Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #15 Février-Mars 2018
L’éducation Montessori incite les enfants à être sensibles à l’étude de la vie. L’objectif est de leur permettre de connaître et de respecter l’univers dans lequel ils évoluent, en leur donnant la possibilité de l’explorer. Se situer dans le monde au sens large et dans son environnement proche permet de prendre conscience de soi-même et des autres, en réalisant à quel point tout n’est qu’interdépendance : entre les hommes, entre les vivants, mais aussi entre le vivant et le non-vivant.
L’enfant est un "chercheur-né". Son esprit scientifique se développe de façon spontanée s’il est stimulé, car il est doté d’un instinct qui le pousse à observer, explorer, poser des hypothèses, les vérifier, les réajuster, expérimenter, analyser les conséquences de ses actes, en tirer des conclusions, et ainsi de suite. Autant de démarches qui ne sont autres que celles de tout scientifique qui, suivant une intuition, cherche à la démontrer en essayant, en apprenant par essai-erreur, en développant ainsi une pensée hypothético-déductive.
L'observation, outil de recherche
Pour favoriser cet esprit de recherche, on incite l’enfant à observer. Il le fait naturellement dès que sa vue s’affûte, quelques semaines après sa naissance. Souvent, il s’agit simplement de repérer cet esprit et de ne pas l’interrompre. Par ailleurs, on invite l’enfant à regarder avec précision des sujets qui se détachent bien, car l’environnement qu’on propose est épuré, serein, sans sur-stimulation.
Tout peut être une occasion d’observation, en particulier dans l’environnement naturel, si attirant pour les enfants : une feuille qui bouge dans le vent, une fleur qui s’épanouit, un insecte qui se déplace… Prenons l’exemple d’un oiseau : on peut le repérer, l’espionner, le dessiner, le photographier, chercher son nom, étudier son cri, son plumage, son comportement… Une fois l’investigation lancée, la curiosité s’autoalimente. Quand l’enfant a multiplié les expériences dans une ambiance vivante, on peut tirer des conclusions et extrapoler en étendant la recherche.
On peut par exemple comparer les oiseaux familiers à ceux du jardin, à ceux du zoo... On commence ainsi à conceptualiser, à généraliser et à déterminer quelques critères communs à une espèce. L’observation s’accentue. On utilise un vocabulaire toujours plus précis. Pour cela, on part toujours du concret pour aller vers le concept, du connu pour aller vers l’inconnu, du global pour aller vers les détails.
Creuser les questions
Les enfants s’interrogent sur le mode de vie des éléments naturels : que mangent les chiens ? Combien de temps vit un papillon ? Quel est le cycle de vie de la tulipe ? L’enfant se pose encore plus de questions lorsqu’il profite de sorties à l’extérieur et qu’il prend soin d’un environnement naturel. Cela lui permet de constater que l’ambiance se modifie avec le temps (observation des saisons, d’un animal qui se transforme, tel le têtard qui devient grenouille...).
Lors des promenades, on peut collecter des trésors à observer isolément, à la loupe. C’est une autre particularité de la démarche du chercheur que le fait d’isoler les difficultés pour mieux les appréhender ; on a la même démarche dans la pédagogie Montessori.
On aiguise la curiosité en partant des centres d’intérêt de chaque enfant. Les enfants aiment mettre la main à la pâte ; en leur proposant de faire des expériences qui font appel aux perceptions sensorielles et à leur goût pour l’expérimentation , on les invite à s’interroger ( Qu’est-ce que c’est ? Comment ça marche ? ) et donc à développer un esprit scientifique !
Ce texte est adapté du livret Les expériences de sciences avec Montessori (éditions Eyrolles).