1. Pourquoi avez-vous senti le besoin de publier une nouvelle édition de ce guide en ce début d’année ?
En 2009, le Parlement européen a voté un nouveau règlement sur les cosmétiques, il devrait entrer en vigueur le 11 juillet 2013. Il y a donc un nouveau cadre législatif pour l’industrie des cosmétiques. De plus, deux nouvelles certifications pour les cosmétiques bio et naturelles sont apparues : NATRUE et Cosmos. J’aborde aussi dans ce livre des aspects thématiques qui n'ont jamais été traité jusqu'ici, ou tout au plus accessoirement, par exemple le sujet des cosmétiques vendus en pharmacie.
Le but de ce livre est de proposer au consommateur une somme compacte qui réunisse des informations complètes pour chaque type de cosmétique, la conventionnelle aussi bien que la cosmétique naturelle et bio. J'ai trié et classifié toute l'offre cosmétique devant laquelle le consommateur se retrouve suivant un nouveau système, celui des feux tricolores. Ainsi, il lui sera plus facile de s'orienter dans la jungle de l'offre cosmétique.
2. Depuis la première édition de votre livre en 2005, on a le sentiment que vous êtes presque plus en colère car les grands industriels n’ont pas beaucoup évolué et pire ils ont remplacé certaines substances par de la chimie plus dure encore. On se moque des consommateurs ?
L'industrie cosmétique ne s'intéresse qu'à une seule chose : elle veut vendre. Et comme le législateur n'intervient pas pour un grand nombre de questions, le consommateur sert de cobaye. Dans le meilleur des cas, on découvre les problèmes et leur gravité lorsque le mal est déjà fait. Mais de nombreux problèmes ne seront jamais connus.
La manière dont on traite le consommateur me rend furieuse. Un exemple : depuis quelques temps, on trouve l'indication « sans ammoniaque » sur beaucoup des colorants capillaires. Le consommateur pense donc qu'il y a, enfin, un ingrédient problématique de moins. Il n'en est rien. Dans la plupart des cas, on remplace l’ammoniaque par l’éthanolamine, qui est beaucoup plus douteuse sur le plan toxicologique et peut former des nitrosamines cancérigènes. Afficher l’absence d’une substance peut en réalité masquer des dangers potentiels. Que penser d'un tel comportement de l'industrie ? Moi, je dis : oui, on se moque des consommateurs.
3. Quel comportement vous choque le plus chez les grands industriels de la cosmétique ?
En dehors de ce que je viens de dire, je trouve cynique l'impudence avec laquelle on fait naître l'espoir d'un effet de rajeunissement avec une crème de visage, et la politique d'offre d'un certain nombre de fabricants, qui, pour moi, est irresponsable. Ils balancent sur le marché une multitude de crèmes et le consommateur a de plus en plus de mal à déceler si un produit est bon pour son type de peau ou pas. L'industrie sait pertinemment qu'un mauvais soin peut avoir des conséquences dramatiques, mais c'est un risque que l'on accepte de toute évidence.
Un seul exemple : je viens d'analyser une crème très onéreuse. Sur l'emballage on peut lire : « Protecteur Hydratant Intensif Jour ». De nombreuses personnes pensent (à tort) qu'une peau sèche a d'abord besoin d'humidité, et elles se ruent sur les crèmes hydratantes. Mais la crème en question est tout sauf un produit de soin pour peau sèche. Il est destiné à des peaux normale ou grasse. Or, on n’apprend cela que si on lit attentivement les indications au dos de l'emballage. Pourquoi ne l'indique-t-on pas sur le devant ?
4. Vous pointez les différences entre les nombreux labels bio existants. Est-ce problématique pour le consommateur ?
Les différents labels de certification ont de nombreux points communs, et il n’y a pas de risque pour la santé des consommateurs. Je considère juste qu’il y a des différences d’ordre qualitatif. Je prendrais comme exemple l'offre en matières premières pour cosmétiques naturels et bios, qui a beaucoup évolué. Il existe désormais des huiles synthétiques dont seuls 1 ou 2%, dans le meilleur des cas, des substances de départ sont de qualité biologique. Ces huiles n’ont pas les agents actifs des huiles 100% bio, très bénéfiques pour la peau. De même, il y a une grande différence si on accepte d'inclure l'eau dans le calcul du taux des ingrédients bio pour un produit. Un taux élevé en eau entraîne, d'après moi, une qualité bio très « diluée ».
