Cette interview a été publiée dans FemininBio magazine #20 décembre 2018-janvier 2019
FemininBio : Vous publiez “Les émotions cachées des plantes”. Ce serait donc vrai ? Les plantes ressentent des émotions ?
Didier van Cauwelaert : Oui, absolument ! Il ne s’agit pas de faire de l'anthropomorphisme, mais de partir de la définition de l’émotion, soit quelque chose qui déclenche des réactions physiologiques qui amènent à un trouble pouvant se répercuter à l’extérieur.
C’est Cleve Backster, spécialiste des interrogatoires à la CIA, qui fut le premier à effectuer des travaux sur une forme d’image mentale captée par la plante, à l’aide d’un polygraphe; vers la fin des années 1940. Prudemment, il appela d’abord cela “perception primaire” puis “biocommunication”.
Il montra que la plante placée sous électrode envoyait des réactions sur le polygraphe, en réponse aux pensées des humains. Bien sûr, ses travaux furent démentis par les sceptiques qui disaient que les réactions enregistrées venaient non pas de la plante mais du cerveau de Cleve Backster lui-même. Prenant cela au sérieux, il mit au point un protocole entièrement automatisé avec un minuteur déclenché de façon aléatoire. Il observa que la plante réagissait alors à l’image mentale du chercheur, au moment où celui-ci prévoit de rentrer dans son laboratoire.
Plus édifiant encore, il constata que cela fonctionnait uniquement si la plante avait passé du temps avec la personne, et non de façon aléatoire. On peut donc parler d’émotions des plantes, exactement comme peuvent les ressentir les animaux.
Vous sortez consécutivement un livre pour enfants sur les abeilles et celui-ci sur les plantes. Un sentiment d’urgence à parler de ces sujets ?
Je pense en effet qu’il y a une urgence à expliquer les abeilles aux enfants qui y sont très réceptifs. Ilssont tout autant inquiets de leurdisparitionque fascinés par leurs mystérieux superpouvoirs et leur intelligence sociale.
Mon intérêt pour ces sujets a débuté au Festival Sciences Frontières en 1995, où j’ai rencontré notamment Rémy Chauvin, qui m’a fait participer à ses expériences incroyables pour comprendre les abeilles.
Quant à Jean-Marie Pelt, il était le seul à l’époque à connaître les travaux de Cleve Backster en France, et ses récits lui valurent l’hilarité générale. Heureusement, la traduction française de son livre L’intelligence émotionnelle des plantes a fait taire les ricaneurs. Les travaux sont remarquables et on voit bien qu’il n’y a aucune part de bluff ou de volonté même d’illustrer une théorie, puisqu’il n’y en n’a pas. Le livre de Cleve Backster relate uniquement des observations, des mesures, des expériences, des protocoles aussi simplesque ceux de Rupert Sheldrake, prouvant la télépathie entre l’animal et l’homme.
Que diriez-vous de l’équilibre pyramidal dans lequel nous nous croyons au sommet, en tant qu’humain ?
Qu’il est totalement faux et risque d’être très provisoire si on ne réagit pas rapidement ! Il faut se rappeler que l’animal est venu du végétal.
Au départ, une algue brune s’est mis à développer des cils qui lui ont permis de nager. Se déplaçant alors, elle s’est fabriqué une bouche pour ingérer des proies et n’avait dès lors plus besoin de photosynthèse. Elle a alors perdu la chlorophylle puis s'est mis à respirer.
Tous les fossiles nous racontent cette histoire. On accepte de descendre du singe mais rappelons-nous que notre histoireremonte aux plantes !
Au sujet de cet équilibre, il est une information classée "secret défense" que m’avait révélée Jean-Marie Pelt et que j’exhume dans cet ouvrage. On a découvert, à peu près au moment où les OGM sont apparus dans les années 1990, que les pollens et les graines de palmiers dattiers ainsi que des pommes de terre contenaient des hormones spécifiques de l’être humain (progestérone, œstradiol) à un dosage rappelant celui de la pilule contraceptive. Le problème est que la nature ne fait jamais rien pour rien. Pourquoi alors pourrait-elle nous empêcher de nous reproduire ?
Pour le palmier dattier, les chercheurs du CNRS parlent d’une réponse aux singes qui proliféraient et malmenaient l’arbre. Concernant les pommes de terre, c’est un peu plus flou… L’homme ne peut vivre sans plante mais les plantes peuvent vivre sans humanité.
>> Cette interview a été publiée dans FemininBio magazine #20 décembre 2018-janvier 2019
En a-t-on vraiment conscience dans un monde où l’on croit pouvoir tout recréer par la technologie ?
Nous en sommes à tuer les abeilles puis à se dire qu’on les remplacera aisément par des drones. Il s’agit juste d’une démonstration de l’ego démesuré et suicidaire de l’être humain qu’il est urgent de remettre à niveau, car les plantes en ont assez !
