Cet article a été publié dans le magazine #36 septembre-octobre 2021
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On me demande souvent ce qui a été le plus difficile : courir un marathon au pôle Nord par -30 °C, devenir championne de France d’athlétisme et courir 240,6 kilomètres en 24 heures non-stop lors des derniers Mondiaux, réaliser une expédition en Antarctique à pied sur 2 045 kilomètres en 74 jours par -50 °C, ou courir sept marathons en sept jours consécutifs sur chacun des continents.
Et pourquoi, après des années d’études en philosophie, en économie, en droit, et autant d’années passées à exercer avec passion et engagement mon métier, alors que j’étais confortablement installée dans un bureau, les prêts étudiants remboursés, j’ai décidé de vivre d’exploration polaire, d’aventure et de sport.
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La difficulté est une notion relative. Le plus grand risque est bien souvent de ne pas suivre son cap, de porter le lourd regret du renoncement à devenir soi. On a tous une seule vie, et on ne peut pas en changer, mais elle est suffisamment longue pour que plusieurs moments de vie se succèdent, les uns après les autres, les uns derrière les autres. Non, il ne faut pas nécessairement tout concilier. Ni tout capitaliser. Au contraire, il est parfois vital de se lancer dans une nouvelle aventure, goûter ainsi la diversité du monde, se relier à soi et aux autres, se révéler dans cette succession de moments de vie, d’expériences. Les difficultés rencontrées finissent alors toujours par s’estomper devant l’accomplissement de soi.
Il ne s’agit pas d’effacer ce que l’on est devenu, mais de continuer à le façonner. Comme un sculpteur revient à son ouvrage pour creuser un à un les sillons qui donnent vie au corps de pierre.
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Notre faculté de changement et d’adaptation est une grande richesse. Une richesse que chacun porte en soi et qui est donc à la portée de tous ceux qui ne s’obstineront pas à la chercher ailleurs, divertis éperdus dans le seul profit immédiat d’une société de consommation, de possession, de capitalisation, où le sens de l’effort s’endort dans un perpétuel confort, où la science allonge la durée de vie moyenne, mais où l’espérance de vivre se consume bien trop tôt.
Chacun a pu en faire le constat. Un changement, une expérience nouvelle, est un chemin pour apprendre sur soi et sur le monde autour. Surtout pour ceux qui chutent, se relèvent et persévèrent. Ceux qui allongent la distance. Nous sommes tous passés par là au moins une fois. Nous avons tous connu cette courbe de croissance exponentielle. L’enfance.
La jeunesse n’a pas d’âge. Si personne n’échappe à la flèche du temps, il est possible de rester en mouvement pour s’en éloigner et vivre un peu plus.
Tout commence par un mouvement. Le temps, ensuite, fait son œuvre. Pour peu qu’on mette du cœur à l’ouvrage. Encore et encore.
Notre autrice
Stéphanie Gicquel est l’autrice de En mouvement, aux éditions Ramsay. Elle est aussi sportive de haut niveau, membre de l’équipe de France d’athlétisme, exploratrice, entrepreneure.