FB : Dominique Eraud, vous vivez au 7ème étage d'un appartement parisien à deux pas de la Madeleine et vous avez créé un vrai petit "jardin d'eden BIO “sur les toits :comment et quand est venue cette idée ?
DE : J’ai toujours eu des terrasses en ville et je suis passionnée par l’écologie depuis longtemps. Donc je faisais au mieux. Et à l’occasion d’un déménagement récent, j’ai eu l’envie de faire encore mieux, avec une empreinte écologique zéro et l’idée d’autonomie alimentaire : nous serons amenés à être de plus en plus nombreux à vivre en ville. Il est donc essentiel d'aménager toits et balcons. Et pourquoi pas un prototype qu’on pourrait visiter. L'idée a donc été de réaliser une terrasse "à manger" avec peu de fleurs "que pour des fleurs" : celles des arbres fruitiers ou des légumes sont ravissantes.
Puis, il y a eu une très belle rencontre : Gilles Clément lors d’un voyage au Maroc avec une ONG. Il a encouragé mon projet et m’a conseillé un ami et confrère parisien, Camille muller. Ils partagent leurs bureaux, car Gilles vient très peu souvent à Paris. Il a fallu tout inventer car c’était une première pour lui (les jardins écologiques dans le monde entier il connaissait, mais sur une terrasse).
Quelle est la taille du jardin potager ?
Environ 60 m2, en comptant tout le "verger" : amandier, abricotier, pommiers, framboisiers, vignes et poiriers.
Que faites-vous pousser ?
Haricots verts et blancs, tomates, salades, radis, betteraves, épinards, carottes, fraises, mûres, des plantes médicinales. Si possible des variétés anciennes, mélangées à des fleurs comme l’euphorbe de Virginie et des capucines, qui limitent presque totalement la venue des insectes.
Quelles sont les clés du succès ?
S’entourer de gens compétents en écologie. Les matériaux des bacs : que du zinc recyclé et du bois non traité. Tout a été pensé pour n’utiliser que l’eau de pluie avec juste un arrosage automatique parcimonieux en consommation d'eau. Nous avons monté des panneaux solaires qui permettent l’éclairage et le fonctionnement d’une fontaine dans un bassin d’eau avec des jacinthes qui épurent naturellement l’eau. Enfin, nous n'utilisons que des produits bio comme le purin d’ortie, l’huile de neem ou le sang de boeuf desséché, pour nourrir la terre. Et bien sûr un compost !
Combien de temps y consacrez-vous ?
Je fais un tour tous les matins pour le plaisir et pour cueillir les fruits et légumes "mûrs". Pour l’entretien c'est environ deux heures par semaine : sécateur, petite bêche et fil de raphia pour faire tenir les plantes grimpantes. Pour la taille des arbres, Camille, ou un de ses associés, vient deux fois par an : ils sont très heureux de voir grandir ce jardin qu’ils ont créé.
Ou avez-vous acheté vos graines ?
Des producteurs des environs que connaissent Camille et son équipe, et la ferme Sainte Marthe à Millançay.
Le budget est-il important ?
Tout à fait raisonnable puisqu’on mange sa production… quel plaisir ! et que c’est bon !
Pensez-vous installer une ruche ?
Oui c’est mon prochain projet. Il y en a beaucoup dans Paris, aussi bien dans les jardins que sur les toits (dont les célèbres ruches sur le toit de l’Opéra et du Grand Palais) aussi bien privées que publiques. Il faut pour cela suivre un week-end d’initiation que proposent plusieurs associations.
Les abeilles se plaisent-elles à Paris ?
Oui, j’en ai déjà beaucoup sur ma terrasse ! Et le miel de Paris est labellisé bio car presque tous les jardins publics de Paris ont le label Ecocert.
Quels conseils donneriez vous à un débutant ?
D’abord se renseigner et lire. Par exemple la ferme Sainte Marthe a une newsletter et toute une documentation facile d’accès. Mes conseils : le bon choix de la terre et des légumes en fonction de l’orientation de la terrasse.
Puis, il faut acheter de quoi faire un potager, en bois par exemple. Et surtout avoir envie de faire une expérience magnifique ! Et comme disait Gandhi "l'exemple n'est pas le meilleur moyen de convaincre, c'est le seul".
Pour aller plus loin : le livre de Camille Muller "Les mains dans la terre" ed. Ulmer (sortie le 11 octobre).
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