Début juin 2017, UFC-Que Choisir a publié un dossier sur les « Ingrédients indésirables dans les cosmétiques ». Ce dernier met en avant 1000 produits contenant des ingrédients indésirables, et dénonce la présence sur le marché de 23 cosmétiques contenant des conservateurs, lesquels ont été interdits depuis plusieurs mois. Ainsi, pour deux de ces références cosmétiques, on trouve comme conservateur l'isobutylparaben, banni depuis le 30 juillet 2015. Pour les autres cosmétiques visés, c'est la methylisothiazoline, très allergisante. Mais comment est-ce possible, s'interroge dès lors Laurence Wittner, qui a de son côté publié une enquête le 15 juin dernier : la fondatrice de l'Observatoire des cosmétiques a répondu à nos questions.
Vous-même avez-vous été surprise par les résultats de l'enquête UFC-Que Choisir sur les ingrédients interdits en cosmétique ?
Oui, et c'est pourquoi j'ai voulu mener l'enquête. Je ne pensais pas qu'il était aujourd'hui possible de retrouver des produits interdits, sur le marché. Le règlement n'étant pas respecté, j'ai décidé de comprendre comment ce genre d'incident peut arriver. J'ai compris pourquoi on pouvait trouver des produits contenant des conservateurs interdits en observant de plus près la réglementation et son fonctionnement. D'après la réglementation, quand un ingrédient a été jugé à risque et que la décision d'interdiction d'utilisation est été actée, les fabricants ne doivent plus utiliser l'ingrédient concerné dans leurs nouveaux produits et reformuler leurs produits ou les retirer du marché. Ils doivent également avertir leurs distributeurs de leur obligation, de faire de même. Lorsqu'un produit est revendu, il y a un transfert de responsabilités. C'est-à-dire que c'est à chaque vendeur d'avertir la personne ou le groupe à qui il vend les produits de ses obligations en termes de délais de vente ou de retrait du marché.
Comment cette dilution de responsabilité s'opère concrètement ?
En pratique, les gros groupes qui achètent des produits sont généralement bien informés, mais quand il s'agit des « petits » distributeurs qui n'ont souvent, même pas conscience d'être un distributeur, c'est là que cela se complique. Si on prend l'exemple d'une coiffeuse à domicile qui achète des produits et les revend à ses clients, elle peut très bien ne pas avoir été informée, ne pas connaître le règlement cosmétique en vigueur et vendre des produits avec des ingrédients interdits sans le savoir. La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) est en train de mener l'enquête pour déterminer les responsabilités de chacun.
En tant que consommateur, comment faire face à ce genre de situation ?
Dans un premier temps, il ne faut pas surtout pas paniquer. On n'a retrouvé que 23 produits, c'est 23 de trop, mais ce n'est pas beaucoup en réalité. La grande majorité des produits respectent la réglementation. Il s'agit d'un dysfonctionnement, pas d'un gros scandale. Ensuite, il n'existe aujourd'hui pas d'autres solutions que de s'informer au maximum sur le sujet, pour créer ses propres filtres. Vous trouverez pleins d'informations utiles, en lisant l'Observatoire des Cosmétiques par exemple. La liste de l'INCI est une autre possibilité pour se renseigner sur les ingrédients qui composent un produit. Ce n'est pas la solution la plus simple, mais certainement la plus efficace.
Je conseille cependant d'être vigilant sur internet et de ne pas tout croire, surtout quand il n'y a pas de justification scientifique. Je pense qu'il est important de déterminer la crédibilité de la source auprès de laquelle on va chercher l'information. Les produits bio restent une bonne alternative pour les personnes qui n'ont pas envie de déchiffrer les étiquettes... L'avantage du référentiel bio, c'est que les substances chimiques incriminées y sont interdites.
>> Retrouvez l'article complet de Laurence Wittner sur l'Observatoire des Cosmétiques.