Toute substance chimique étrangère (solvant inhalé, médicament, polluant) peut avoir, potentiellement, un effet sur le développement du fœtus et entrainer une anomalie. On parle d’effet tératogène, qui survient principalement pendant les 3 premiers mois, c'est-à-dire pendant la période dite d’organogenèse. Par ailleurs, certaines substances sont toxiques pour le fœtus (fœtotoxiques) et peuvent même provoquer un avortement (substances abortives).
Des huiles essentielles clairement abortives ou tératogènes existent, mais elles sont interdites à la vente (plectranthus, genévrier sabine...)
Le risque d’effet tératogène, fœtotoxique ou abortif est probablement inexistant pour la plupart des huiles essentielles en vente libre. Le problème, c’est qu’il n’a pas été évalué pour la majorité d’entre elles. Les rares huiles essentielles testées (fenouil, orange) ont montrés des résultats rassurants, s’avérant non tératogènes sur modèles animaux). Par contre, des doutes subsistent vis-à-vis de certains composants des huiles essentielles, notamment des cétones. Mais on ne va pas les lister ici et demander aux femmes enceintes d’apprendre par cœur la liste des huiles essentielles déconseillées ou de contrôler leur chromatographie pour y repérer les constituants douteux !
C’est pour cela que, par défaut de preuve scientifique de leur innocuité et au nom du principe de précaution, les huiles essentielles sont globalement contre-indiquées aux femmes enceintes.
En tant que toxicologue, je considère cette recommandation comme un excellent moyen de se préserver de tout risque. Néanmoins, certains aromathérapeutes sérieux et expérimentés n’hésitent pas à conseiller des remèdes huiles essentielles pendant la grossesse. Danièle Festy (pharmacienne) a même écrit un livre sur le sujet aux éditions Leduc.
Au final, pendant la grossesse, mieux vaut alléger l’usage des huiles essentielles si l’on est une adepte de l’aromathérapie. Ainsi, essayez de vous en passer pendant les 3 premiers mois et juste avant le terme ; le reste du temps et jusqu'à la fin de l’allaitement, évitez les huiles essentielles pures et les formules très concentrées, les usages prolongés sur plusieurs jours et la prise par voie orale. Si vous employez de temps en temps un soin à base d’huile essentielle pour soulager des petits bobos, il ne faut pas s’affoler. Le risque zéro n’existe pas, mais on n’en est pas bien loin.
Par exemple, pour l’huile essentielle de menthe poivrée (souvent conseillée contre les nausées), vu les faibles doses inhalées en la respirant simplement, elle ne va présenter aucun danger. Par précaution, on peut préciser qu’il vaut mieux la respirer à 5-6 cm du flacon, pendant 3-4 secondes, 2 fois par jour maximum.
Pour aller plus loin, Le guide de l'aromathérapie, un hors-série FemininBio !