Inscription à la salle de sport, arrêt de la cigarette et/ou de l'alcool, changement de vie professionnelle... Si les résolutions de début d'année sont très souvent liées à notre volonté de faire mieux, elles n'en sont pas moins corrélées, dans beaucoup de cas, à des injonctions faites par la société et/ou les proches. "Dois-je vraiment aller au sport ou est-ce le culte de la minceur qui m'incite ?" "Ai-je envie de limiter ma consommation de tabac ou est-ce plutôt la volonté de ma famille ?"... Si vous vous êtes déjà posé ce genre de question, c'est que vos bonnes intentions sont peut-être influencées par des éléments extérieurs, et c'est souvent pour cela que vos résolutions ne tiennent pas.
Ou peut être faites-vous partie de celles et ceux qui se servent des bonnes résolutions de début d'année comme moteur pour enclencher de nouvelles habitudes, et attendez cette période avec impatience... Mais d'ailleurs, pourquoi prenons-nous nos bonnes résolutions en début d'année ?
Aux origines de la tradition
Selon la docteure en psychologie Joéline Andriana, la naissance des bonnes résolutions remonte à la création de notre temporalité. "Dans le monde, à l'exception de certains pays (l'Afghanistan, l'Ethiopie, l'Iran, le Népal et le Vietnam), nous vivons au rythme du calendrier dit grégorien, entré en vigueur le 15 octobre 1582 et créé par le pape Grégoire XIII. Ce calendrier, à la symbolique religieuse avant tout, débute par le 1er janvier qui marque le nouvel an, symbole de renouveau, de possibilité de mieux faire, de résoudre des problèmes, de convenir d’une recherche de solution pour ce qui n’a pas été correct, ou bon l’année passée. D’être meilleur, d’être plus heureux, plus satisfait de soi, de sa vie."
Le premier jour de l'année en cours est donc l'opportunité de repartir sur de nouvelles bases, tout comme le mois de septembre, qui correspond à la rentrée scolaire, universitaire, professionnelle après un moment de pause. Les vacances, propices au lâcher prise et à une réflexion plutôt tournée vers soi, son bien-être, permettent de faire un bilan personnel, pour redémarrer la "nouvelle année" scolaire avec des bonnes habitudes.
Quelles sont ces bonnes résolutions ?
Pour la docteure en psychologie, les bonnes résolutions se présentent sous trois formes :
- Comportementale : on veut changer une attitude par rapport à soi, aux autres, être une bonne personne, arrêter de fumer, de boire, de trop faire la fête, de trop travailler. Finalement, se résoudre à être heureux.se ;
- Matérielle : on veut acquérir un bien immobilier, une voiture, un objet spécifique ou économiser dans l'optique d'acheter ;
- Existentielle : on veut trouver du sens à sa vie.
Pourquoi est-ce parfois difficile de les tenir ?
Bien que le nouvel an et la rentrée soient des moments propices à un élan de motivation, "il reste difficile de tenir nos résolutions surtout lorsque l’objectif est de supprimer, de faire disparaître un comportement", précise la docteure en psychologie, avant d'ajouter "la perte est un deuil qui est toujours mal vécu. Je préconise le changement de comportement plutôt que la suppression d'une habitude. C’est plus précis et on sait ce que l’on veut atteindre." Par exemple, pour une personne qui désirerait arrêter de fumer, il s'agirait de trouver un autre rituel que celui de la "pause clope".
Pour Joéline Andriana, il existe deux raisons pour lesquelles les résolutions ne sont pas tenues :
- soit parce que c’est une décision prise sous l’impulsion du "mieux faire", qui ne va pas prendre en compte les contraintes de la vie quotidienne, et rompt avec des habitudes prises depuis plus d’un mois ;
- soit parce que c’est une décision prise à travers le prisme des proches, l’influence de ceux qui pourraient penser à votre place et décider de ce qui est le mieux pour vous.
Quelques clés pour tenir ses bonnes résolutions
Par conséquent, pour que nos résolutions soient tenues, "il faut qu’elles soient intégrées dans la conscience depuis plus d’un mois, et répétées tous les jours", selon la docteure en psychologie. La garantie de tenir nos résolutions est induite par une temporalité suffisante et par une motivation intrinsèque profonde, une décision ferme.
Ainsi, l'experte conseille de préparer ces prises de bonnes résolutions à l’avance, en mettant en phase un bilan de sa propre vie, avec tout ce qui pose "problème" à une vie heureuse et d’établir des projets de résolution de ces problèmes afin d’accéder à cet accomplissement personnel. Puis les plans, les objectifs et les sous-objectifs peuvent être notés, avec une temporalité définie et raisonnable.
Si l'on revient aux trois formes de résolutions citées plus haut, il faudrait idéalement agir ainsi :
- Si l’on veut prendre une résolution matérielle, il s’agit d’entrer en action pour être en lien avec sa réalité économique, s’informer sur la conjoncture actuelle ;
- Si l’on veut changer de comportement, il s’agit de faire un bilan de ce que l’on est à l’instant T, en demandant à nos proches ce qu’ils pensent de nous, en interrogeant nos proches sur nos forces ;
- Si l’on veut changer de vie, donc trouver un sens à sa vie, le bilan est encore plus profond, et l’intervention d’un professionnel de la santé mentale peut aider. Cela demande à trouver qui on est, ce qu’on a envie d’être, ce qu’on projette d’accomplir.
Notons que la peur est légitime. "Tout changement amène des doutes, et il est important que ces émotions négatives ne durent pas, et ne soient pas renforcées par des croyances limitantes. Il me semble nécessaire de s’en servir pour y trouver une impulsion, une énergie menant vers l’atteinte de nos objectifs" poursuit la psychologue, avant de conseiller de consulter un professionnel, pour se découvrir et connaître ses valeurs.
"Et bien sûr, libérez-vous de ce calendrier grégorien ! Il est essentiel d’émettre des bonnes résolutions quand on est véritablement prêt.e." ajoute t-elle.
Oui aux bonnes résolutions, non à la pression !
Se fixer des objectifs, des résolutions de début d'année, "c’est très sain, et c’est indispensable parce que c’est inhérent à l’être humain" poursuit l'autrice. "Les changements se font sans nous, alors il semble primordial que certains changements se fassent avec nous et par nous. Cela nous permet de convenir d’une certaine maîtrise de notre propre vie." En somme, le fait de sortir de notre zone de confort est signe de bonne santé mentale, parce qu'en opérant des changements, nous prenons conscience du temps qui passe et de notre finitude.
Et si la pression a tendance à prendre le pas sur la volonté, c'est bien à cause d'un désir de changement trop rapide, selon Joéline Andriana. Or, nous avons besoin de temps pour résoudre nos problématiques et atteindre nos objectifs fixés. "La temporalité prend une place primordiale dans ces bonnes résolutions", confirme t-elle.
Alors, si une fois vos résolutions choisies, vous commencez à ressentir une pression, rassurez-vous en répétant :
"Ma décision a été prise pour faire en sorte d’aller mieux, de vivre bien avec moi et avec les autres".
"Je sais que c’est moi qui prends cette décision et personne d’autre."
Finalement, l'élaboration d'une bonne résolution ne peut se faire que si l'on se connaît véritablement, et que l'on sait identifier ses valeurs et ses besoins. Seule la conviction intime que cette résolution est source d’accomplissement et de satisfaction personnelle permet de la faire tenir dans le temps.
L'experte
Joéline Andriana est docteure en psychologie et praticienne en hypnothérapie et EMDR.
Son site : joelineandriana.com