Je ne m'épanouissais pas après 15 ans en entreprise
"Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter. Du chaos naissent des étoiles". (Kim Mc Millen)
Rien ne va plus, refaites vos vœux ! Ma vie professionnelle, et personnelle, ressemblait à une roulette de casino à laquelle je perdais souvent. C’était en 2005, je venais de quitter deux sociétés en l’espace de 6 mois. Force est de constater que je ne m’épanouissais pas en entreprise. Après 15 ans de bons et loyaux services, je ne me sentais pas à ma place, à la fois à l’étroit et incomprise. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de faire un break pour voir plus clair. J’avais de l’expérience, un bilan de compétence et un master tout frais en poche, il fallait que je prenne le temps de la réflexion avant de décider de mon avenir.
Créer mon job
Le déclic se résume en une phrase que j'avais lue quelques mois plus tôt dans Changements de Paul Watzlawick : "Le vrai changement est hors du cadre". J’ai réalisé qu’en changeant de poste, de service et même d’entreprise (secteur, marché, taille...), cela ne modifiait en rien la structure du problème - ce sentiment d’inadaptation que je connaissais depuis l’école - et que je ne faisais que le reproduire et le déplacer.
Or, le vrai changement est dans la modification de la structure : je devais changer ma façon d’envisager mon avenir professionnel et donc de travailler. Je venais de comprendre que la solution était de créer mon job et d’être à mon compte. À partir de ce postulat il m’a fallu déterminer le quoi et le comment.
La liste de mes envies
"Je marche lentement mais je ne fais jamais demi-tour". (Abraham Lincoln)
J’ai commencé par dresser la liste de tous mes centres d’intérêts. Il était pour moi évident que la solution résidait dans la conciliation entre mes passions, talents naturels et réussite professionnelle. De cette liste j’ai éliminé ceux qui étaient compliqués, trop longs ou tout simplement avec peu de débouchés pour en faire mon nouveau job rapidement. Car, oui, sans travail et élevant seule un enfant, il fallait contourner la contrainte matérielle.
Je me souviens qu’aux réunions des demandeurs d’emplois qui avaient des velléités d’entrepreunariat, j’étais toujours la seule dans cette situation. Tous avaient un conjoint - ou sinon c'étaient de jeunes célibataires sans enfant n’engageant qu’eux-mêmes - sur lequel compter les premiers mois pour monter leur projet.
Je me souviens m’être traitée de folle et d’irresponsable mais au fond et avec le recul, je me sentais libre. Cette liberté, je l’ai acquise le jour où j’ai cessé d’avoir peur du lendemain, de manquer, du regard des autres et de moi-même.
Après moult hésitations et autant de business plans, j’ai opté pour le projet de "consultante bien-être", de praticienne en massage holistique et experte Feng Shui, avec pour objectif d’être à terme à la tête d’un centre de bien-être. J’ai dû repasser par la case formations, stages etc. mais quand on a trouvé sa voie, les obstacles disparaissent - y compris financiers.
Cela a demandé plus de temps que je ne l’imaginais. J’ai dû retourner travailler provisoirement pour pouvoir financer mon entreprise et me donner le temps de me constituer un début de réseau dans ce milieu qui m’était totalement inconnu quelques mois auparavant.
Début 2007, soit 2 ans après le déclic, j’étais inscrite à l’URSSAF, j’avais constitué une clientèle, 2 blogs, trouvé 3 partenaires, 500 personnes allaient recevoir ma première newsletter et j'avais fait de merveilleuses rencontres.
La situation aujourd’hui
"Le succès, c'est d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme". (Winston Churchill)
J’ai réussi mais j’ai aussi échoué. Le chemin a été semé d’embûches. Je me suis éloignée, voire perdue en cours de route. J’ai dû prendre des petits boulots et missions d’intérim dans les moments les moins fastes mais aujourd’hui, après 7 ans de lente construction, je suis directrice d’un espace de bien-être d’une marque connue de cosmétiques naturels et bio. Un poste salarié qui s’est présenté presque sur un plateau à un moment stratégique de ma vie.
Le plus important est de tenter sa chance
"Fixe-toi un but et oublie-le". (Proverbe japonais)
Quand on est en accord avec soi et avec ce que l’on accomplit, les choses deviennent simples, fluides, et on a l’assurance d’aller loin et même au-delà du but que l’on s’est fixé. Inutile de se mesurer à l’imagination dont dispose la vie, on ne lui arrivera pas à la cheville. Se laisser porter par elle, c’est ne plus la subir !
J’aimerais dire à tous ceux qui veulent changer de vie que le plus important est de tenter sa chance et non de gagner sa place sur la liste des grandes success stories. Ma réussite n’est pas de celles qui font la couverture de magazines de business ; je n’ai pas créé d’empire et je suis toujours mondialement inconnue.
Ma réussite est intime et personnelle. Je navigue à l'envie, j'avance au coup de cœur dans le seul objectif d’être heureuse. Cela est dans mon tempérament, c’est ma vraie nature et il est important pour moi de l’avoir découverte. Ce bonheur, je l’ai trouvé dans mon épanouissement, ce sentiment d’immense plénitude quand j’ai enfin réalisé que j’étais à ma place.
> Retrouvez cette interview et une expérience de lecture optimisée avec votre magazine FemininBio de janvier 2014 sur iPad