Sans silicones, sans paraben, sans polyéthylène glycol (PEG), sans parfum... puissants outils de marketing, ces allégations se sont démultipliées ces dernières années.
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En 2017, les cosmétiques estampillés « sans paraben » ont vu leurs ventes augmenter de 2,3% par rapport à l'année précédente.
Ces allégations posent un problème de transparence
Par exemple, la mention "sans paraben" n'exclut en rien la présence d’autres conservateurs potentiellement irritants, allergisants ou toxiques pour l'organisme.
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Ainsi qu'un problème de concurrence
Mentionner l'absence d'un ingrédient sur l'étiquette d'un produit peut revenir à dénigrer les produits similaires qui en contiennent. D'après le principe de non concurrence, "les messages ne doivent pas être construits sur des arguments dénigrants visant un ou des produit(s) concurrent(s)" .
Ainsi, la nouvelle réglementation aspire à favoriser les mentions "avec" plutôt que "sans", jugées plus justes sur ce point.
Au 1er juillet 2019, certaines allégations "sans" seront interdites
Suite à une mise à jour de la commission européenne sur la question, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (l’ARPP) a changé la règlementation concernant les allégations sur les produits cosmétiques. Le nouveau document entrera en vigueur le 19 juillet 2019.
La plupart des allégations "sans" (qui représentent 20% des allégations présentes sur les cosmétiques) vont être interdites. Parmi les autres formes d'allégations, les mentions "hypoallergénique" ou encore "à base d’ingrédients naturels" sont également concernées par ce réajustement.
L'ARPP retient 6 principes :
- L'allégation "sans" ne peut être autorisée si l'ingrédient concerné est interdit. Par exemple, le Diéthylaminoéthyl étant interdit, la mention "sans Diéthylaminoéthyl" ne pourra pas être utilisée.
- Pour pouvoir revendiquer l'absence d'une substance, il faut qu'elle soit totale. Par exemple, la mention "sans formaldéhyde" n’est pas autorisée si le produit contient un ingrédient libérant du formaldéhyde.
- La mention "sans" ne peut être indiquée sans preuve conforme et vérifiable de la véracité de cette information.
- Il est interdit de mettre en avant une allégation "sans" qui suppose l'absence d'un risque alors qu'un autre ingrédient présent dans le produit peut potentiellement présenter le même risque. Par exemple, la marque ne peut indiquer "sans parfum" lorsque le produit contient un ingrédient exerçant une fonction parfumante.
- Les allégations impliquant un message dénigrant sont désormais proscrites. En effet, la mention « sans parabènes » n’est plus autorisée car - d'après le document - elle dénigre le groupe entier des parabènes, alors que certains (phénoxyéthanol, triclosan) sont qualifiés comme étant "sans danger" (par la Commission européenne) si les doses réglementaires sont respectées.
- Les revendications "sans" ou celles de signification similaire sont autorisées quand elles permettent un choix éclairé. Comme c'est le cas pour l'indication "sans acétone" dans les vernis à ongles, dont l'utilité est confirmée.
En bref, cette nouvelle réglementation se donne pour but de lutter contre les manipulations de langage pouvant induire le consommateur en erreur ou entraîner un risque de concurrence déloyale. Bien que le chemin vers la transparence soit encore long et que l'effet cocktail ou l'effet cumul de certains ingrédients - comme le triclosan, qu'on retrouve dans différents produits - ne soient toujours pas pris en compte (plus d'infos dans cet article). Les industriels ont jusqu'au 1er juillet 2019 pour mettre à jour le packaging des produits concernés.