1ère partie : les cosmétiques chimiques
Avant de commencer, quelques notions de toxicocinétique
Méconnue du grand public, la toxicocinétique est l’étude du devenir des produits toxiques une fois qu’ils sont entrés au contact de notre corps. Il s’agit d’un facteur déterminant en termes de toxicité. Voici quelques exemples pour l’illustrer :
- Les baies de sureau contiennent des substances toxiques, à savoir des lectines (apparentée à la ricine, un poison violent). Pourtant ces baies ne sont pas toxiques, car une fois ingérées, leurs lectines sont inactivées par les enzymes avant d’atteindre leur cible.
- Autre exemple, le paracétamol (Dafalgan, Doliprane) est un médicament plutôt bien toléré en dessous d’une certaine dose. Mais il est transformé dans le foie en un dérivé toxique (NAPQI), qui au delà d’une certaine dose devient un véritable poison hépatique, potentiellement mortel.
En ce qui concerne plus précisément les cosmétiques, deux facteurs toxicocinétiques vont intervenir dans leur toxicité :
- Leur passage transcutané : soit ils ne traversent pas la peau, soit ils la traversent et passent dans le sang, puis les organes et les tissus
- Leur transformation et leur élimination : une fois dans l’organisme, soit ils sont transformés et/ou conjugués (principalement au niveau du foie), puis éliminés de manière constante, ce qui évite toute accumulation, soit ils sont mal éliminés et persistent dans le corps à des concentrations croissantes. C’est sur ce deuxième point que les cosmétiques naturels présentent des avantages certains par rapport aux cosmétiques chimiques. En effet, le corps humain possède naturellement tout l’arsenal enzymatique pour éliminer leurs ingrédients, qui sont des constituants de la matière vivante très souvent issus de plantes comestibles. Les risques d’accumulation n’ont été que très rarement quantifiés, mais ils sont a priori extrêmement faibles aux doses présentes dans les cosmétiques.
Ce n’est pas le cas des ingrédients chimiques de synthèse. Ces « xénobiotiques », mal reconnus par les enzymes et autres systèmes de « nettoyage » de l’organisme, sont beaucoup plus difficilement éliminés. D’ailleurs, leur accumulation est avérée pour un certain nombre, soit au niveau de la peau et des cheveux (silicones), soit au niveau d’organes plus profonds (aluminium, parabènes de synthèse). Au final, ces substances en s’accumulant encrassent et polluent l’organisme, qui n’en a pas besoin, étant déjà « contaminé » par l’alimentation industrielle, les médicaments et les polluants chimiques.
Cosmétiques chimiques : un risque de toxicité aigue très faible
Soyons clairs, les ingrédients employés dans les cosmétiques chimiques ne sont jamais des « poisons » aux concentrations présentes dans les produits finis, même les plus toxiques, comme le formaldéhyde ou l’ammoniac. Ils n’entrainent pas de risque d’intoxication immédiate, hors réaction allergique, phénomène qui n’a rien à voir avec leur toxicité et qui propre à certains individus.
Au pire, on peut observer une irritation cutanée immédiate chez certaines personnes hyper-réactives* à tel ou tel ingrédient (alcool benzylique par exemple). De manière accidentelle, des cas d’irritation immédiate, voire de brûlures, sont parfois rapportés en cas de mésusage de cosmétiques agressifs (crèmes dépilatoires ou décolorantes, colorations chimiques), mal dosés par le fabriquant ou laissés en place trop longtemps par l’utilisateur.
En usage répété, c’est une autre histoire…
Un produit peut être anodin en termes de toxicité aigue, mais s’avérer sournoisement dangereux s’il est employé de manière répétitive, comme c’est le cas de la plupart des cosmétiques. C’est ce type de toxicité sur le long terme, « à bas bruit », que l’on attribue à certains constituants chimiques des cosmétiques.
