Madame,
A l’occasion de la Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel, dont le thème pour cette année 2013 est : "Soutenir l’allaitement aux côtés des mères", la Coordination Française pour l’Allaitement Maternel voudrait attirer votre attention sur la nécessité d’un soutien précoce et continu auprès des mères qui font le choix d’allaiter.
La CoFAM, association "loi 1901" a été créée en 2000 pour “protéger, soutenir et promouvoir l’allaitement maternel”, le thème de la SMAM de cette année est en accord parfait avec nos objectifs. Des contacts existent depuis longtemps avec votre ministère qui nous soutient pour l’organisation de diverses actions en faveur de l’allaitement maternel.
La CoFAM a pris en charge plusieurs actions, dont
- La Semaine Mondiale pour l’Allaitement Maternel (SMAM) en partenariat avec l’Alliance Mondiale pour l’Allaitement Maternel (WABA).
- La mise en place initiale de « l’Initiative Hôpital Ami des Bébés », avec les premières maternités labellisées « amies de bébés », organisation reprise depuis 2011 par une association différente.
- L’organisation de « Journées Nationales de l’Allaitement » en partenariat avec des associations locales. La DGS a subventionné la JNA 2012 et celle que nous organisons en 2014.
- L’action « Allaitement et précarité » en cours sur deux zones : Paris, Petite Couronne (75/92/93/94) et Lille Métropole (59).
Nous souhaitons attirer votre attention sur:
- Les premiers résultats de l’étude Epifane menée en France sur la première année d’allaitement en 2012 ont montré que ‘Plus des deux-tiers des nourrissons (69%) recevaient du lait maternel à la maternité (60% de façon exclusive, 9% en association avec des formules lactées) ce qui démontre qu’au moins 69% des femmes souhaitent allaiter. Dès l’âge de 1 mois, ils n’étaient plus que la moitié (54%) à être allaités, et seulement 35% de façon exclusive’. Ces arrêts précoces sont un indice fort d’un manque d’information et de soutien des mères, ce dont elles se plaignent auprès des professionnels et des associations.
- L’analyse des certificats du huitième jour montre que les taux d’allaitement au démarrage qui ont augmenté régulièrement jusqu’en 2009 baissent depuis 2010 (www.drees.sante.gouv.fr).
Pourquoi cette évolution négative alors que :
- Les études de plus en plus nombreuses confirment les bénéfices en termes de santé à court, moyen et long terme de l’allaitement pour la mère et son enfant mais aussi en termes d’économie de la santé pour la société. L’allaitement favorise également le lien parents-enfants par l’attachement sécurisé qu’il procure.
- Le nombre de consultants en lactation IBCLC (International Board of Lactation Consultant Certified) et DIULHAM (Diplôme Inter Universitaire de Lactation Humaine et Allaitement Maternel) augmente. Cependant, faute de reconnaissance de cette activité, le nombre d’heures dédiées à l’information et au soutien à l’allaitement diminue ou disparaît dans bon nombre de pôles mère-enfant. En activité libérale également, ce temps de soutien, chronophage, n’est pas reconnu.
Ces éléments ont été argumentés dans le plan national allaitement rédigé en juin 2010 à la demande de la DGS.
Il est donc urgent que la société et les professionnels respectent et puissent accompagner le choix d’allaiter des parents. La mise en place de programmes de promotion de l’allaitement intégrant la formation des professionnels, l’information et le soutien des usagers a démontré son efficacité (EU Project on Promotion of Breastfeeding in Europe; Protection, promotion and support of breastfeeding in Europe : a blueprint for action. Commission Européenne, Direction de la Santé Publique et de l’Évaluation des Risques, Luxembourg, 2004)
Pour cela, il est essentiel :
- de développer un enseignement médical autour de la physiologie et des pathologies spécifiques de l’allaitement et des seins allaitants, comme pour toute discipline médicale. Un diagnostic exact permet d’envisager un traitement salvateur.
- que le temps passé par les professionnels de santé pour l’écoute, l’information et les soins aux mères allaitantes et aux bébés allaités soit comptabilisé comme un véritable acte médical qui soit rémunéré à sa juste valeur, au même titre par exemple que l’entretien prénatal précoce qui est un acte de prévention et de dépistage des difficultés de la parentalité. Cela représentera alors une marque de reconnaissance de cette activité et une source de revenus décente pour les consultants spécialisés en lactation comme pour les hôpitaux, qui ne pourront plus supprimer le temps des consultations d’allaitement pour raison économique
- que ces mêmes professionnels puissent rencontrer précocement les mères (le Plan National Allaitement préconise une consultation de lactation entre J8 et J15), et par la suite si besoin pour accompagner les difficultés pouvant survenir, la reprise du travail ou encore le sevrage. Cette reconnaissance des postes de consultation en lactation devrait également intégrer le temps dédié au travail en réseau avec les professionnels libéraux et les associations de soutien à l’allaitement pour assurer la cohérence et la continuité de la prise en charge des mères et des enfants.
Nous souhaitons aussi attirer votre attention sur la pression publicitaire importante qui donne à l'alimentation de substitution la première place au niveau des espaces publicitaires, contrairement à l’allaitement maternel qui ne peut se vendre (“Allaitement Maternel et Précarité” enquête CoFAM 2013). Il est urgent que des espaces de communication soient aussi ouverts à la promotion de l’allaitement.
Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à ce courrier, nous sommes à votre disposition pour aborder plus largement ces problématiques.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l'expression de nos respectueuses salutations.
Pour la CoFAM,
La Présidente
Aurélie SERRY