Cet article a été publié dans le magazine #28 avril-mai 2020
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Mais le silence n’est pas seulement l’opposé du bruit. Il peut aussi être condamnation lorsque nous sommes « réduits au silence ». Dans certains milieux mafieux existe même la célèbre « loi du silence ». Ce type de silence, nous le comprenons bien, n’existe que par opposition. Au bruit et à la parole. Ce silence est contraint et n’a aucune puissance.
Heureusement, le silence ne se définit pas seulement par défaut. Le silence. Le vrai. C’est le silence absolu. Mais celui-ci n’existe quasiment plus sur notre chère planète. Il a même fait l’objet de recherche : 50 zones dans le monde « de silence absolu » ont été répertoriées. Ce dernier se fait rare au milieu de l’agitation de notre monde contemporain.
Mais que dire de l’autre « silence » ? Celui qui est sacré. Gandhi préconisait notamment une journée de silence par semaine. Et pourquoi ce « silence sacré » a-t-il été choisi par de nombreuses traditions spirituelles ?
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Au cours de retraites en silence, il y a une première phase où le cerveau, emballé par nos pensées, continue de courir, comme le hamster dans sa cage. Doucement, si l’on peut dire, après une ou deux journées, le silence commence à pointer le bout de son nez. Le calme alors peut commencer à s’installer. Il est le prélude du silence.
Car le secret est là : nos pensées mais aussi nos corps sont constamment en activité, en « bruit». Mais notre être a besoin de silence au niveau de notre psyché et de notre corps. Si nous lui laissons la possibilité, il sait comment organiser, soigner et mettre en œuvre.
Ce silence et cette posture salvatrice sont un retrait, un ralentissement durable, une posture contemplative, presque militante devant la folle course de notre monde. Mais un art de vivre ô combien salvateur. Il ne s’agit ni plus ni moins que de se relier. À la terre, à soi-même et aux autres.
" Notre être a besoin de silence. "
C’est le fameux Wu Wei* du taoïsme. Dans une société où l’action et le bruit règnent, la non-action et le silence peuvent paradoxalement être bien plus puissants. Mais pour laisser agir l’ordre cosmique et lui donner les manettes, il faut d’abord se taire et laisser faire. Là est la véritable puissance du silence.
* " Wu Wei " est un concept taoïste qui peut être traduit par « non-agir » ou « non-intervention ». Pour autant, ce n’est pas une attitude d’inaction ou de passivité, mais le fait d’agir en conformité avec « l’ordre cosmique originel », le mouvement de la nature et de la Voie (Tao).
Notre auteur
Laurent Muratet est le fondateur de Terravita Project. Son livre, Into The Silence (Aluna éd.), préfacé par Alexandre Jollien, nous invite à renouer avec le vivant à travers la méditation.