Aujourd’hui je tente une nouvelle expérience, je vais (essayer de) me relaxer par flottaison. Si si ! Le concept a été inventé en 1954 par le neuroscientifique John Lily : il s’agit de s’immerger dans de l’eau additionnée de sulfate de magnésium, plus communément appelé sel d’Epsom, qui est connu pour libérer les tensions articulaires et musculaires, soulager le corps et relaxer. La concentration de sel d’Epsom dans l’eau est telle qu’un corps immergé y flotte naturellement. L’effet recherché (et a priori garanti) est la détente physique et mentale. Le concept est plaisant, ça donne envie d’essayer !
Me voilà arrivée devant la porte cochère du centre de flottaison Meïsō. Maïté, la co-fondatrice, m’accueille avec un large sourire et me guide jusqu’au fond de la cour. J’entre dans un petit havre de paix ; un jardin intérieur, un tapis de mousse, des plantes grasses qui pendent aux murs, un arbre majestueux, des planches de bois blanc au sol. À droite, j’aperçois une mezzanine en bois pour se relaxer et se reposer. On se croirait dans un bateau. Je saurai plus tard qu’il s’agit d’un ancien entrepôt à l’abandon depuis des années que Maïté et son coéquipier Alexandre ont retapé en 9 mois. Car oui, ces deux passionnés ont tout fait, tout construit, de leurs mains. Même le bassin ! Ils ont été aidés par Florent, nouveau coéquipier, qui a créé tout le système de pilotage de ce lieu magique.
Bienvenue dans un cocon
J’ôte mes chaussures et glisse aux pieds les chaussons que l’on me tend. On m’offre une délicieuse infusion au romarin. Le temps que le bassin se libère, Maïté et Alexandre m’expliquent le concept et le déroulement de la séance. J’en profite pour poser quelques questions, mais je laisse tout de même quelque interrogations en suspens – j’ai aussi envie d’être surprise !
Le cocon est libre, on me mène au sous-sol, vers la cabine. Sur mon chemin, je croise la précédente flotteuse qui vient d’en sortir. Cheveux mouillés, sourire béat, yeux qui reflètent la sérénité ; me voilà de plus en plus curieuse. Alexandre m’explique les derniers détails avant de me laisser. La porte s’ouvre, une vague de chaleur m’étreint, une douce lumière bleue m’accueille. J’ai l’impression de rentrer dans une navette spatiale. Me voilà seule avec moi-même pendant une heure.
La cabine a un style épuré, ambiance zen, japonisante. Tout de bois, de blanc, de sobriété et de pureté : un Onsen traditionnel en plein cœur de Paris. Tout est pensé pour notre bien-être : shampoing, savon, serviettes, crème, douche sont à notre disposition… Le temps de me déshabiller et de prendre ma douche, et me voilà dans l’eau. Ou devrais-je dire sur l’eau. Car oui je flotte, sans effort, sans contorsion, tout simplement je flotte. Ma peau est légèrement huilée, ma main glisse facilement sur mon corps. Je passe quelques minutes à bouger bras et jambes. Le bassin fait 2.40 mètres de diamètre, je peux tournoyer, faire des mouvements sans toucher le bord.
Une heure dans l'eau
Je me sens comme sur un matelas à mémoire de forme. J’ai furieusement envie de me retourner sur mon oreiller, mais les quelques 700 kilos de sel d’Epsom contenus dans le bain m’en dissuadent rapidement – attention au sel dans les yeux ! D’ailleurs, des bouchons d’oreilles sont à disposition et Maïté et Alexandre conseillent aux femmes qui ont les muqueuses sensibles de porter un bas de maillot de bain.
Allez, je peux vous l’avouer maintenant, ma première pensée au tout début de cette aventure a été : « une heure à flotter dans l’eau sans bouger ? Je vais être frigorifiée ! ». Et bien je peux vous dire que j’ai eu chaud. Bien chaud. Et je suis frileuse. Bien frileuse. La température est réglée sur celle de notre corps, soit 36.5°. Avis aux mains et pieds toujours gelés, aucune appréhension à avoir de ce côté !
Pendant ces premiers temps d’apprentissage, je profite d’une ambiance sonore et musicale pendant une vingtaine de minutes. J’ai choisi une méditation guidée axée sur la créativité. Une douce voix féminine me promène à travers mes cinq sens. Je me laisse guider.
Et puis plus rien. Le son s’arrête, les lumières s’éteignent. Je flotte, je lévite. Je me sens comme dans un cocon enveloppant. Drôle de sensation d’apesanteur et d’ancrage tout à la fois.
Plongée dans le silence
Le silence qui m’environne est tellement…assourdissant. Je n’en finis pas de l’écouter. Quel délice de tendre l’oreille et de ne rien entendre. Mon corps est lourd, à la fois immobile et vivant. Je sens chaque partie de mon corps. Je peux consciemment décider de relaxer chaque membre, mais la détente s’opère ensuite toute seule. Parfois un membre se rappelle à moi. Puis la sensation s’évanouit. Je vis l’action du sel d’Epsom dans l’instant.
Je ne suis plus là, je suis partie. En fait non, je suis là, et profondément là. Perte de repères totale. Heureuse sensation de lâcher prise.
Les lumières se rallument, lentement. Quoi, déjà ? Je reprends lentement possession de mon corps et de mes ressentis. Je m’extirpe de l’eau accueillante. Le bain se met à tourbillonner. L’eau est en train d’être lavée et recyclée. Je jette un bol de sel d’Epsom dans le bassin, je redonne symboliquement à l’eau la part de sel absorbée par mon corps.
Remettre les pieds sur terre
Après la douche, je suis comme shootée. Délicieusement désorientée. Je me pose un instant sur un banc dans le couloir. Alexandre, qui me récupère un peu perdue, affiche un petit sourire : « Alors, c’était comment ? ». J’ai plein de choses à lui dire, plein d’images qui me viennent, mais rien ne sort. Ah si : « je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est ? »... Décidément, perte de repères et lâcher prise complets ! Alexandre a sa tablette à la main, et me montre certains réglages. C’est lui, le grand alchimiste, qui commande tout depuis sa tablette… le son, la température, la couleur, le nettoyage… aucun aspect technique n’est laissé au hasard, et la qualité de la prestation est contrôlée minutieusement. Je me rappelle que ces deux là ont tout fait de leurs quatre mains, et je reste épatée par l’alliance entre le do it yourself et la technologie de pointe.
Après quelques échanges, je me sens prête à retourner dans le monde réel. Je franchis la porte qui sépare la cour de la rue. Le quartier est animé, mais ni le bruit ni le ballet des voitures ne m’atteignent. J’ai les cheveux mouillés et je sais pertinemment que j’ai un sourire très (très) niais aux lèvres. La vie est belle. Je vais bien dormir ce soir.
L’Oasis Barbès - Centre de Flottaison
51 boulevard de la chapelle
75010 Paris
Sur rendez vous
www.meiso.fr