Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #21 février-mars 2019
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Dans l’approche Montessori, nous aidons l’enfant à préserver sa force vitale, cette intuition avec laquelle il naît, qui l’inspire et le pousse à choisir dans l'environnement ce qui est bon pour lui. Maria Montessori décrivait cette intuition comme un élan qui vient de l’intérieur, une "hormé", ou élan vital, reprenant ainsi les termes de Bergson.
Cet élan pousse l’enfant à agir dans un sens favorable à son propre développement, comme s’il était préprogrammé pour travailler à sa construction. Montessori parle de périodes sensibles pour décrire les moments où l’enfant est enclin
à développer telle ou telle compétence en suivant son intuition.
De l’esprit absorbant à l’esprit comprenant
Elle décrit l’esprit absorbant qui, entre 0 et 6 ans, permet à l’enfant de faire sien tout ce qui l’entoure, de façon inconsciente jusqu'à 3 ans, puis consciemment jusqu'à 6 ans.
À partir de cet âge, l'enfant a un esprit comprenant et son intuition le pousse à se poser des questions plus pointues. Il n’a plus uniquement l’intuition d’apprendre à faire par lui-même, il cherche à savoir comment les choses fonctionnent et dans quel but.
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La mission de l'accompagnateur Montessori est de préserver cet esprit de recherche, car nous considérons que l’enfant est un chercheur né qui passe sa vie à émettre des hypothèses, à les vérifier et à en tirer des conclusions, exerçant ainsi ses fonctions exécutives, à savoir sa capacité à inhiber les distractions, à avoir une mémoire de travail, à avoir une bonne flexibilité cognitive, qui permet de changer de tâche en fonction de l'observation des faits, ainsi que la capacité de planifier et d'organiser ses actions. Tout cela est possible si l'enfant n'est pas empêché dans ses initiatives. C'est donc l'objet de la posture montessorienne.
Nous intervenons souvent trop auprès de nos enfants
Maria Montessori déplorait le fait que les adultes interviennent trop dans le choix des activités de l’enfant, entravant ainsi son élan. Même bien intentionnés, nous avons tendance à l’interrompre, pour le corriger ou le congratuler, comme si il avait besoin de notre évaluation permanente. Montessori considérait justement que c'était inutile voire néfaste.
Ces interventions, même bienveillantes, risquent de perturber l'enfant en le déconcentrant ou en transformant sa motivation intrinsèque – celle qui suit un élan et une tendance à apprendre et à s’améliorer – en une motivation extrinsèque – celle de recevoir un compliment voire une récompense. Petit à petit, cela risque de pousser l’enfant à trop vivre en fonction du regard des autres. Cela peut lui faire perdre le fil de son véritable projet : progresser.
Par exemple, un enfant que l’on félicite parce qu’il dessine très bien les maisons aura tendance à ne faire plus que des maisons, en quête de compliments, plutôt que de continuer à s’exprimer en dessinant.
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Montessori scandait que "toute aide inutile est une entrave au développement". À force de téléguider l’enfant et son emploi du temps, de choisir ses activités, nous risquons de voir sa curiosité s’atténuer, ainsi que son esprit d'initiative, sa créativité et, à la longue, sa confiance et son estime de lui. La petite voix intérieure qui l’anime peut devenir discrète et il aura tendance à moins suivre son intuition, bien qu’elle soit toujours présente. Il peut perdre l’habitude de croire en lui et adopter celle d'avoir recours à l'adulte pour évaluer le choix et le résultat de ses activités.
Un cadre propice au développement de l’intuition
Dans l'approche Montessori nous travaillons beaucoup sur l'environnement afin d'offrir à l'enfant un lieu où il puisse suivre son élan sans être interrompu par un danger, un souci matériel ou une attitude. Libre de choisir ses activités dans un lieu dédié et incité à s’auto-évaluer, l’enfant développe son esprit d’initiative et son intuition.
En effet, les activités proposées dans un contexte Montessori permettent le contrôle de l'erreur par l’enfant. Ainsi, celle-ci n'est pas considérée comme quelque chose à éviter, ou qui fait peur, mais comme une étape vers la réussite. Se tromper motive. Et l’intuition reste ainsi celle de tâtonner, de chercher, de trouver, en se faisant toujours confiance !
Charlotte Poussin est l'auteure de plusieurs livres de référence sur la pédagogie Montessori, notamment Apprends-moi à faire seul, la pédagogie Montessori expliquée aux parents (Eyrolles), Montessori de la naissance à 3 ans (Eyrolles), et le Que sais-je ? sur le sujet.Elle a aussi traduit Maria Montessori (L’enfant, DDB)
Elle a également conçu une belle collection de livres pour enfants favorisant l’autonomie ("Ma journée Montessori", Bayard).
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