Le bazar de la charité, à voir sur TF1 le lundi soir à partir du 18 novembre 2019.
Cet article a été publié dans le magazine FemininBio #25 octobre-novembre 2019
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Elle fait partie de ceux qui ne passent pas inaperçus. Et si sa crinière de feu y est pour beaucoup, c’est l’énergie solaire d’Audrey Fleurot qui parle avant même qu’elle ne commence à répondre à nos questions. Celle qui se destinait au théâtre se fait caméléon, traversant les époques et les genres avec une passion toujours intacte. Lumineuse et nourrie par le mouvement permanent, l’hyperactive qui aimerait être zen a fait de sa personnalité une force. Quant à notre fil rouge, "Lumière", thématique de ce numéro, voilà qui lui parle particulièrement. Elle nous avoue constater à quel point le manque de lumière agit sur son moral et son humeur, et que l’âge avançant elle sent de plus en plus qu’elle se "recharge" au soleil. De quoi installer d’emblée un échange simple et vrai.
FemininBio : vous serez bientôt à l’affiche de la nouvelle série de TF1, Le bazar de la charité, une fiction historique qui se déroule à la fin du XIXe siècle. Un voyage temporel encore plus lointain qu’avec Un village français. Comment abordez-vous ce nouveau rôle ?
Audrey Fleurot : je suis ravie, car j’adore les grandes épopées et les fresques historiques, et j’avoue avoir été un peu en deuil à la fin de Un village français ! Selon moi il est toujours plus facile de construire un personnage avec un costume d’époque car il se situe tout de suite très loin de nous. Quand vous faites du contemporain, en jean et tee-shirt, il est moins évident de s’extraire soi-même du personnage.
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Le costume aide vraiment à se prendre au sérieux, à se raconter des histoires sur ce personnage. Et puis vous ne vous tenez pas de la même façon avec un corset ! Prendre de la distance avec votre personnage, c’est donc important pour vous ? Oui, je trouve que je m’autorise plus de choses quand les personnages sont loin de moi. J’aime bien me regarder dans la glace et ne pas me reconnaître. J’ai un rapport très ludique au jeu d’acteur, très enfantin, de l’ordre du déguisement, du "on dirait que j’étais un indien ou un cow-boy ?" Cela crée une distance immédiate, qui est aussi liée à l’époque à laquelle se déroule l’intrigue.
Est-ce que votre personnage, Adrienne de Lenverpré, une femme libre, indépendante et sans peur, vous ressemble ?
Ce qui m’a tout de suite plu dans le personnage d’Adrienne, c’est son côté féministe avant l’heure. Un mariage d’amour qui a mal tourné, une femme forte qui aimerait divorcer à une époque où c’est inconcevable, qui a un amant et veut s’enfuir avec sa fille... Elle est très libre-pensante à une époque où les femmes sont totalement définies en fonction de leur mari. C’est une grande bourgeoise qui décide à un moment de tout envoyer balader pour refaire sa vie, en profitant de l’incendie pour se faire passer pour morte, et qui démarre une nouvelle vie dans la clandestinité totale. À travers les trois personnages féminins, le message de cette série sur l’émancipation des femmes est fort, et il est intéressant de faire des ponts avec l’époque actuelle.
Vous définissez-vous comme féministe ?
Je suis une féministe un peu innée, car je fais partie d’une génération qui ne s’est pas posée de questions à ce sujet. On l’est car on a bénéficié de tous les combats et cela se pose comme une évidence. Nous sommes dans des rapports hommes-femmes qui ne sont tellement plus ceux de nos parents et grands-parents. Le fait qu’il n’y ait plus de tâches attitrées en fonction du genre, par exemple, est quelque chose qui va vraiment de soi aujourd’hui. Je ne sais pas coudre ni cuisiner ou m’occuper des plantes, et je ne me suis jamais dit que les lessives ou le ménage étaient pour moi. Je n’ai jamais souffert de cela car je suis aussi attirée par des hommes qui ont totalement dépassé ces considérations.
Vous dites pourtant que votre "métier est très dur, surtout envers les femmes"...
Oui, évidemment, mais c’est le cas dans tous les métiers. Tout est plus compliqué lorsqu’on est une femme. J’ai eu un garçon et ça m’a soulagée, car il aura beaucoup moins de poids à porter. Moins de pression sur le physique par exemple. Dans le milieu du cinéma, on se moque de celles qui font de la chirurgie mais on ne leur donne pas de rôle ! Heureusement, c’est en train de changer un peu, notamment parce que de plus en plus de femmes accèdent à des postes de direction ou de réalisation dans le milieu de l’audiovisuel.
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De votre côté vous tournez de plus en plus ces derniers temps, c’est pourtant vers le théâtre que vous dirigiez votre carrière au départ...
