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"Il fallait réinventer la mode, pour le bien de l'humanité", l'interview de Dana Thomas sur la fast fashion

Dana Thomas
Dana Thomas au Rana Plaza (Bangladesh) en avril 2018.
Clara Vannucci
Adèle Gireau
Adèle Gireau
Mis à jour le 25 février 2021
Dans son nouvel ouvrage, la journaliste Dana Thomas mène une enquête fourmillante de témoignages et reportages auprès des entreprises qui travaillent pour une mode raisonnée et responsable, un secteur touché parmi tant d'autres par le Covid-19. A l'occasion de la sortie de son livre, l'autrice nous confie ses hypothèses sur ce que pourrait être la mode post-Coronavirus.

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L'épidémie de Coronavirus a créé une crise économique sans précédent, à l'origine de nombreuses fermetures d'enseignes et de services. Pour pallier cette catastrophe financière, les industries se retrouvent à établir des stratégies adaptées en termes de production et d'incitation à la consommation : c'est le cas du monde de la fast fashion. La rédactrice en chef du Vogue Business et spécialiste sur le sujet Dana Thomas a accepté de répondre à nos questions.

FemininBio : Dana, vous êtes journaliste de mode et menez des enquêtes sur la fast fashion et la mode durable. Comment s'est construite votre prise de conscience ?

Dana Thomas : Enfant des années 1970, élève de professeurs hippies et fille d'une femme qui tenait un jardin biologique, j'ai été sensibilisée très tôt à l'importance de l'écologie. Je suis devenue plus sensible au sort des travailleurs et travailleuses de la chaîne d'approvisionnement de la mode après l'effondrement de l'usine Rana Plaza au Bangladesh en 2013, qui a tué plus de 1000 personnes. Ma prise de conscience s'est faite simplement grâce au reportage - je suis avant tout journaliste, non seulement de la mode, mais de toutes les actualités. Être journaliste aiguise votre point de vue : vous voyez les choses plus clairement. Pour donner à ces vues une vie plus longue et plus de pouvoir, j'ai décidé de les mettre dans des livres. Fashionopolis (à paraître le 15 septembre aux éditions De Boeck Supérieur) est mon troisième.

Chez FemininBio nous mettons en lumière les marques de mode aux valeurs éthiques et durables. Quelles sont les méthodes, outre le recyclage des tissus, qui doivent être banalisées pour une mode plus responsable ? 

Nous devrions nous tourner davantage vers les matières naturelles : coton biologique, lin, soie de source responsable, indigo naturel pour nos jeans, laine. Les synthétiques sont terribles pour l'environnement. Les fibres naturelles se décomposent dans les décharges et les fibres organiques aident à régénérer le sol.

Nous devrions également produire moins, acheter moins. L'industrie de la mode produit substantiellement : sur les 100 milliards de vêtements fabriqués chaque année, seuls 80 milliards sont vendus ; 20 milliards sont jetés ou détruits avant d'être portés. De tels déchets drainent inutilement la planète d'éléments nutritifs du sol, de l'eau, des arbres... de tout.

Vous parlez notamment de "fabrication intelligente" dans votre livre, pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?

La fabrication intelligente, c'est du "sur commande." Des usines high-tech à la pointe de la technologie produisent ce qui est déjà commandé, il n'y a donc pas de surproduction et cela réduit considérablement les déchets.

Des marques de luxe ont réduit leur planning de sortie de collection avec le Coronavirus, afin de ralentir les productions. Est-ce une solution pérenne dans le cadre d'une mode plus raisonnée ?

Oui, je l'espère. Parce que les magasins ont été fermés pendant des mois en raison de la pandémie, et qu'il y a tellement de vêtements restants, les marques ont été obligées de repenser comment réduire le gaspillage. Il faut souvent un désastre économique pour pousser les entreprises à changer leurs pratiques commerciales inutiles. Parce qu'en fin de compte, ils veulent gagner de l'argent, et le gaspillage coûte de l'argent.

Pensez-vous que la mode peut se réinventer "grâce" à la crise du Coronavirus ?

Si les marques y réfléchissent, oui. Et ça devrait. Il fallait la réinventer - pour le bien de l'humanité et de la planète.

L'autrice

Dana Thomas est l'autrice de Fashionopolis paru aux éditions De Boeck Supérieur, Gods and Kings et le best-seller du New York Times Deluxe, How luxury losts its luster. Elle a commencé sa carrière en écrivant pour la section Style du Washington Post et, pendant quinze ans, elle a été correspondante culturelle et de mode pour Newsweek à Paris. Elle est actuellement rédactrice en chef de Vogue Business et contribue régulièrement à la section Style du New York Times.

 

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