apporter au consommateur final le bénéfice du naturel au-delà du biologique, induisant les critères sociaux. Il est essentiel que les Occidentaux deviennent des consommateurs responsables, "consom'acteurs" à l’inverse de cette course aux achats inutiles à bas prix sans en connaître la traçabilité.
Féminin Bio : comment voyez-vous l’avenir de la cosmétique Bio ?
Claudie Ravel : de plus en plus de gens se mobilisent écologiquement. Ce n'est que l'émergence du bio et surtout de la biodiversité. L’individu doit se responsabiliser dans sa démarche d’achat. Il est nécessaire d’agir avec la mise en valeur de plantes issues de terres d’origines selon trois critères essentiels : environnementaux, biologiques et sociaux. Depuis que les gens ont réalisé que ce qu’ils appliquent sur la peau allait aussi en profondeur, ils tentent de lire les étiquettes et n’achètent plus aveuglément. Nous sommes bombardés de questions. Tout le monde a besoin de retrouver confiance.