Dans un sondage fait par l’Institut des mamans en 2002, plus de 23 % des mères disaient avoir arrêté l’allaitement à la fin de leur congé maternité. Pourtant, de plus en plus de femmes savent qu’il est possible de continuer à allaiter après la reprise du travail, et le font.
Pas besoin d’habituer le bébé au biberon
Le premier secret, c'est que l'on peut continuer à allaiter complètement jusqu'à la reprise effective du travail, sans s'inquiéter si le bébé refuse le biberon (ce qui arrive souvent), voire la tasse ou la cuiller : il l'acceptera de la main de la personne qui le gardera, car il en comprendra alors la nécessité et l'utilité. Tandis que lorsque c'est la mère (ou une autre personne en présence de la mère, voire parfois en son absence mais avant la reprise), il ne comprend pas pourquoi on lui propose du « deuxième choix » alors que le « premier choix » est là tout près, à portée de la bouche.
On s'évitera ainsi bien des angoisses et des conflits pouvant tourner à l'épreuve de force. On minimisera aussi le risque de confusion sein/tétine, et on aura davantage de garanties que la lactation, mieux installée - car plus ancienne-, ne se tarisse pas.
Allaiter chaque fois qu’on est avec l’enfant
Le deuxième secret : après la reprise, continuer à allaiter à la demande dès que l'enfant est avec soi (matin, soir, nuit, jours de congé, vacances). Non, cela ne « perturbera » pas l'enfant de ne pas avoir le même rythme à la crèche ou chez la nourrice, et à la maison. Au contraire, cela l'aidera à se structurer en lui permettant de faire la différence entre « quand je suis avec maman et que je peux téter » et « quand maman n'est pas là et que je ne peux pas téter ».
De plus, cela permettra de garder un nombre de tétées non négligeable, et ainsi d'entretenir la lactation, même avec des horaires irréguliers.
Ces deux « secrets » expliquent pourquoi tant de femmes qui souhaitaient continuer à allaiter en travaillant disent que « ça n'a pas marché », « ça s'est arrêté au bout de trois semaines ». En effet, quand on parle d'allaitement et de travail dans les magazines, on lit en général qu'il faut « habituer » l'enfant aux biberons avant la reprise, et qu'après, on pourra donner la tétée « matin et soir ».
Je ne dis pas que ce système ne peut pas marcher. Mais trop souvent, on se retrouve avec une lactation en forte baisse, un bébé frustré, souffrant éventuellement d'une confusion sein/tétine, qui finit par se détourner du sein, à la grande déception de sa mère.
Tirer son lait
Il est tout à fait possible de concilier travail et allaitement sans jamais tirer son lait. Néanmoins, certaines mères préfèrent que leur enfant ne reçoive que du lait maternel pendant les premiers cinq à six mois, comme le préconise l'Organisation mondiale de la santé. Et continue à en recevoir, couplé à des solides, même après ces premiers mois.
En plus des avantages pour la santé de l'enfant à court et à long terme, tirer son lait a d'autres bénéfices : en stimulant les seins, cela aide à maintenir la lactation, cela prévient d'éventuels engorgements, canaux lactifères bouchés, et minimise les « fuites ».
Les femmes qui choisissent de tirer leur lait allaitent généralement plus longtemps que les autres.
En conclusion
Il est évident que plus les circonstances sont favorables, plus il sera facile de concilier travail et allaitement : bébé plus âgé, horaires réduits et/ou flexibles, temps de transport plus court, possibilité de tirer son lait, bébé gardé près du lieu de travail, voire sur le lieu de travail, et pourquoi pas, bébé emmené au travail !
Mais, même dans des circonstances beaucoup moins favorables, il est possible de poursuivre l'allaitement. Et d'en tirer une grande joie, une grande fierté et une grande confiance dans ses capacités de mère. Il faut le dire et le redire : personne n'a jamais regretté d'avoir tenté l'aventure, toutes le referaient si c'était à refaire !
A savoir
Le code du travail prévoit que « pendant une année à compter du jour de la naissance, la salariée allaitant son enfant dispose à cet effet d’une heure par jour durant les heures de travail » (art. L 1225-30), que « la salariée peut allaiter son enfant dans l’établissement » (art. L 1225-31) et que « tout employeur employant plus de cent salariées peut être mis en demeure d’installer dans son établissement ou à proximité des locaux dédiés à l’allaitement » (art. L 1225-32).
De plus en plus de crèches accueillent favorablement les enfants allaités, que ce soit en acceptant que la mère vienne allaiter à la crèche ou en donnant à l’enfant le lait tiré par elle. C’est le cas par exemple des crèches départementales de Seine-Saint-Denis et des crèches de la Ville de Paris.