Cet article a été publié dans le magazine #32 janvier-février 2021
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Aujourd’hui, quand je regarde mon corps, je lis mon histoire et je l’aime. J’avais 25 ans pour mon premier tatouage. Je rentrais d’une mission d’éco-volontariat au Congo après plusieurs mois difficiles dans la jungle. Je sentais le besoin d’ancrer symboliquement dans ma chair ce que je venais de vivre. J’entamais, sans en avoir conscience encore, le début d’un processus de guérison de mon corps.
Il y a d’autres souvenirs de voyages plus joyeux tels que mes trente ans à New York, qui se rappellent à moi sur ma cheville gauche. La liberté sentie à explorer cette ville de jour comme de nuit jusqu’à croiser le chemin d’un tatoueur new-yorkais. Je me souviens, les premiers temps, de la difficulté d’assumer les regards et le jugement des autres quand arrivaient avec les beaux jours les tenues d’été.
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Puis il y eu ma première grosse pièce, qui est venue orner la totalité de ma cuisse droite. Je sentais le besoin d’un attrape-rêve avec différentes jolies plumes d’oiseaux en couleur, comme pour contrecarrer mes nuits emplies de cauchemars. Ce fut mon tatouage le plus douloureux à ce jour mais je n’ai jamais refait de terreurs nocturnes depuis. Jamais. Alors j’ai commencé à m’interroger sur les possibilités thérapeutiques du tatouage. Après tout, le tatouage est un art primitif. J’ai continué ainsi à m’autoriser à ancrer les évènements de ma vie, heureux ou transformateurs. Ne dit-on pas que le tatouage est addictif ? Plus mon corps est dessiné, plus je le sens libre et heureux.
Avec ma merveilleuse amie tatoueuse Philippine Schaefer, je me suis sentie un jour prête à couvrir mes bras de fleurs et d’animaux. Des coquelicots rouge vif au milieu d’un serpent et d’une lune. Puis un champ de fleurs sauvages sur l’autre bras où vole un condor avec, au-dessus, les mains jointes de mon fils et moi symbolisant la force et l’amour qui nous unit.
Je me sens pleinement libre d’exprimer ma créativité, libre des conventions et des normes sociétales. À ce jour 16 tatouages racontent la femme que je suis, des œuvres ouvertes au monde et des plus intimes, gardiennes de mes secrets. Le dernier fut un petit mot que mon âme m’a chuchoté durant le confinement. Sur l’index il m’accompagne et me montre la direction.
Liberté je te chéris.
L'auteure :
Gaëlle Bertruc est sophrologue et florathérapeute, autrice et accompagnante du féminin. Son site: Gaëlle Bertruc