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Portrait d'Ouganda

Mister Silverback : de militaire, il devient guide touristique et ornithologue

Mickaël (à droite) dirige Venture Uganda, une agence de voyage indépendante.
Karine Welter
Karine Welter
Mis à jour le 25 février 2021
L'Ouganda, pays aux 1000 oiseaux, est devenu son terrain de jeu. Mickaël a passé plus de quinze ans dans l’armée ougandaise, dans les années 80 et 90, et il est aujourd’hui guide touristique spécialisé en ornithologie.

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Quand Mickaël Byaruhanga a décidé de devenir guide touristique, dans les années 2000, il a commencé par chercher ce qui pourrait bien le démarquer de la concurrence. Et il a décidé de suivre une formation en ornithologie. En effet, l’Ouganda abrite de nombreuses espèces rares – dont le mythique bec-en-sabot du Nil -, et c’est une destination fétiche pour tous les touristes amoureux d’oiseaux. "Au début, l’ornithologie, c’était pour d’abord pour le business. L’amour des oiseaux est venu bien plus tard", se souvient Mickaël.

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Dans l’armée à treize ans

Si l’on en croit Leslie, associée de Mickaël au sein du tour operator Venture Uganda, c’est peut-être aussi le goût du défi qui a titillé le guide : "Mickaël est un « gambler », il aime se lancer des paris pour mieux tracer sa route". Originaire de Manchester, Leslie a rencontré Mickaël en 1996, alors qu’elle était volontaire dans le district de Mubende, au centre du pays. La guerre civile battait son plein dans le pays, l’illuminé Joseph Kony mettait le nord du pays à feu et à sang avec son Armée de Résistance du Seigneur. Et Mickaël, qui faisait alors partie de forces armées légales, avait été grièvement blessé et ramené à l’arrière du front. Il avait alors 25 ans, cela faisait plus de dix ans qu’il était dans l’armée.

Mickaël évoque cette période avec distance, comme si la souffrance avait glissé sur lui. Il n’aime pas se plaindre – "cela n’a jamais permis d’avancer dans la vie" -, il aime encore moins qu’on le plaigne. Quant à l’armée, il n’en dira jamais du mal. "Elle m’a construite, elle m’a donné des valeurs, elle m’a offert une famille", dit-il au contraire. Une famille, c’est justement ce qui a manqué à Michaël, qui a grandi au sud du pays, dans un village du district de Rukunguri.

"J’adorais jouer à la guerre, j’allais pouvoir la faire pour de vrai"

Né au début des années 70, dans une famille d’éleveurs, il n’a pas connu son père et a été élevé par son grand-père. A la mort de ce dernier, c’est son oncle maternel qui a pris le relais. Aucune plainte dans le récit de Michaël. Juste le regard qui s’illumine quand il parle de la garde du troupeau à la sortie de l’école. Et peut-être, si on fait bien attention, une ombre qui passe dans les yeux quand il raconte qu’il n’était le "préféré de personne". Michaël a treize ans quand un jeune militaire des forces rebelles de Museveni lui propose de rejoindre le combat. Et il n’hésite pas un instant. "Dans ma tête d’enfant, c’était une façon de devenir adulte, j’en avais assez de l’enfance. Et puis, j’adorais jouer à la guerre, j’allais pouvoir la faire pour de vrai".

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Mister Silverback, un guide d’exception

Aujourd’hui, Mickaël se sent heureux dans sa vie de guide.  "Je peux me nourrir, me loger, je peux financer les études de mes enfants. Je ne demande rien de plus", dit-il avec son incroyable flegme. Et d’ajouter, "je pense que je ne suis pas trop mauvais pour le poste. L’armée m’a appris à comprendre les besoins des autres. Et je connais chaque coin de l’Ouganda comme ma poche". Tout ceux qui ont voyagé avec lui ne pourront que le confirmer. Celui que les autres guides appellent "Mister Silverback" - en référence au dos argenté, le mâle dominant des troupes de gorilles – est le guide idéal pour découvrir l’Ouganda. Il vous fait aimer le pays avec délicatesse. Et quand il évoque ses rêves – voir enfin de pays vivre "sereinement et dans la paix" -, on se prend à croiser les doigts pour qu’il en soit ainsi.

Parmi les bananiers et caféiers

Entre deux safaris, quand il ne rentre pas au bureau à Kampala, il se pose dans son village d’enfance, dans la maison qu’il a construit pour sa vieille mère, près de ses champs de bananiers et de caféiers. Peut-être pense-t-il au chemin parcouru depuis qu’il a grandi là. A moins qu’il n’aille observer les grues couronnées – l’oiseau emblème de l’Ouganda – survoler le bush. "Regarder les oiseaux apaise", aime-t-il dire. Comme si, dans la solitude et dans le silence, Mickaël pouvait enfin baisser la garde.

Pour en savoir plus

Venture Uganda, l’agence co-dirigée par Mickaël Byaruhanga, est installée dans la capitale ougandaise, Kampala. Elle propose des safaris et voyages sur-mesure dans tout le pays, mais aussi des voyages d’étude, en partenariat avec l’université de Manchester. 
Le bec-à-sabot du Nil ➢ L’Ouganda abrite plus de 1000 espèces d’oiseaux. Les meilleurs spots d’observation se trouvent notamment sur le Nil, dans le parc de Murchison où l’on peut observer le bec-à-sabot. Le parc Queen Elizabeth abrite quant à lui près du quart de l’ensemble des espèces d’oiseaux répertoriés en Afrique. 

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