Il faut bien l’avouer, pour bon nombre d’entre nous, « BIEN manger = manger de la VIANDE » ! Au début, nous avons essayé de l’inciter à changer d’avis en essayant toutes sortes de stratagèmes comme par exemple lui préparer ses plats préférés et lui passer bien doucement sur sous son nez ou lui préparer des plats insipides sans viande. Oui je sais , ce n’était pas très sympa. Mais ceci dit, rien n’y a fait. Même si l’odeur l’attirait, elle ne cédait pas. Mais on s’y attendait un peu. Elle évitait de plus en plus souvent les rayons boucherie et ne supportait plus de voir dans les présentoirs du boucher des poulets ou des têtes de veau présentés comme si de rien n’était. Elle répétait à qui lui posait des questions qu’elle ne voulait plus se nourrir de « cadavres d’animaux ». Et au fond de moi, je la comprenais. L’expression était bien choisie. Sa décision étant ferme et définitive, nous avons donc pris le parti de l’aider dans son aventure.
Faire des recherches
Au début, je me suis tournée vers des livres ou sites internet pensant trouver LE substitut magique à la viande, autre que le soja (sujet à controverse). Mais même si je trouvais nombre de beaux livres végétariens, la plupart étaient souvent complexes pour une novice comme moi. Utilisant des ingrédients dont je n’avais jamais entendu parler. Les recettes donnaient envie mais je voulais des produits que je pourrai acheter facilement. À l’époque, il n’y avait pas autant de magasins bio. Et puis, la plupart de ces livres étaient écrits par des végétariens et concernaient souvent les adultes. Moi je voulais un livre de parents qui vivaient la même chose que moi. Et je ne parle pas de tous ces sites culpabilisateurs qui parlaient d’anorexie dès que j’associais « enfant » et « sans viande » dans les moteurs de recherche. Je culpabilisais et je me demandais pourquoi on avait accepté de la suivre dans cette aventure.
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Tester des substituts de viande en famille
Stressés par toutes ces lectures, nous l’avons emmenée consulter une psychologue afin de vérifier si son choix ne reflétait pas un souci psychologique lié à une volonté de perte de poids. Certaines de ses copines parlaient déjà de régime donc cela aurait pu être le cas. Oui, dès 9 ans !! Mais la psychologue nous a rassuré en nous confirmant que notre fille avait un réel besoin de ne plus se nourrir de protéine animale et que sa raison principale était son amour des animaux. Rassurée, je me suis donc tournée vers une nutritionniste et notre médecin généraliste pour lesquels ce choix ne posait aucun souci particulier. J’ai tout de même demandé au médecin des prises de sang régulières pour vérifier les éventuelles anémies. J’ai ensuite cherché tous les substituts à la viande et comment je pourrai continuer à lui préparer des repas gourmands sans viande. On a fait de nombreux tests. Des fois réussis et des fois ratés. On a bien ri. Ce fut des moments en famille mémorables qui nous ont encore plus rapprochés.
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Une incompréhension de son entourage
Ceci dit, je crois que celui pour qui cela a été le plus dur est son papa qui se languissait souvent de son entrecôte et dont l’odorat se mettait en alerte à chaque coin de rue où l’odeur d’un poulet grillé ou autre se faisait sentir. Mais il a été super. Il a goûté tous les plats de sa fille, préférant même des fois ceux sans viande. Sa petite sœur aussi a été superbe, s’amusant à penser, dessiner et réaliser des recettes pour sa sœur. Elle est d’ailleurs devenue végétarienne depuis. L’aventure a aussi beaucoup était ponctuée d’incompréhension de l’entourage. On a souvent entendu des questions comme « C’est toi qui la forces ? » ou même « c’est une question de religion ? ». Ma fille aussi a souvent été prise à partie par des parents peu scrupuleux. Notamment une maman qui avait caché de la viande dans une préparation. Ce fut assez dur pour elle, l’incompréhension des adultes. Mais la plupart du temps, tout s’est bien passé et son entourage proche, même si au début on s’est posé quelques questions, l’a soutenu dans son choix.
Depuis, nous avons complètement revu notre manière de nous alimenter. Nous ne mangeons presque plus de viande et avons pris conscience de l’impact positif que cela a sur notre santé mais également pour l’environnement et notre planète. Mélody a maintenant 18 ans, se porte comme un charme et est devenue végétarienne. Sa sœur aussi. Quant à nous, nous continuons de la soutenir dans son choix.
Notre experte
Carole Ibrahima est l'auteure de l'ouvrage Maman, je ne veux plus manger de viande ! à paraître en septembre 2020 aux Editions Terre Vivante.