L’art offre l'avantage de mettre les femmes et les hommes à égalité. J'ai l'immense chance d’être une artiste qui a toujours pu évoluer sans devoir me soumettre aux hommes. Je regrette que parfois les femmes, pour exister, soient obligées d'être plus dures que les hommes. Alors qu'elles sont suffisamment fortes par nature.
J'admire d'ailleurs des personnalités comme Jetsun Pema, la sœur cadette du dalaï-lama. Elle a fait ses études en Suisse et en Angleterre avant de rejoindre son peuple en exil en Inde, à Dharamsala, en 1964 : sa sœur Tsering Dolma décédée, elle a dû reprendre la direction de l’orphelinat, qu'elle a ensuite transformé en véritable école afin d'éduquer les enfants des réfugiés, ces derniers étant obligés de travailler sur les routes, dans des conditions souvent trop dangereuses.
Jetsun Pema a ainsi créé et pris la direction des Tibetan Children's Villages ("Villages d'enfants tibétains"), des écoles absolument exemplaires, et ce jusqu'à sa retraite, prise récemment. Elle a su allier dans ces "villages", le meilleur de la culture occidentale et les bases de la culture tibétaine, fondée sur la compassion, la responsabilité, le karma (c'est-à-dire la notion d’action, d’inverser le mal qu’on a pu faire).
J’y ai vu des choses formidables, comme des débats organisés pour les plus de 12 ans, au cours desquels les enfants apprennent à se concentrer, à exprimer ce qu'ils ressentent et à défendre un point de vue. Jetsun Pema a veillé sur ces milliers d’enfants — d'où son surnom de "Mère du Tibet". C’est une femme d’action, profondément spirituelle, s'attachant à rester à l’écoute des autres. J'ai le bonheur qu'elle soit la présidente d’honneur de mon association Graines d'avenir. Elle fait partie des femmes exceptionnelles que j'ai pu rencontrer en réalisant mon documentaire Dakinis : le féminin de la sagesse (2010).
Le site de l'ONG : Tibetan Children's Villages
Le dernier livre de Véronique Jannot : Les contes de Maman (éd. Michel Lafon)