Cet article a été publié dans le magazine Fémininbio #18 Août-Septembre 2018
J’entends souvent des gens dire qu’ils n’osent pas montrer leur fierté par peur d’être jugés comme orgueilleux. En effet, de nombreuses personnes ne font pas la différence entre la fierté et l’orgueil. Pour les différencier, il est bon de se souvenir que la fierté se rapporte à soi-même tandis que l’orgueil est vécu face aux autres.
La voix de l'ego
Pour commencer, rappelons-nous que l’orgueil est une manifestation de l’ego qui se croit tout puissant, mais qui n'est que la totalité de nos croyances binaires : bien/mal, correct/ incorrect, juste/injuste, etc. L’ego vit sans cesse dans le passé parce qu’il représente la mémoire de ce qui a été appris tout au long de cette vie et des vies passées. Aussitôt qu’il y a un jugement de valeur, cela indique que l’ego a pris le dessus.
Voilà une des raisons importantes de nos nombreuses incarnations. Nous devons apprendre à écouter notre cœur (les besoins de notre être) plutôt que la voix puissante de notre ego. Cela semble presque impossible parce que nous avons laissé notre ego nous influencer depuis très longtemps, ce qui lui a donné beaucoup de puissance.
L’ego se transforme en orgueil lorsque vous tentez de convaincre les autres d’agir et de penser selon vos croyances.
On peut définir l’orgueil comme une opinion avantageuse, le plus souvent exagérée, qu’on a de sa valeur personnelle, aux dépens de la considération d’autrui. Être orgueilleux, c’est vouloir prouver aux autres que nous sommes ou faisons mieux qu'eux ou que nos connaissances ont plus de valeur.
La fierté, c’est tout ce qui touche une fibre en soi, qui rehausse l’estime de soi et notre valeur personnelle. Elle peut se rapporter à plusieurs domaines : à l'avoir, au faire ou à l'être. On peut, par exemple, être fière de posséder une maison dans un certain quartier, de travailler pour telle compagnie, de ses qualités, de ses capacités, de ses talents, d’une prise de conscience, de ses enfants, d'autres personnes, etc. Le contraire de la fierté est la honte. Celle-ci pousse la personne à vouloir cacher ce qu’elle fait, pense ou ressent.
Amour et peur
Dans la fierté, il y a de l’amour pour soi, et dans l’orgueil, il y a la peur, en général inconsciente, de ne pas être aimé.
Prenons l’exemple de celui qui obtient un poste qu’il convoitait depuis un certain temps. Celui qui est fier parlera à ses proches de sa persévérance, de sa détermination, de tout ce qu’il a fait pour y arriver. Lorsqu’une personne partage ce genre de succès avec fierté, elle est bien accueillie. Les autres sont contents pour elle et la félicitent spontanément. Ils reconnaissent la valeur de la personne qui parle. Par contre, celui qui a un comportement orgueilleux aura un discours qui rabaisse les autres, il fera tout pour recevoir des compliments et sera très déçu de ne pas en recevoir. Il sera donc porté à en rajouter, par exemple : "Tu vois, si tu faisais comme moi, toi aussi tu pourrais avancer." Ce qui se dégage de ce genre de personnes c’est "je suis mieux que toi et j’espère que tu vas le reconnaître".
Et vous ? Êtes-vous fière de ce que vous avez, faites ou êtes ? Vous permettez-vous de vous féliciter ? Et lorsque vous parlez de ce dont vous êtes fière, sentez-vous de la fierté de la part des autres à votre égard ? Lorsque la fierté est sincère et spontanée de la part des autres, lorsqu'ils sont heureux pour vous, vous pouvez conclure sans aucun doute que vous êtes vraiment fière de vous-même et non orgueilleuse.
L'autre, reflet de notre intériorité
Certains me demandent : "Si c’est de la fierté, pourquoi dois-je en parler aux autres ?"
La seule raison pour laquelle j’encourage les partages, c'est justement pour savoir si c’est de la fierté ou pas, car cela se vérifie par la réaction des autres.
Quand votre entourage se justifie de ne pas être aussi bon ou a une réaction d’envie ou de jalousie, cela vous indique que votre ego était à l’œuvre.
Il est important de se souvenir que la réaction des autres face à soi est toujours un reflet de ce qui se passe en soi. Après plusieurs partages, nous devenons capables de savoir si ce que nous vivons est vraiment de la fierté. Finalement, nous ressentons de moins en moins le besoin d'en parler.
Par contre, je me suis rendu compte que même si on ne parle pas de ce dont nous sommes fières, quelqu’un d’autre le fera pour nous et reflètera ainsi notre propre fierté.
La fierté, bonne pour l'équilibre
Il est normal et humain pour la plupart d'entre nous de tout faire pour rehausser l’estime et l’amour de soi ainsi que notre valeur personnelle, et ce, dans différents domaines.
Lorsque nous sommes contentes parce que nous venons d’accomplir un acte faisant appel à notre créativité, notre courage, notre détermination et notre persévérance, nous pouvons être fières de nous. La fierté n’enlève rien à personne pour autant qu’elle n’abaisse personne.
Alors, pourquoi ne pas être fières le plus souvent possible si cela nous aide ? Qu’elle soit manifestée ouvertement ou non, la fierté est un élément absolument essentiel à notre équilibre et à notre bonheur !
Pour terminer, je vous suggère d’être plus alerte pour devenir consciente des moments où votre ego vous dirige, c'est-à-dire lorsque vous vivez une émotion qui vous perturbe, une peur, une culpabilité et lorsqu'il y a un jugement de valeur ou une critique envers vous ou les autres.
Faites alors une pause, reconnaissez que ce n’est pas vous qui êtes maîtresse de votre vie à ce moment-là et, en écoutant votre cœur, demandez-vous ce que vous pourriez faire, penser, dire ou être à la place.
En diminuant l’influence de votre ego, vous découvrirez le bonheur d’être de plus en plus fière de vous et des autres.
Lise Bourbeau est fondatrice de l’école Écoute Ton Corps et auteure de 25 livres.
Ses sites : lisebourbeau.com et ecoutetoncorps.com