Prenons l’exemple des pollens, de plus en plus allergisants. Les plantes, attaquées par notre pollution, fabriquent des pollens plus résistants pour pouvoir continuer à se reproduire. Or, on constate que dans les zones moins polluées, les pollens sont restés à leurs niveaux habituels. Quand le végétal n’est plus inquiet pour la diffusion de son pollen, il revient à la normale. Ce sont des réalités de terrain dont il faut tenir compte. Il est urgent d'accepterl’idée d’interconnexion entre tout le vivant et de la ressentir.
Si nous sommes interconnectés avec tout le vivant, que penser de toutes ces modifications que nous lui infligeons au nom de la science ?
C’est une catastrophe qui montre l’incompétence et l’ignorance au nom du profit !
Prenons l’exemple du maïs, fer de lance de la manipulation génétique, et de la lutte contre la chenille pyrale.
Avant d’y pulvériser du DDT(1), le maïs avait cette capacité naturelle d’envoyer des phéromones sexuelles qui attiraient une guêpe prédatrice de la chenille. Après pulvérisation, la guêpe ne s’y risque plus et on brise ce cycle.
Autre exemple, les manipulations génétiques subies par le maïs dans une quête de productivisme lui ont fait perdre la caryophyllène, une molécule qui protégeait naturellement ses racines d’un autre prédateur, la chrysomèle. Ses larves sont responsables de 110 milliards de dollars de pertes par an aux États-Unis, obligeant les chercheurs à réintroduire artificiellement la caryophyllène dans le maïs, récupérée dans l’origan.
Voilà, je préfère la démonstration par l’exemple qui est souvent plus parlante que les grands discours abstraits.
On comprend dès lors que l’objectif de Monsanto et consorts est d’empêcher la plante de se défendre par elle-même, de manière à vendre des produits pouvant remplir ce rôle ainsi que des semences stériles dépendantes de ces produits. Ainsi ils deviennent propriétaires de toute la chaîne.
Quel est l’espoir de retourner la situation tant que nous sommes gouvernés par les profits ?
Le premier espoir est la condamnation de Monsanto par la justice américaine (2). C’est un premier signal fort de reprise en main qui aidera à la prise de conscience. La mise en lumière d’un modèle qui a coûté des milliards chaque année à cause des manipulations d’ignorants apprentis sorciers qui nettoient la plante comme on nettoie un ordinateur.
C’est cet état d’esprit contre lequel il faut partir en guerre si on veut revenir les pieds sur terre. Et la bonne nouvelle c’est qu’il existe des solutions pragmatiques !
Joël Sternheimer, par exemple, a prouvé dans les années 1970 qu’on fait pousser des tomates sans eau dans le désert en leur envoyant la musique de leur protéine qui est associée à l’eau (3). Là encore, il s’agit du “signal”, de l’homéopathie musicale en somme. Mais il n’y a rien à vendre !
Cela pour dire qu’il existe des solutions qui fonctionnent, qui peuvent générer autrement du profit, mais pas au sein de l’alliance entre le fabricant de maladies et le fabricant de remèdes, ce qu’on vit actuellement avec Monsanto Bayer. Imaginez qu’on se soit basés sur cette découverte depuis le départ ? On diffuserait cela dans les champs pour produire autrement !
Quelle est alors votre mission dans tout cela ?
La circulation de l’information, en gardant l’esprit critique et la faculté d’émerveillement. Je suis un raconteur, et quand la réalité de la nature me raconte des histoires, je les transmets. C’est tellement incroyable qu’on pourrait croire que j’invente toutes ces choses. Montrer où en est la recherche est la seule solution pour sortir de ces modèles de grilles de profit, de mauvaise compréhension du monde, de lois scientifiques figées. Heureusement, ce modèle se fissure de toutes parts actuellement.
Alors, comment passe-t-on à l’acte pour changer notre modèle ?
Sur cette question des plantes, l’objectif est d’arriver à la mise en pratique généralisée de tous les faits prouvés par Sternheimer sur la manière de faire pousser les végétaux sans apport d’eau, de manière sonore. Toutes ces solutions techniques sont accessibles !
Aujourd’hui nous avons d’un côté l’intensif et l’échec de la politique de profit à court terme, de l’autre le bio. Mais qu’est-ce qui est encore bio aujourd’hui sachant que les sols, les pollinisateurs, le vent, l’eau sont partagés.
On a les moyens de faire complètement autrement dans un modèle économiquement rationnel. Pour cela, il faut casser nos vieux a priori matérialistes et, à ce titre, les travaux de Backster devraient être lus par tous. J’essaie à mon petit niveau de transmetteur d’infos de raconter ces histoires prouvées scientifiquement. À nous d’agir !
(1)Insecticide utilisé à partir de la Seconde Guerre mondiale.
(2)Monsanto a été condamnépar la justice californienne en août 2018à verser des dommages et intérêts à un jardinier américain en phase terminal de cancer, exposé au Roundup.
(3)www.alternativesante.fr/musicotherapie/se-soigner-avec-la-musique-des-proteines
Didier Van Cauwelaert est l'auteur du livre Les émotions cachées des plantes et Et si tu étais une abeille.