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Rio+20 : les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l’environnement

stefbio
Par stefbio
Mis à jour le 25 février 2021

Du 20 au 22 juin 2012, la conférence Rio+20 sur le développement durable organisée par l'ONU, mobilisera des acteurs du monde entier à Rio. Prolongement du processus engagé en 1992 lors du sommet de la Terre, cette conférence veut tracer les perspectives pour la planète à l'horizon 20 ans. L'association 4D créée en 1993 pour suivre les engagements des états est un acteur très important de Rio+20. Sa délégué générale, Vaia Tuuhia, revient sur la place et le rôle actif des femmes dans le monde.


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Est-ce que les femmes jouent un rôle spécifique dans les actions pour le développement durable ?
J'aimerai revenir sur le sens même de développement durable. On ne pourrait parler de développement durable si auprès des composantes sociales, environnementales et économiques, nous n’ajoutions pas la démocratie et la culture. Un développement équitable pour tous n’est possible que s’il est accepté par tous et s’il répond aussi à une promesse faite à la personne. Un autre développement suppose une transition qui doit s’exprimer comme un « deal » entre un avant et un après, et où l’individu est acteur, où la vision d’un futur peut aussi se projeter dans un imaginaire collectif, un récit alimenté par un travail culturel.

Aussi, le développement durable plus que la co-existence entre ses 5 composantes est le nécessaire équilibre ou consensus entre le social, l’environnement, l’économie, la démocratie et la culture. Si l’une est oubliée, voire niée, sa propre crise remet en cause les autres au regard de leurs enjeux : la crise de la démocratie remet en cause les débats qui doivent avoir lieu sur des impacts environnementaux ou des décisions attenantes ; les crises sociales appellent à de nouvelles voies d’expressions culturelles… 

Les femmes forment 70 % des pauvres, elles possèdent moins de 2 % des terres et reçoivent moins de 5 % des prêts bancaires. Il y a en moyenne dans le monde 16 % de femmes parlementaires et moins de 10 % de chef-fes d’Etat et de gouvernement. 

Par ailleurs, l’approche genre devient un pilier dans la lutte pour l’amélioration des droits de la personne humaine en général. Cette approche centrée sur l’équité apparaît désormais comme une des capacités des femmes à jouir pleinement de tous leurs droits. Aussi, la plupart des pays reconnaissent-ils désormais qu’investir dans les femmes et les filles et leur faire accéder à l’autonomie est l’un des moyens le plus et efficace de faire progresser l’Agenda pour le Développement. Malheureusement il reste des pays où il n’y a pas de réponse, ni de dispositif satisfaisant.

D'une manière générale, les femmes portent-elles selon vous l'avenir de l'humanité ?
Il ne peut y avoir de développement durable dès lors que persiste une vision du développement exclusif, inégalitaire, discriminatoire ; dès lors qu’il ne donne pas à une catégorie de la population, les femmes ou les jeunes, les clés nécessaires pour défendre leurs droits fondamentaux et engager les changements. Le changement pour l'avenir que nous voulons nécessite une adhésion de tous, et les femmes sont des actrices de ce changement.

A la conférence de Rio, les femmes sont elles bien présentes ?
Les femmes constituent un des 9 groupes majeurs institués depuis le Sommet de la Terre de 1992. Avec le principe 20 : les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l’environnement et le développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d’un développement durable. Et dans le chapitre 24 : ce chapitre reconnaît le besoin d’une large participation des femmes – en tant que groupe majeur- à tous les niveaux gouvernementaux et dans toutes les agences de l’ONU dont les activités sont
reliées au développement durable, ainsi que le besoin d’intégration pour une perspective de genre sur la planification du développement durable et sa mise en place.

Des avancées ont été rendues possibles grâce à la mobilisation, dans le monde entier, d’innombrables groupes et mouvements de femmes (comme la Marche mondiale des femmes), d’ONG et de syndicats, sur le terrain, dans les négociations internationales et en matière de recherches et d’innovations. Ainsi l’éco-féminisme étudie les liens entre néolibéralisme, atteintes à la nature et marginalisation des femmes ; allant au-delà de la conception initiale femmes et développement, l’approche « genre » analyse les relations sociales entre hommes et femmes, proposant des méthodes concrètes pour réduire les inégalités.

Actuellement, dans le projet de déclaration, encore en négociation, la question des femmes fait encore objet de dissensus pour certains pays. Le groupe femme est présent et travaille depuis plus de deux ans à la préparation de Rio+20.

Maintenant voir que la Conférence sera présidée par Dilma Roussef peut aussi renforcer le symbole.

Auriez-vous un exemple emblématique d'une action portée par une ou plusieurs femmes pour le développement durable ?
J'aurai plutôt envie de retourner la question, et dans une perspective Sud. Et aussi pour montrer en quoi les femmes et les jeunes filles ont encore besoin de bénéficier de politiques volontaristes.

Exemple: mesures ayant pour but d'éliminer l'analphabétisme chez les femmes et d'accroître le nombre de femmes et d'adolescentes inscrites dans les établissements d'enseignement en cherchant à réaliser l'objectif de l'accès de toutes les fillettes et de toutes les femmes à l'enseignement primaire et secondaire, et en multipliant les possibilités d'instruction et de formation en faveur des femmes et des adolescentes en sciences et en technologie, en particulier au niveau postsecondaire.

Autre exemple : programmes visant à alléger la tâche des femmes et des fillettes à la maison et à l'extérieur, dans le cadre desquels les gouvernements, les autorités locales, les employeurs et les autres
organisations concernées ouvriraient davantage d'écoles maternelles et de jardins d'enfants d'un coût raisonnable, et les tâches domestiques seraient assumées à égalité par les hommes et les femmes ; mise en œuvre d'écotechnologies conçues, élaborées et améliorées en consultation avec des femmes ; possibilité de disposer d'eau salubre, de combustible à bon rendement énergétique et d'installations sanitaires adéquates.


Quels sont les axes que l'association 4D veut mettre en avant à Rio cette année ?
4D a réalisé une note de décryptage. Des dizaines de milliers de personnes vont converger vers Rio. Avec peu d’accès aux enjeux de négociation, une connaissance faible de l’historique de ce processus engagé il y a maintenant 40 ans, probablement des difficultés à s’y retrouver dans la complexité des
institutions internationales et surtout l’envie de comprendre les positions en présence et les initiatives qui émergent. Cette note de décryptage vise à répondre à ces attentes, dans un langage simple, sans jargon et transparent sur les négociations et positions existantes. Elle s’adresse au-delà des
négociateurs, à tous les acteurs : élus, représentants multiples de la société civile, entreprises, acteurs de terrain, journalistes afin qu’ils puissent s’inscrire au mieux dans cet événement décisif.

D'autre part 4D anime le Collectif RIO+20, qui regroupe syndicats et ONG de solidarités internationales, environnement, de jeunes et de femmes. Nous pensons que Rio est un point de départ. Que la transition est nécessaire et pour ce faire appelle à une quadruple régulation économique, financière, sociale et environnementale. Nous avons remis un appel européen aux ministres Mme Bricq et Mr Canfin.

A coté de ça, nous organisons des sides event notamment pour un dialogue Chine Europe et Amérique latine représentatif des dynamiques de sociétés civiles. Nous suivons les négociations officielles comme le Sommet des Peuples.

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