Ces ingrédient, mis en lumière en 2005 par l’ouvrage de Rita Stiens « La vérité sur les cosmétiques », vous en avez toutes entendu parler : parabènes, sels d’aluminium, phénoxyéthanol, éthanolamines, BHT/BHA, EDTA, PPD et dérivés (teintures chimiques), formaldéhyde et précurseurs, ammoniac, résorcinol, etc. On leur reproche, en vrac, d’être des perturbateurs endocriniens, des agents mutagènes, cancérigènes ou pro-cancérigènes (facilitant l’action nocive des agents cancérigènes).
Leur toxicité repose notamment sur leur caractère très oxydant, générateur de radicaux libres. Beaucoup d’entre eux modifient le terrain (le fonctionnement profond de notre corps) en induisant la synthèse de certaines enzymes ou en altérant l’expression des hormones. Ils agissent, en ce sens, comme les traces de pesticides dans les aliments. D’autres agressent et déstabilisent la flore cutanée (microbes non pathogènes naturellement présents à la surface de la peau), qui joue un rôle protecteur essentiel.
Bref, vous l’aurez compris, c’est pratiquement mission impossible de trouver une formule de cosmétique chimique qui soit totalement « clean » au plan de la toxicité sur le long terme. Et ce d’autant plus que les fabricants se complaisent à additionner les ingrédients, proposant des formules aberrantes pouvant dépasser 50 constituants, la plupart étant inutiles à la peau (ils répondent uniquement à des contraintes de formulation industrielle).
De tels produits constituent un vrai casse-tête pour les toxicologues et allergologues.
Concrètement, quel est le risque pour la santé ?
Le risque est difficile à évaluer, puisqu’il s’agit d’une toxicité sournoise, qui entraine des modifications silencieuses et difficilement quantifiables du terrain. Néanmoins, ces anomalies viennent s’ajouter aux effets de l’alimentation industrielle (traces de pesticides, additifs, nutriments transformés) et des polluants environnementaux.
L’implication de cette intoxication chronique sournoise dans de nombreuses des maladies « de terrain » est depuis longtemps suspectée par les acteurs de la filière écologie/médecines douces. Or, elle est désormais de plus en plus admise par la science et les instances officielles, d’où la mise en place de règlementations contraignantes relatives aux substances chimiques (REACH notamment).
En effet, des preuves croissantes indiquent que la pollution de l’organisme contribue, chez les plus jeunes, à l’augmentation de l’incidence d’obésité, de problèmes de fertilité, d’allergies, de maladies auto-immunes, voire de troubles du comportement.
Au fil du temps, l’âge avançant, elle contribue aux troubles cardio-vasculaires, au cancer et aux maladie dégénératives ou neurodégénératives. Un grand nombre de maladies qui étaient inconnues ou rarissimes il y a seulement quelques décennies (Alzheimer, fibromyalgie, sclérose en plaque, hyperactivité de l’enfant, certains types de cancers…) sont attribuables à la « pollution » chimique et électro-magnétique du corps.
Bien entendu, on ne dispose pas d’enquêtes évaluant de manière chiffrée la contribution des cosmétiques à cette situation, mais certaines études attestent que les ingrédients cosmétiques y participent.
Les cosmétiques chimiques sont des poisons ? OUI et NON
Le terme est trop fort pour la plupart d’entre eux. Mais il convient à certaines familles comme les colorations chimiques (d’ailleurs beaucoup de ménage a déjà été fait par les laboratoires pour retirer les ingrédients plus toxiques de la fabrication).
Les cosmétiques chimiques sont bons pour la peau et les cheveux ?
NON, la réponse est sans appel. Ils les encrassent, les polluent, les irritent, les déstabilisent, voire les abîment sur le long terme. C’est très visible pour les cheveux colorés. Ca l’est un peu moins pour la peau, sauf pour les yeux de lynx et pour les dermatologues qui reçoivent des patients souffrant d’eczéma du aux cosmétiques.
Les cosmétiques chimiques participent à la pollution du corps ?
OUI. Et là encore, la réponse est claire.
* : l’hyper-réactivité n’est pas une réaction allergique. Elle se manifeste chez des personnes qui sont plus sensibles que les autres au caractère irritant ou toxique de certaines molécules, et qui réagissent à des concentrations normalement considérées comme bien tolérées.