C’était mieux avant !
Le mot design aurait-il été vidé de son sens ? Dans les années 60, lorsque ce terme apparaît en France, il désigne une activité noble par excellence et consiste à rechercher une réponse fonctionnelle, intelligente et si possible esthétique à nos besoins des plus courants aux plus excentriques. Galvanisé, surmédiatisé il caractérise dans les années 80 autant les méga productions comme celle d’Ikéa que les pièces uniques vendues dans les galeries d’art. Aujourd’hui, la course aux modes aidant, chaque objet se réclame de cette appellation…on achète, on jette en cours de vie, on rachète pourvu que l’objet soit design (à prononcer, bien évidemment « diz-aïe-n » !). La boucle est étourdissante…
Retour aux sources
Fort heureusement un vent nouveau se lève, et même s’il surfe lui aussi sur une mode, verte ce coup-ci, les initiatives qu’il souffle sont passionnantes. Eco-design te voilà ! Liaison parfaite entre esthétique et nécessité, le concept d’éco-conception soulève un sacré enjeu : il s’agit d’ajouter à la problématique déjà complexe du design d’un objet ses critères relatifs à l’environnement. Ceux qui s’y frottent se doivent donc de prévoir l’impact minimal d’un produit depuis la matière première et l’énergie qui rentre dans sa fabrication, jusqu’à sa destruction et son recyclage, mais aussi d’optimiser son usage et même de prolonger sa durée de vie. Tout un programme certifié, bien sûr, par tout un panel de labels et de normes européennes.
Une aiguille dans une botte de foin
Mais aujourd’hui, c’est un fait, la majorité des designers se contentent d’intégrer ces notions sans les respecter globalement. Une étude commanditée par le CDRA (Centre du Design Rhône Alpes) révèle que si 70% des designers ont conscience de la nécessité d’intégrer des critères environnementaux dans la sélection des matériaux, seulement 15% environ le font. D’où la difficulté, pour nous simples consommateurs, de se procurer des meubles ou objets eco-conçus. Pourtant, certains d’entre eux en ont fait leur cheval de bataille, comme les français instigateurs du programme Eco-design Bois Bourgogne, les sociétés Castor et Chouca, Designpyrénnées ou encore le cuisiniste italien Valcucine en proposant uniquement des pièces éco-conçues. La société Origine, elle, va plus loin, en commercialisant des meubles entièrement écologiques. Et l’on peut trouver de manière sporadique une cuisine chez Mobalpa, une chaise chez Ikéa (« Ellan ») ainsi que chez Iform (« Voxia »), une étagère et une table chez Roche Bobois (« Legend »), un bureau chez Gautier et les 110 pièces de la Camif bénéficiant du « label planète » avec les superbes créations de David Trubridge …
Alors avec un peu de persévérance, les férus du biologique pourront manger bio, assis et attablés à des meubles écologiques garantis sans solvant et respectueux de la nature.
A lire :
The eco-design handbook d’Alastair Fuad-Luke (ed. Thames & Hudson)
Green design de Buzz Pool (ed. Mark Batty Publisher)
Experimental Eco Design: Architecture/Fashion/Product de Cara Brower, Rachel Mallory, Zachary Ohlman (ed. Rotovision)