Pendant dix ans je n’ai fait que du théâtre. Depuis très jeune, j’ai tout mis en place pour pouvoir pratiquer. J’ai suivi un cursus ultra classique de conservatoire, j’étais sur les routes et très peu chez moi car je faisais deux créations par an, une tournée, etc. Puis j’ai eu envie de me poser, et j’ai commencé à tourner tout de suite dans des rôles très engageants comme Kaamelott, Engrenages, et c’était du coup compliqué de continuer à mener les deux de front. J’ai dû ralentir au théâtre mais l’an prochain je joue dans deux pièces et je m’en réjouis. C’est ma formation, et cela reste ce que je préfère.
Qu’est-ce qui a déclenché votre vocation, enfant ?
Je viens d’un milieu pas du tout connecté au cinéma. Mon papa était pompier de Paris, à l’époque où il y avait des pompiers de garde, notamment à la Comédie française. Un soir, il m’a emmenée avec lui et, entre scène et coulisses, j’ai eu une révélation depuis le strapontin du pompier de service. C’était ce que je voulais faire. Je dois donc ma vocation à mon papa, qui n’était pourtant pas particulièrement féru de théâtre !
Et comment vos parents vous ont-ils accompagnée sur ce chemin qui n’était pas le leur ?
Les pauvres, ils étaient terrorisés ! Ils n’avaient aucune connexion avec ce milieu et je me souviens qu’ils allaient voir ma professeure du conservatoire d’arrondissement pour savoir si j’avais une chance de faire quelque chose de toute ma motivation. Je crois que j’ai aussi bénéficié de leur frustration respective d’avoir l’un et l’autre été brimés dans leur vocation, et donc de leur volonté de ne pas reproduire cela. Malgré leurs appréhensions, ils m’ont toujours soutenue et quand j’ai eu l'École de la Rue Blanche, un concours très difficile avec peu d’élus, ils ont été rassurés. Je leur suis très reconnaissante.
On vous parle constamment de votre couleur de cheveux. Le fait d’être rousse influence-t-il votre carrière ?
Eh bien je pense que oui, car c’est une couleur très marquante qui fut d’ailleurs assez rédhibitoire en début de carrière. Je passais des castings pour des petits rôles, car on en a tous besoin pour faire ses armes, et je n’étais jamais retenue. Au-delà du fait que j’étais, je pense, assez nulle dans cet exercice très déstabilisant, j’ai obtenu mes premiers rôles grâce à des réalisateurs qui sont venus me voir au théâtre.
On m’a d’ailleurs de nombreuses fois demandé si j’accepterais de me teindre les cheveux pour un rôle, et je trouve cela assez fou car c’est quelque chose qu’on ne demanderait à aucune actrice, comme si c’était une revendication. Ceci dit c’est un peu le cas, car comme tous les roux j’ai souffert de cette différence dans l’enfance. Alors quand on réussit à en faire quelque chose, à accepter qu’on ne passera pas inaperçu, on en fait une force. La rousseur est une caractéristique qui forge le caractère, et je me suis construite avec toute la singularité et la difficulté liées à cela.
Au cœur de vos nombreux projets, quelle place occupe votre vie de maman ?
J’essaie d’emmener mon fils au maximum en tournage. À 3 ans et demi il va désormais à l’école, donc c’est un peu moins simple, mais il est habitué à être "tout terrain". En tant que féministe je pense aussi que tout ne repose pas sur la mère. Il a un père, des grands-parents, et chacun lui apporte des choses différentes. J’essaie de ne pas me sentir trop coupable quand je ne suis pas là pendant une semaine. Évidemment, il me manque, mais je crois qu’il n’est pas malheureux. Je pense que les enfants sont très malléables et qu’on nous a imposé une structure familiale qui n’a pas que du positif. S’ils ne sont pas délaissés, ils sont heureux quand les parents le sont.
Vous sentez-vous concernée par les changements, tant sur un plan humain que climatique, auquel notre monde est confronté ?
C’est évident que je me sens concernée, très préoccupée même, voire consternée. Mais que faire ? Où aller ? Je me sens à un endroit de déprime à ce sujet, sur ce que je lis, ce que je vois… Tout en sachant que ce que je fais est une goutte d’eau dans un océan. Ma contribution reste très légère, entre tri sélectif et compost, avec ma trottinette et ma voiture électrique. Évidemment je sens que le problème est beaucoup plus vaste et qu’il y a notamment un gros travail à faire sur la génération à venir, et je m’y attelle avec mon enfant. Il souffre d’asthme depuis sa naissance et j’ai tout essayé en médecines alternatives. Je sais que je ne lui rends pas service en vivant dans une ville ultra polluée. De mon côté je suis devenue très allergique. Du jour au lendemain je n’ai plus pu mettre la moindre crème ou le moindre produit sur ma peau. Si l’occasion se présente, je n’hésiterai pas à donner de la voix pour les causes environnementales.
Retrouvez Audrey Fleurot aux côtés de Julie de Bona et Camille Lou dans la mini-série événement Le bazar de la charité, à découvrir prochainement sur TF1.
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