Pour le consommateur il est difficile de distinguer et d'évaluer les différences entre ces labels. Dans le livre, j'ai essayé de les décrire de manière aussi compréhensible que possible, car je souhaite qu'il puisse choisir en toute connaissance de cause. Personnellement, j'appelle de mes vœux une cosmétique naturelle et bio avec une haute qualité authentiquement naturelle pour le bien de ma peau et de notre environnement.
5. Finalement, quels solaires choisir ?
En principe, le consommateur n'a le choix qu'entre des produits solaires à protection UV synthétique ou minérale. La cosmétique naturelle et bio certifiée emploie exclusivement des filtres minéraux. Pour le reste, on utilise généralement dans ce type de produits des filtres UV synthétiques, quelquefois en combinaison avec une protection minérale. Mais ce qui domine, ce sont presque exclusivement les filtres synthétiques. Ma décision est prise : je continue d'utiliser des produits naturels et bio, donc des crèmes solaires à protection UV minérale.
6. Quelles colorations capillaires choisir ?
Colorer ses cheveux par des produits chimiques est risqué, car pour remplacer durablement la couleur de ses cheveux par une autre, il faut employer des armes lourdes. Les mises en garde obligatoires sont une preuve que la chimie de la coloration capillaire conventionnelle est douteuse. Depuis novembre 2011, les fabricants doivent même afficher sur certains produits qu'ils ne sont pas destinés à des adolescents de moins de 16 ans. Les risques sont particulièrement élevés dans le cas d’éclaircissement des cheveux. Certaines colorations à oxydation peuvent avoir de lourds effets secondaires.
La seule alternative à cette chimie, ce sont les colorations végétales. Malheureusement, très peu de fabricants proposent une assez large palette de ce type de colorations (Logona et Sante, par exemple). De plus, elles ne sont pas très faciles d'emploi (surtout les colorations sous forme de poudres) et elles n'offrent pas un aussi grand nombre de possibilités que les colorations chimiques. Malgré cela, j'aimerais que davantage de consommateurs se tournent vers cette alternative à la coloration chimique, surtout les personnes qui ont tendance à développer des allergies et celles qui possèdent une peau très sensible.
7. Votre meilleure potion anti-ride, quelle est-elle ?
Pourquoi tant de femmes ont recours au Botox ou consultent un chirurgien esthétique ? Parce qu'aucune crème n'est capable d’arrêter ou même revenir sur les processus normaux du vieillissement. Le vieillissement est avant tout influencé par les dispositions génétiques et par le soleil. Il est prouvé qu’une femme de 25 ans qui fréquente régulièrement un solarium a une peau plus vieille de 10 ans. Ce processus est irréversible, même si les conséquences – les rides – apparaissent pleinement seulement au delà des 40 ans. La peau n'oublie rien.
Pour les crèmes, je fais attention à ce qu'elles soient adaptées à l'état de ma peau. Une peau bien équilibrée est plus ferme et en même temps aussi lisse qu'elle peut l'être. Les petites rides se voient moins, mais elles sont là et elles restent, tout comme d'autres signes de vieillesse. S'attendre à ce que l'on puisse faire tourner la roue du temps dans l'autre sens est une illusion. Et l'industrie cosmétique la nourrit bien volontiers.
J'aimerais que de plus en plus de personnes arrêtent de se préoccuper continuellement de leurs rides et autres « défauts ». Un visage sans ride et un poids idéal, sont-ils la garantie pour une vie heureuse ? Pas du tout ! Je pourrais donner une multitude d'exemples pour étayer ce constat. Bien se soigner avec des cosmétiques procure un vrai plaisir. En attendre trop rend mécontent et malheureux.
Notre présentation de la nouvelle édition de La vérité sur les cosmétiques.