Au coeur du bassin d'Amazonie, l’Ayahuasca est utilisée depuis des milliers d’années dans le cadre de cérémonies à but thérapeutique, pour soigner le corps ou l’esprit des patients. Si les vertus de l'Ayahuasca existent naturellement dans les composants chimiques des plantes utilisées dans le breuvage, certaines personnes oublient qu’il est essentiel que la prise se fasse avec un accompagnement sérieux et expérimenté, en Amazonie avec un chamane traditionnel, ou à n’importe quel endroit de la planète.
Il existe plusieurs raisons qui expliquent que l’Ayahuasca soit illégal dans de nombreux pays :
1. La préparation du breuvage est une opération délicate qui nécessite de réelles connaissances
Le nom Ayahuasca désigne à la fois le nom de la plante sacrée amazonienne et le breuvage dans la composition duquel elle entre avec d’autres plantes. Le simple fait de cuire le breuvage légèrement trop longtemps ou de mal équilibrer les ingrédients peut amener un risque pour la personne qui le consommera. Il ne s’agit pas tant d’un risque d’overdose physique, l’Ayahuasca ne représente pas de danger en elle-même, mais une "overdose psychologique" pouvant mener à certains troubles psychologiques temporaires.
2. La prise de l’Ayahuasca amène à une introspection profonde
Sa consommation amène à une mise en perspective de nombreux aspects de la psyché d’une personne, et si cela se fait sans accompagnement expérimenté, cela peut conduire à une certaine détresse ou même des crises d’angoisses importantes. La personne qui guide les cérémonies est présente justement pour permettre un accompagnement personnalisé. Ce rôle est essentiel et garantit la sécurité psychologique des personnes.
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Il convient donc, non seulement, de s’assurer d’être accompagné, mais de l’être par une personne de confiance, que cela soit avec un européen ou même un chamane traditionnel. Malheureusement, beaucoup de "chamanes" indigènes ne voient dans l’Ayahuasca qu’une manne touristique facilement exploitable, sans considération pour les personnes qu’ils reçoivent.
Les plus grandes difficultés surviennent lorsque des personnes préparent et prennent de l’Ayahuasca seules sans avoir conscience de l’aspect psychologique profond du travail qu’elle entamera. Cela peut entrainer des changements non désirés, aussi bénéfiques soient-ils.
3. Il existe de nombreuses interactions chimiques et médicamenteuses dangereuses dans le breuvage de l’Ayahuasca
Le chamane est là pour assister les personnes et s’assurer que leur condition physique soit propice à la prise de l’Ayahuasca, qu’il n’existe pas de problème physique incompatible (insuffisance rénale ou cardiaque par exemple), qu’il n’y a pas de prise de médicament problématique (surtout dans le cas des antidépresseurs, qui nécessitent un arrêt total de deux mois avant la prise d’Ayahuasca), ni de consommation de certaines drogues ou plantes médicinales.
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4. L’Ayahuasca, à préparation égale et dosage identique, reste imprévisible
Une personne ayant déjà fait une prise sans effets indésirables se sentira en confiance pour prendre le breuvage à nouveau. Il n’y a pas deux cérémonies d’Ayahuasca identiques, que cela soit dans leur déroulement ou dans leur intensité. Lorsque ces intensités atteignent certains niveaux, les problèmes liés à la détresse psychologique et émotionnelle peuvent surgir.
Le chamane est aussi là pour contrôler les énergies de la plante qui se dispersent dans le corps, pour s’assurer qu’elle ne risque pas de voyager trop loin ou dans des sphères dangereuses. Grâce à l’utilisation des Icaros, chants issus de la tradition amazonienne, le chamane peut accompagner ses patients lors des cérémonies.
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L’Ayahuasca est une pratique sérieuse, qui doit se faire dans le respect de la plante et des traditions qu’elle représente, mais aussi, et surtout, dans le respect de soi-même. Il ne faut pas déroger à cette règle sous prétexte que l’on s’embarque dans une expérience mystique, positive, pratiquée depuis des temps anciens, car comme n’importe quelle bonne chose, lorsqu’elle est mal employée, elle peut devenir néfaste. L’Ayahuasca est une plante médicinale et doit être traitée comme un médicament et avec respect, dû aux bienfaits qu’elle peut apporter à l’humanité.
Pour bénéficier de ses bienfaits, il convient de bien apprendre à connaître la plante, ce qu’elle exige de chacun, ce qu’elle peut apporter, mais aussi les difficultés qu’elle peut imposer. La prise de l’Ayahuasca n’est pas une activité récréative, c’est une thérapie et elle doit être abordée en tant que telle. Ce n’est que dans ce cadre particulier qu’une personne peut bénéficier du plein potentiel de cette plante merveilleuse.
Sébastien Cazaudehore est l’auteur de deux livres de "27 clefs pour révéler votre potentiel" et "Néo Ayahuasca, néo chamanisme, néo sapiens", et tient le blog Cazaudehore.
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