Le paludisme (ou malaria), véhiculé par le moustique anophèle, tue annuellement plus de cinq cent mille personnes, dont 70 % d’enfants. C’est, avec la tuberculose, l’une des maladies les plus mortifères. La moitié de l’humanité vit en zone impactée par ce fléau et deux cents à cinq cents millions de personnes sont infectées par an. L’Afrique subsaharienne dénombre la plus grande majorité des cas et 90 % de la mortalité. En plus de semer la mort et d’infliger aux survivants des retards neurologiques irréversibles, le paludisme a des conséquences socio- économiques lourdes, qui entraînent le ralentissement de la croissance et du développement de nombreux pays. Les médicaments antipaludéens, à l’origine de problématiques effets secondaires et trop chers pour la plupart des malades, développent des mécanismes de résistance chez le parasite.
L'artemisia annua, traitement "miracle" contre la malaria
Pourtant une plante est connue depuis des millénaires en Chine pour soigner ce mal : l’Artemisia annua. Prise en tisane, elle guérit à 98 % et interrompt le cycle infernal de la transmission. Mais cette plante était, il y a peu, encore inconnue en Afrique, hormis par quelques tradipraticiens.
Lucile Cornet-Vernet, orthodontiste parisienne, en entend parler un jour de 2012. Devant l’inertie, voire l’hostilité, des instances publiques de santé pour cette solution simple et à portée de tous, elle est saisie par un sentiment d’indignation et décide alors de faire de l’étude et de la dissémination de l’Artemisia le combat de sa vie. Le livre "Artemisia, une plante pour éradiquer le paludisme", paru aux éditions Actes Sud, retrace l'aventure incroyable de cette femme seule face au système médical qui se heurte à l’ignorance, le scepticisme, les interdictions et les réglementations.
Plante contre industrie pharmaceutique
Si le chemin est long et ardu jusqu’à l’élimination totale du paludisme, l’efficacité curative de ce remède naturel est la meilleure arme de propagande. La nouvelle se répand par le biais des patients guéris, et le Dr Lucile Cornet-Vernet essaime sans relâche des Maisons de l’Artemisia à travers tout le continent africain et bientôt en Asie et en Amérique du Sud. Elle est en passe de prouver que le pouvoir des plantes est le plus fort pour vaincre cette maladie.
L'artemisia a déjà fait l'objet d'un documentaire diffusé sur France Ô "Malaria Business" réalisé par Bernard Crutzen. Il a été plusieurs fois primé. A l’initiative des députés Cédric Villani (vice- président de l’OPECST*) et Stéphane Demilly (président du Groupe d’études « Santé mondiale : paludisme, sida et tuberculose » ), une projection est organisée à l’Assemblée nationale le 13 novembre en présence de Juliette Binoche, qui a prêté sa voix au film.
Retrouvez l'interview de Lucile-Cornet Vernet dans notre prochain magazine FemininBio à paraître fin novembre !
Depuis 2012, Lucile Cornet-Vernet mobilise tout son temps libre, son énergie et son réseau pour sensibiliser les instances publiques de santé à ce remède si e cace et bon marché qu’est l’Artemisia, et à créer des Maisons de l’Artemisia en Afrique, mais bientôt aussi en Asie et en Amérique du Sud.
Laurence Couquiaud est une globe-trotteuse, passionnée par la mer, qui a exploré dans ses nombreuses vies l’environnement des cétacés, l’architecture marine, puis la céramique en Asie. Son premier roman, La Mémoire sous les vagues, a reçu en 2016 le prix Femme actuelle.